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Critique de jmb33320


J'ai mis une éternité à me décider à commencer ce livre, ce qui est inexplicable puisque l'adolescent que j'étais dans les années 70 passait en boucle sur son tourne-disque « Horses » puis « Easter ». Je ne comprenais pas toutes les paroles mais je recevais 5 sur 5 les grandes envolées lyriques de Patti, sur fond de rock'n'roll affuté. Personnellement, il m'arrive encore de les réécouter avec beaucoup de plaisir. Ils sont intemporels (« Radio Ethiopia » et « Wave » me semblent moins indispensables).

Je savais que Patti Smith avait été proche du photographe et artiste Robert Mapplethorpe, mais j'ignorais à quel point leur relation avait été fusionnelle. Ils ont été amants quelques années mais surtout totalement inséparables depuis leur rencontre dans le New-York de la fin des années 1960 jusqu'à la mort de Robert Mapplethorpe, du SIDA, en 1989.

C'est donc un livre de mémoires, avant tout. Loin de la sécheresse de certains ouvrages de ce genre, Patti Smith a su donner un ton très juste, élégiaque, à son livre. Des photographies s'intercalent dans le texte, le plus souvent des portraits d'eux, ensemble ou séparés, pendant ces années de bohème. Ils ont souffert de la faim, du froid mais ont tenu bon dans leur volonté de vivre pour l'art. Patti Smith a toujours eu des emplois plus ou moins réguliers, souvent dans des librairies, qui leur assuraient à tous deux de quoi payer une petite chambre au Chelsea Hotel. Puis de louer un atelier commun.

Leur rêve était d'approcher Andy Warhol et son cercle, ce qui ne se produira pas vraiment, même lorsqu'ils commencent à être connus dans ce petit monde de l'underground new-yorkais du début des années 1970. Patti deviendra une rockeuse presque par hasard. Elle aimait la scène mais ses expériences au théâtre lui semblaient trop réductrices. Elle était probablement trop libre pour se contenter d'incarner un personnage aux contours bien définis. Ses poésies, elle les donnait en public, ce qui, selon elle, lui avait donné une grande expérience de la répartie et procuré du plaisir.

On rencontrera dans ces pages d'autres figures essentielles de cette époque et de ce lieu. Mais ce n'est pas un catalogue. Patti Smith n'a jamais perdu de vue que ce livre était avant tout un hommage à Robert Mapplethorpe. Même sa carrière de rock-star est à peine abordée. Il ne faudrait pas s'attendre à de longs développements sur la genèse des albums les plus marquants du Patti Smith Group, qui sont survolés.

La question que je me suis posé en terminant ce livre, était « à quoi bon ? ». Si le prix à payer pour être artiste est si élevé, en termes de souffrances, d'addictions, d'épreuves de toutes sortes, pourquoi se l'infliger ? Il est vrai que ces deux-là pouvaient absolument compter l'un sur l'autre, ce qui leur a probablement permis de tenir bon, contre vents et marées. Patti Smith a eu la sagesse de mettre un terme brutal à sa carrière des années 1970, après « Wave », pour s'installer à l'écart de New-York avec Fred Sonic Smith et se consacrer à leur vie de famille.

Patti Smith, faut-il le rappeler, est poète. Elle est aussi, avec ces mémoires, une écrivaine sensible et grave.
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