A Memoir of Hope

+++++ MÉMOIRES D'ESPOIR +++++


En Français, le jeu de mots en Anglais entre le prénom de l'auteure et le titre de son autobiographie se perd évidemment : deux fois "Hope" ou "Espoir" ! Un prénom qui existe aussi en Russe : Nadejda, avec la même signification, et son diminutif, Nadia.
En cette saison de folie du football, grâce au mondial de Moscou, pour rester dans cette atmosphère bien spécifique, à qui mieux accorder la parole qu'au numéro 1 du football américain féminin : Hope Solo ?
Le livre n'a donc strictement rien à voir avec "Mémoires d'Espoir", le chef-d'oeuvre du général Charles de Gaulle.
C'est mon esprit de justice et d'équilibre qui m'a poussé à lire ce livre, car à la télé, nous avons pu admirer une multitude d'hommes à Moscou, mais pas de femmes, à part quelques flashes de dames VIP dans la tribune officielle à côté du châtelain Dmitri Medvedev, accessoirement Président du gouvernement russe. Son chef immédiat, Vladimir Poutine, était tellement occupé que le pauvre n'a pu se libérer qu'uniquement lorsque son équipe à joué contre celle de l'Arabie saoudite et était pratiquement sûr de gagner. Donc, Hope Solo, d'outre-Atlantique, se trouve ici à cause de son maillot qui affiche un splendide chiffre 1, comme la gardienne de but de l'équipe de football des États-Unis.

La gardienne de but a un nom de rêve pour une vedette des stades et pas uniquement son prénom, mais aussi son nom de famille, qui se prête à de fines allusions. Ainsi, sur une des photos que contient le bouquin, on voit un jeune supporteur dans les tribunes en maillot "stars and stripes" brandir une énorme pancarte sur laquelle, à côté de sa photo et un coeur dessiné en rouge, est noté : "Marry me Hope I'm Solo" l

Hope (Amelia) Solo, née en juillet 1981 à 220 km au sud-est de Seattle, a gentiment dédicacé son livre à sa mère, "la vraie championne". Probablement ravie par le prénom que sa mère lui avait réservé pour conjurer le sort à la famille, qui ne lui avait été guère clément. Pour cette autobiographie, parue en 2012, elle a eu l'assistance de la journaliste sportive et auteure, Ann Killion.

Hope Solo a connu tout sauf une jeunesse dorée. Son père Gerry d'origine lointaine italienne et obscure était un petit malfrat qui a fait des années de taule pour détournements de fonds, faux en écriture et arnaques diverses. Sa mère Judy s'était mise à boire et devait accepter des travaux ingrats pour nourrir sa fille et son fils Marcus, qui était un garçon dur dangereux et violent. Sur quoi se greffaient le divorce de ses parents et le remariage de sa mère avec Glenn, un homme autoritaire, qu'elle rejetait. En somme une rude école qui a forgé son caractère et détermination.

C'est cependant son père qui est à l'origine de sa vocation de footballeuse. Elle n'avait que 5 ans lorsqu'il devint son premier coach. Sur une photo on voit la petite Hope, encore blonde avec une jolie queue-de-cheval, dribbler ses adversaires sous l'oeil attentif de Gerry Solo. En tant qu'enfant et adolescente, Hope a réussi à canaliser sa grogne, ses frustrations et son agressivité dans des exercices de fitness, musculation, haltérophilie et courses de vitesse pour devenir une athlète remarquable à seulement 17 ans. Très jeune, elle avait compris que son ticket de sortie d'une vie misérable était le football et plus particulièrement sa place comme gardienne de but pour laquelle elle s'était forgé une réputation qui lui assurait des sollicitations par des clubs prestigieux.

Je ne vais pas résumer ici la carrière sportive d'Hope Solo, marquée par des hauts et des bats, des rivalités et jalousies, déceptions et victoires, mais qui a été couronnées de succès exceptionnels et multiples : membre de l'Équipe nationale en 2000, athlète de l'année 2001, médaillé aux J.O. de Pékin en 2008 et de nouveau aux J.O. de Londres en 2012, championne du monde lors de la coupe de football de 2015, sans oublier son Gant d'Or en 2011.
Deux faits méritent toutefois d'être mentionnés.
Hope a joué la saison de 2004 pour l'équipe de Göteborg en Suède et l'année suivante, en France, pour l'Olympique Lyonnais.
En novembre 2017, Hope a porté plainte contre l'ancien petit dictateur de la FIFA (Fédération Internationale de Football Association), Sepp Blatter, pour agression sexuelle. À l'occasion de la cérémonie officielle de la remise du Ballon d'Or, le Suisse se serait permis de lui "pincer les fesses". Blatter récuse cette accusation. Quoi qu'l en soit, il paraît que des gestes déplacés et abus de ce genre sont assez monnaie courante dans les coulisses du football féminin.

Il est vrai aussi que Hope Solo est devenue une activiste des droits de l'homme et se fait de nos jours l'avocate des femmes qui souffrent d'inégalités (par exemple au niveau des salaires), de discrimination et de mauvais traitements. Elle vient à ce titre de rejoindre d'ailleurs la "Foundation for Sports Integrity" de l'Australien Jaimie Fuller, boss de la compagnie de vêtements de sport SKINS, basé en Suisse.

C'est la première fois de ma vie que je lise la biographie d'un sportif et je dois dire que cet ouvrage, sans être un coup de coeur pour autant, ne m'a pas déplu du tout. J'ai apprécié ce témoignage un peu spécial pour sa grande honnêteté, et l'enchaînement des épisodes sportifs et humains qui m'ont fait tourner les pages avec curiosité et intérêt.