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Critique de zazy


zazy
02 février 2022
Vina, ado surdouée est exclue de son lycée peu avant les épreuves du bac, parce qu'elle a menacé une de ses camarades. Elisabeth, sa mère, lance un appel au secours à son grand oncle Tomas en Alsace avec qui, petite, elle avait une relation privilégiée. Pourrait-il les héberger au moins une semaine ? Devant la détresse qu'il sent dans la voix d'Elisabeth, il va les recevoir. Mona qui est plus que son aide ménagère, sa confidente, son amie, sera là pour l'aider.

Thomas a un lourd passé. Il fut un « Malgré-nous, » ces français alsaciens, mosellans, enrôlés de force dans l'armée allemande et, depuis, porte un gros secret avec lui. Thomas avec l'armée allemande en déroute, fuit l'armée russe à leurs trousses « Ils sont trop épuisés et apeurés…, fuyant l'armée rouge en direction de l'ouest, traversant les terres de Bessarabie, se repliant à marche forcée dans une vallée bordée de pins et de chênes » lorsqu'un faucon s'abattit sur son épaule, « comme si l'oiseau avait été une sorte de divinité qui venait de l'élire, lui entre tous les autres. Quelques soldats (allemands) lui sourirent. Thomas aurait voulu leur rendre leur sourire, ils avaient beau être allemands, c'étaient ses camarades, du moins à cet instant, parce qu'ils avaient le même âge, parce qu'ils lisait dans leurs yeux des pensées semblables aux siennes. Que faisons-nous là ? Quand ce cauchemar finira-t-il ? ». Pour bien marquer sa différence, Isabelle Sorente met des parenthèse au mot allemand et ce, tout au long du livre.

« Vole, vole jusqu'au camp 188 de Tambov

Avant le camp 188, il y a le train.

Avant le train, la marche forcée.

Avant la marche forcée, il y a l'attaque »

Le voici prisonnier « Au bout de trois semaines, la plupart des hommes se transformaient en squelettes. Sauf ceux qui trafiquaient ».

C'est dans ce lieu inhumain que Thomas rencontre l'amour et que son frère meurt.

Oui, il s'en est sorti, mais il est marqué à jamais. Ils se reconnaissaient entre eux « Quelque chose dans leur regard ».

L'arrivée des parisiennes va secouer la maisonnée. Vina et Thomas, que tout semble séparer, vont s'apprécier, s'aimer, s'aider. Grâce à Vina, il va pouvoir parler de ce que ses parents n'ont pas voulu entendre et croire. Ainsi, lors d'un reportage télévisé sur les camps juifs « Pour la première fois, il avait osé parler de Tambov à ses parents. Leur disant qu'au camp 188, les gars étaient à peu près dans le même état… Mais son ère s'est mis en colère. Ce n'était pas possible qu'il se compare aux déportés ! Ça n'avait rien à voir, il ne pouvait pas dire ça ! Il ne pouvait pas le dire ! » L'incompréhension, devoir se taire parce que l'on n'était pas du bon côté... beaucoup en sont morts



La libraire à l'améthyste l'a cru et lui a fourni des livres à ce sujet. Et puis Vina est arrivée et, avec ses antennes de petite jeune fille, elle va l'écouter. La complicité entre ces deux-là, les gerfauts ont bien aidé à ce que sa mémoire s'entr'ouvre. Vina, quant à elle,trouvera la paix avec sa mère qui a eu recours à une gestation pour autrui. Rencontrer « son frère utérin » lui a permis de tourner la page.

Une histoire de résilience, de reconstruction dans un paysage superbe traitée avec poésie (la présence du gerfaut ). Il serait peut-être temps de parler un peu plus de ces hommes embarqués de force dans le camp ennemi. Une lecture que j'ai vraiment appréciée. J'écoute Isabelle Sorente, sur France Inter, dans l'émission Par Jupiter et, là, j'ai eu le plaisir de la découvrir autrice.


Lien : https://zazymut.over-blog.co..
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