Antigone

Lorsque Sophocle, il y a un temps infini, a choisi d'appeler sa pièce Antigone, il vivait dans le monde antique qui centrait son regard sur ses héros légendaires. Mais son génie ne s'est pas arrêté à nous raconter une légende. Il a profité de celle-ci pour nous raconter l'histoire, en réalité, de Créon. Homme de pouvoir, bien réel, et plus que l'Antigone que nous croisons au caractère idéal et à la destinée tragique. Antigone est mue par la loi des dieux, elle suit leur devoir sans même hésiter et parcoure le chemin que Chronos, on l'imagine, a pu lui tracer. Elle la connaît, cette loi, et la raconte. Ceci lui vaudra son malheur, et sa renommée.
Créon, lui, est libre de ses choix. Il est confronté aux contradictions du pouvoir, à celles de la vie d'humain. Il a une famille qu'il aime et qu'il construit, ou qu'il détruit.
On appellerai sans doute la pièce Créon aujourd'hui, en tout cas c'est mon avis. Mais ce qu'elle raconte sur la loi du monde, sur l'aveuglement du pouvoir, sur la fragilité d'une famille et celle d'un homme, on ne pourrait pas le raconter différemment.