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Critique de JIEMDE


JIEMDE
15 septembre 2019
On croyait avoir découvert tous les auteurs que François Guerif avait planqué dans ses valises lors de son transfert depuis Rivages vers Gallmeister : raté, on n'avait pas encore vu Mark Haskell Smith, MHS pour les intimes. Son Coup de vent -traduit par Julien Guerif- fait souffler un vent de fraîcheur déjantée sur cette rentrée littéraire.

Dans un emballage assez classique de cavale à toute berzingue après un casse réussi, MHS nous refait le coup du gentil méchant casseur aux sacs remplis de millions de dollars, poursuivi à travers les Caraïbes par quelques hommes de mains prêts à tout pour les récupérer. Sauf que comme dans les émissions de cuisine TV branchouille, il nous revisite le genre. Et là, ça décoiffe ! Car MHS a pris un malin plaisir à prendre le contrepied des codes du genre.

Le fuyard ? Bryan LeBlanc, trader de Wall-Street, starisé pour avoir fait tellement gagner d'argent au système qu'il en connaît toutes les failles et qu'il se dit C'est à mon tour. Ceux qui le coursent ? Celle d'abord : Seo Yun Kim, elle fut sa supérieure un peu passive et son avenir pro dépendra de sa capacité à faire revenir la cash, aidée de Neal Nathanson, l'homme des affaires spéciales de la banque lésée.

L'un se remet doucement d'un largage récent, l'autre prépare son mariage à reculons. Mais à ceux qui seraient tentés de miser un nickel sur le rapprochement de Seo et Neal, mauvaise pioche : il est aussi gay qu'elle redécouvre au cours de ce voyage les délices d'une sexualité débridée pratiquée avec Piet, un nain dont la petite taille ne limite en rien les prouesses de toutes natures.

Tout cela va à 100 à l'heure, rythmé par des dialogues drôles, crus, directs, cyniques, bref, efficaces. Bien sûr, l'ensemble est parcouru d'une toile de fond un brin moralisatrice, sur ce modèle financier spéculatif qui ne produit rien, si ce n'est des traders no-life ; sur cette société qui verse des fortunes en sponsoring et se pâme devant les pseudos exploits d'une jeune et jolie navigatrice qui même seule au milieu de l'océan, subit la pression du système ; sur ces êtres tous plus solitaires les uns que les autres, un instant tentés de quitter leur confort pour retrouver un peu de sens.

Mais Mark Haskell Smith est suffisamment doué pour nous diluer ces quelques gouttes de morale dans un immense shoot de délirium violent, drôle et sexué. Et on en redemande, vite !
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