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EAN : 9782264044259
286 pages
10-18 (30/05/2006)
3.41/5   261 notes
Résumé :
Match après match, saison après saison, le football rythme la vie de Nick depuis qu'à onze ans son père l'a emmené assister à sa première rencontre. Qu'il vente, qu'il pleuve, que son équipe gagne ou perde, il est toujours là, supporter inconditionnel dont l'obsession dévore peu à peu le reste de l'existence. Mais la passion n'empêche ni l'humour ni la lucidité, et le fan de foot se dévoile peu à peu, dressant en creux le portrait touchant d'un homme, d'une famille... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (28) Voir plus Ajouter une critique
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Ce livre est l'occasion de rappeler, après ma critique de l'excellent Une histoire populaire du football, que j'aime le foot. de rappeler ou de réavouer car le football n'a pas bonne presse chez les amoureux de littérature... mais heureusement Nick Hornby sait en parler comme personne et nous prouve que littérature et football ne sont pas irréconciliables.


Tout d'abord ce livre est intelligent. Hornby s'est fait connaitre pour des romans tels Haute fidélité. Il se raconte ici de façon plus personnelle, dans un mélange d'autobiographie et d'analyse sociologique du phénomène football et supporters. Il est sans concession avec son sport, ses amis supporters et son club, multipliant les analyses acerbes sur les penchants les plus critiqués (violence, argent, manque d'intelligence des joueurs comme des supporters). Mais il est surtout le plus sévère... avec lui-même. Il avoue ses excès, le football comme une addiction, comme un moyen de défense psychologique, un paravent protecteur, le lieu de tous les refuges, le stade comme une deuxième maison. En livrant ses névroses et en s'auto-analysant devant nous, il m'a permis de réfléchir à mon propre rapport à ce sport, forcément différent du sien mais avec des grilles de lecture absolument pertinentes.


Ce livre est également surtout très drôle. Il fait partie de ces rares livres où je n'ai pu m'empêcher de rire (et pas seulement sourire) y compris en public et notamment dans un lieu aussi mortifère actuellement qu'une rame de tramway ! Entouré de masques, j'ai eu de la chance que mon gloussement ne soit pas confondu avec une quinte de toux réprimée, au risque de me voir fusiller de dizaines de regards courroucés... ou angoissés. Un humour évidemment totalement british, une ironie sans en avoir l'air qui est réellement l'humour qui me touche le plus en littérature.


Ce livre est en somme totalement passionnant. Prenant le biais de faire tourner chacun des chapitres autour d'un match précis (avec la date spécifiée à chaque fois), l'auteur digresse allègrement, mais toujours en abordant un angle différent autour du sport. Il est exhaustif sur le sujet, ne donne jamais l'impression de se répéter.La question se pose forcément de savoir si un tel ouvrage s'adresse uniquement aux passionnés. L'effort d'accessibilité du traducteur est notable grâce à des notes précisant certains termes (qui ont toutes été inutiles de mon côte). Mais au-delà de la compréhension, c'est bien l'intérêt pour des gens totalement néophytes qui peut être mis en cause. J'ai forcément du mal à être objectif, mais j'ai l'impression que mon plaisir a beaucoup tenu à ma connaissance préalable de la plupart des sujets abordés. J'ai plusieurs fois apprécié l'originalité de certains avis, certains positionnements à contre-courant... mais il me fallait pour cela la connaissance de la doxa dans ce domaine !


Pour finir, le petit bémol qui m'a fait enlever la demi-étoile finale. Cela n'est nullement de la responsabilité de l'auteur... mais le livre s'arrête quasi exactement à la période où j'ai de mon côté commencé, à 12 ans, à m'intéresser au football, à un an près au même âge que l'auteur lui-même. Et donc, même si beaucoup de noms de joueurs ne m'étaient pas totalement inconnus, les références auraient été beaucoup plus fortes avec un livre commençant là où il finissait ! Les tout derniers chapitres m'auront au moins permis de voir évoquer des joueurs que j'avais vu jouer moi-même, me replongeant dans la nostalgie de mes premières années, celle où la naïveté permet encore de considérer ce sport avec des yeux remplis d'étoiles... les mêmes étoiles qui continuent de briller dans ceux de Nick Hornby, même si les oeillères ont elles été enlevées depuis longtemps !
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"J'ai réglé ma vie sur Arsenal et chaque événement personnel de quelque importance éveille un écho dans l'univers du foot."
Que l'auteur soit témoin à un mariage ou qu'il voie la fin de sa première histoire d'amour, chaque occasion importante de sa vie est liée à un match de football de son club de coeur.

Nick Hornby nous offre une sorte d'autobiographie, très originale et bien plus riche que ce que l'on pourrait croire de prime abord.
Il parle beaucoup de foot, certes, mais pas que de foot : à travers les matchs dont il nous raconte les temps forts, à travers les réactions du public qu'il nous relate, c'est tout une société que le lecteur voit se dessiner sous ses yeux au fil des années. Et c'est à la fois très instructif et très drôle, rempli de cet humour anglais que j'apprécie tant.

Nick Hornby est très honnête vis à vis de lui-même et ne craint pas d'avouer sans détour son addiction forte pour ce sport qui fait tourner bien des têtes.
Il se souvient dans le moindre de détail des matches auxquels il a assisté, connaît à peu près toutes les statistiques concernant son équipe favorite : c'est un vrai fan.
Plus qu'un fan, c'est un supporter totalement accro !
Il le reconnaît d'ailleurs franchement :
" Force est d'avouer que durant la plus grande partie d'un jour ordinaire, je suis dingue."
C'est justement cette franchise et cette lucidité qui me l'ont rendu attachant, de plus en plus au fil du livre dont la lecture a réjoui l'amatrice de foot que je suis.
Oui, j'aime le foot et n'ai pas honte de le dire, alors que tant de gens pensent que ceux qui aiment ce spectacle − parce que c'est bien d'un spectacle qu'il s'agit, un spectacle sportif, mais un spectacle avant tout − ne sont que des boeufs imbibés de bière. Il y en a parmi les supporters de foot comme il y en a partout, mais ce n'est qu'une petite partie, même si je regrette qu'elle soit parfois bien trop visible.
Justement, un autre aspect que j'ai beaucoup apprécié dans ce livre est le fait que l'auteur montre d'une façon imparable que l'on peut aimer le foot et être intelligent et cultivé, ce qu'il est, indéniablement.
Si ce n'était pas le cas, son ouvrage n'aurait été qu'un empilement de comptes-rendus de matchs sans intérêt.

J'ai également beaucoup aimé l'autodérision dont Nick Hornby fait preuve, comme dans ces lignes qui suivent le récit d'une victoire assez inespérée et qui ébahit à la fois les joueurs et le public : "La dépression dont je souffrais durant presque toutes les années quatre-vingt se dispersa cette nuit et durant le mois je me sentis mieux. Comme il fallait s'y attendre, quelque chose en moi regrettait que cette guérison n'ait pas eu une autre origine, que sais-je, l'amour d'une femme, un petit succès littéraire, ou quelque révélation mystique qui m'aurait convaincu que ma vie valait la peine d'être vécue [...]"

À travers toutes les anecdotes qu'il nous raconte, Nick Hornby nous offre un portrait très vivant de l'Angleterre et des Anglais.
Il est obsédé par les résultats d'Arsenal dont il suit tous les matchs, dont il scrute sans cesse le classement en championnat et les résultats dans les différentes coupes auxquelles l'équipe participe, mais il est suffisamment intelligent pour se rendre compte que tout ceci reste très futile par rapport aux enjeux politiques et sociétaux de chaque époque. À ce titre, Carton jaune est une belle analyse de l'évolution de la société anglaise, un livre d'histoire... presque.

Si vous aimez le football et l'humour anglais, ce livre est fait pour vous, il ne peut que vous ravir.
Si ce sport vous laisse de marbre ou vous exaspère, mais qu'un de vos proches en est un grand fan, lisez-le, vous pourriez peut-être parvenir à mieux comprendre sa passion.
Sinon, vous pouvez toujours tenter la lecture, mais je ne suis pas certaine que cet ouvrage vous convienne.

"Je mesure combien nous devons paraître ennuyeux nous, les obsédés, combien nous semblons dingues, mais qu'y faire ?"
Ennuyeux ? Non !
Amusants, certainement.
Voilà un livre à qui je ne décerne pas de carton jaune, et encore moins de carton rouge !

Merci à latina, amie sur Babelio, dont la critique enthousiaste m'a donné l'idée et l'envie de lire ce livre dont je n'avais jamais entendu parler et que je n'aurais sans doute jamais lu sans son incitation.
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Je suis la femme d'un supporter de foot. Pas un supporter d'Arsenal, comme Nick Hornby, mais tout ce qu'il décrit dans son autobiographie, je le retrouve – en atténué, heureusement !- chez mon mari.

Son équipe favorite a perdu ? Il est de mauvaise humeur. Et je ne vous dis pas son état d'esprit pendant le match : il n'entend rien, il ne parle pas, il a le regard fixe et la mâchoire crispée…
Oui, c'est instructif de vivre avec un supporter de foot…

Bon, maintenant, j'exagère un peu quand même. Mais Hornby, lui, n'exagère pas ! Il nous décrit en long et en large son comportement depuis l'âge de dix ans, lorsqu'il a découvert l'équipe d'Arsenal, au nord de Londres, alors que lui vivait à une quarantaine de kilomètres de là. Ce jour est marqué d'une pierre blanche… ou noire, car les quelques dizaines d'années qui vont suivre seront rythmées par les matches.

Tout nous est raconté uniquement à partir des matches. Et moi qui n'y connais rien en foot (malgré mon mari, mais ça, vous le savez déjà), j'ai savouré ! Oui, j'ai souri à maintes et maintes fois, car l'humour légendaire de Hornby, son autodérision totale transparait ici continuellement. Il est ob-sé-dé par le foot et en a même eu une dépression, dont il est sorti heureusement quand il s'est rendu compte qu'il vivait par le foot et pour le foot. Et puis ses parents, sa soeur, ses petites amies successives sont évidemment concernés par son addiction.

Il en profite pour analyser le comportement des supporters anglais en général, notamment les fameux hooligans et leur tristement célèbre comportement au Heysel en 1985, pour ne citer que celui-ci.
Il analyse l'esprit du foot, qui a bien évolué depuis 1960.
Il donne une myriade d'anecdotes toutes plus instructives les unes que les autres.
C'est comique, c'est édifiant, c'est vrai !

Alors, vous voulez tout savoir sur le monde du foot en le vivant de l'intérieur ?
Tirez ce « Carton jaune » des rayons de votre librairie ou de votre bibliothèque, vous connaitrez la souffrance des supporters tout en rigolant doucement…
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Si vous souhaitez frapper d'anathème un amateur de football, vous devez le traiter de « footix ». le terme désigne le fan qui ne supporte que les équipes qui gagnent et qui, s'il n'y connaît pas grand-chose en football, ne peut s'empêcher d'émettre des avis péremptoires et vaseux sur le sujet. A l'opposé dans la hiérarchie des footeux, il y la le supporter, le pur et dur. Nick Hornby est l'un d'entre eux. Il décrit sa passion dévorante pour un club du nord de Londres, l'Arsenal Football Club, dans son livre « Carton jaune ». Je râle à nouveau contre la traduction du titre orignal « Fever pitch », qui donnerait plutôt "l'excitation est à son comble". Nick Hornby sacrifie ses samedis après-midi pour assister, sous la pluie ou par un froid glacial de janvier, à un match nul, une rencontre dénuée d'intérêt, sans enjeu, contre une équipe nulle au milieu d'un public blasé. Les supporters semblent en effet guidés par des pulsions masochistes. Rien ne peut vous garantir un résultat favorable pour votre équipe et encore moins un spectacle agréable à regarder. A vrai dire, la plupart des rencontres sont dénuées d'intérêt, certaines équipes prennent peu de risque, le jeu est pauvre. Votre équipe peut se faire sortir en coupe par un adversaire beaucoup plus faible et réaliser la semaine suivante l'exploit de battre le leader du championnat. Il y a des hauts, souvent des bas et la plupart des équipes se situent dans le ventre mou du championnat. Mais le supporter se fait un devoir d'être présent, d'assister à chaque match, quitte à faire passer au second plan ses amis ou sa famille. Si vous souhaitez inviter Nick Hornby à votre mariage, veillez à ce que la date de l'événement ne coïncide pas avec un match d'Arsenal. L'auteur défend une cause perdue, celle des supporters de football. Dans l'esprit de certaines personnes, ce sport qui a le tort d'être populaire, se résume à quarante mille boeufs qui contemplent en crachant des insultes vingt-deux autres boeufs courir derrière une baballe. Mais il y a de tout dans un public, comme dans toute foule, et il ne peut être réduit à une minorité violente.

Nick Hornby raconte comment sa passion est née en 1968, il a alors une dizaine d'années, et comment le football a accompagné chacune des étapes de sa vie, du garçon paumé après la séparation de ses parents au jeune adulte qui se cherche sentimentalement et professionnellement. D'ailleurs, chaque chapitre est lié à un match, il en précise la date et les adversaires, en respectant une chronologie sportive. L'auteur évoque la face obscure du football, le hooliganisme (avec les drames du Heysel et de Hillsborough), la violence et le racisme. Il pointe aussi les difficultés à venir du football contemporain : l'emprise de la télévision sur ce sport, ce sont désormais les chaînes qui imposent leurs exigences en vue de la diffusion du match, la suppression des tribunes debout et l'augmentation du prix des places qui barrent l'accès aux supporters les plus modestes. Il nous explique combien l'ambiance est primordiale dans un match, que le spectateur qui se rend au stade vient autant pour le spectacle dans les tribunes, les chants et les clameurs, que pour celui sur le terrain. Cruel dilemme rencontré par les équipes de Premier League dans les années 90 et que connaît aujourd'hui le Paris-Saint-Germain : en vidant un stade de ses hooligans, on en sort ses principaux animateurs et on étouffe ainsi la « fever pitch ».

Vous connaissez la maxime ce qui est rare est précieux, j'étais donc bien heureux de m'attaquer à un livre défendant le football en tant que culture, racontant le quotidien d'un passionné, expliquant l'importance d'un public sans oublier de traiter les côtés les plus sombres de ce sport. J'ai malgré tout trouvé certains passages longs et pénibles ce qui est le comble quand il est question d'une passion. Mais comme l'avoue l'auteur, il s'agit plus d'une obsession que d'une passion. Par contre, j'ai aimé plonger dans le football anglais des années 70/80. Tapez "Charlie George" dans votre moteur de recherche, vous verrez, il avait une sacrée dégaine (pas de gel extra fort à l'époque) ! Et du tempérament : pour sa première et dernière sélection en équipe d'Angleterre il lance un vibrant « Go fuck yourself » à son sélectionneur.
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Pouvez-vous lire « Carton Jaune » si vous n'aimez pas le football ?

Pouvez-vous y prendre du plaisir si vous ignorez totalement où se situent Highbury, Anfield, Stamford Bridge ou si la notion de supporter vous dépasse totalement et que vous considérez chaque supporter comme un crétin au Q.I. à peine supérieur à celui d'une blonde ? Etes-vous capable de lire des paragraphes, des chapitres entiers, un roman complet qui traitent uniquement d'un ballon rond, d'un club de football et de ses quelques fidèles supporters ?

Je découvre donc pour la première fois Nick Hornby, rendu célèbre par son roman « Haute Fidélité » encensé par la critique et par le public, à travers une autobiographie pour le moins originale : la vie de Nick autour du club d'Arsenal.

Nick a huit ans quand son père, fraîchement divorcé de sa mère bouscule, les habitudes d'éphémères relations père-fils en l'amenant à Highbury au lieu de l'habituelle et fastidieuse promenade au zoo. A partir de cet instant, sa vie va basculer dans un monde irrationnel, dans un univers impitoyable où seule l'équipe d'Arsenal comptera. Arsenal, jour et nuit, du matin au soir, sera présent dans son quotidien, omniprésent dans ses pensées et dans ses actes. Arsenal, sa deuxième famille...non sa seule, sa vraie famille, la seule qui va le comprendre, le soutenir tout au long de sa vie. Enfant, adolescent, et même adulte, Nick ne vivra que pour Arsenal, qu'en fonction des matches d'Arsenal. du coup, peut-on dire qu'il s'agit encore d'une passion ? Cela ressemble plutôt à une véritable obsession isolant Nick de son entourage. Parce qu'avant d'être un livre sur le foot, « Carton Jaune » est surtout un livre sur les obsessions. Quand ces dernières prennent le pouvoir sur votre vie, que reste-t-il ? Y'a-t-il un moyen de s'évader de ses propres obsessions ? Nick, l'âge aidant, a bien tenté de se désintoxiquer d'Arsenal, un peu comme la dépendance à la nicotine, mais sans réel succès. D'ailleurs, est-ce vraiment un échec pour lui ? Pas sûr... Arsenal lui a apporté certes, beaucoup de crampes d'estomac les heures d'avant match, de tracas, de désillusions mais aussi énormément de bonheur, et d'une intensité insoupçonnable, qu'il se plait à comparer à une jouissance sexuelle puissance 10.

Des récits épiques, mais aussi surtout de nombreux matchs soporifiques jalonnent la vie de Nick. Ce dernier mérite donc le précieux titre de fidèle et vrai supporter de football pour soutenir, qu'il pleuve ou qu'il vente, une équipe qui pratique depuis des années l'un des plus mauvais jeux de l'Angleterre, l'un des plus agressifs, et avec un palmarès sans gloire.

Quand à savoir s'il faut aimer le foot ou être supporter pour apprécier la prose parfois humoristique, parfois émouvante mais souvent décalée, je ne suis pas si sûr.
Lien : http://leranchsansnom.free.fr/
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Peut-être n’ai-je pas encore dit que le football est un sport magnifique, c’est une telle évidence ! Les buts ont une valeur de rareté que les points aux tennis ou au cricket n’atteignent pas. Ils suscitent donc une excitation, celle de voir quelqu’un accomplir une action qui ne se reproduira que trois ou quatre fois dans un match, si vous avez de la chance et pas du tout si vous n’en avez pas. J’aime les caprices de l’attente, l’absence de certitude et la façon dont de petits hommes triomphent de géants (r...), vous ne verrez ça dans aucun sport de contact. Je n’en admire pas moins les athlètes (...). J’aime enfin la manière dont la force s’unit à l’intelligence pour donner aux joueurs une grâce de danseurs ; rares sont les sports qui en font autant. Un coup de tête impeccablement coordonné, une volée parfaitement frappée confèrent aux corps un équilibre élégant qui n’a guère cours chez les autres sportifs.
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1968 fut, me semble-t-il, l'année la plus traumatisante de ma vie. Quand mes parents se séparèrent, avant de nous installer dans une maison plus petite, nous dûmes loger chez des voisins. J'eus une mauvaise jaunisse et j'entrai dans un nouveau lycée. Tous ces coups du sort n'annonçaient-ils pas que je céderais bientôt à ma passion pour Arsenal ? Il faudrait être aveugle pour le nier. (Je me demande combien d'autres fans, s'ils réfléchissaient à l'origine de leur obsession, ne découvriraient pas des refoulements freudiens. Bien sûr, le football est un sport superbe, et tout et tout, mais quelle différence y a-t-il entre les amateurs raisonnables qui assistent à une douzaine de parties au cœur de la saison, choisissent les meilleures, évitent les médiocres et ceux qui se sentent tenus à les voir toutes ? Pourquoi se rendre de Londres à Plymouth, un mercredi, gaspiller un précieux jour de congé pour une partie dont le sort s'est joué au match aller à Highbury ? Et si cette rage ne s'explique pas par une sorte d'autothérapie, quel traumatisme hante les subconscients de ceux qui assistent aux pitoyables combats des troisièmes divisions dans des trous reculés ? Peut-être vaut-il mieux ne pas le savoir.)
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J'avais déjà été rossé à l'école, et plus rudement (j'étais petit avec une grande gueule, une combinaison malheureuse), mais les coups venaient d'adversaire que je connaissais, ce qui les rendait plus supportables. (...) J'avais honte: malgré ma taille et mon âge, j'étais du sexe fort, et bien que vague, cette conscience de ma virilité me tenaillait. Il me paraissait inadmissible d'admettre que je puisse manquer de cran. La version que ma mémoire garderait de l'incident se conforme heureusement aux exigences de l'honneur masculin: ils étaient deux et j'étais seul. Ils étaient grands et moi petit. J'aurais certes pu être mouché par un moutard de sept ans manchot et borgne, mais le souvenir gravé dans ma mémoire me protégeait contre la crainte d'avoir fait figure de minable.
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Il doit y avoir nombre de pères dans ce pays qui ont connu le pire, le plus traumatisant des rejets : celui de voir leur enfant se rallier aux supporters d’un autre club, se tromper d’équipe en quelque sorte. Quand j’envisage d’avoir une descendance, pensée que j’ai de plus en plus souvent lorsque, vers minuit, le tic-tac de mon horloge biologique se rappelle à moi avec emphase, surgit aussitôt la crainte d’une pareille trahison. Comment réagirais-je si mon fils ou ma fille décidait, à l’âge de sept ou huit ans, que Papa est fou et que son cœur bat pour West Ham, Tottenham ou Manchester United ? Le supporterais-je ? Admettrais-je, en père raisonnable, de renoncer au stade de Highbury pour acheter un abonnement à White Hart Lane ou à Upton Park ? Pas question ! Moi aussi je me conduis en enfant quand il s’agit d’Arsenal, alors pourquoi céderais-je aux caprices d’un gosse ? Je lui expliquerais, à lui ou à elle, que je respecte évidemment son choix mais que s’il tient à voir jouer son club, il n’a qu’à y aller, à payer sa place, à se débrouiller seul. Voilà qui le moucherait, le petit con.
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Il me semblait autrefois que mûrir et grandir étaient de même nature, relevant d'un inévitable, d'un incontrôlable processus. Maintenant, je croirais plutôt que mûrir dépend de la volonté que l'on peut choisir de devenir adulte mais seulement à des moments donnés. Ces moments ne se présentent pas souvent, ils peuvent survenir lors d'une crise dans nos relations avec autrui ou quand on entame quelque chose de tout à fait différent ; libre à nous de profiter de l'occasion ou de l'ignorer.
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