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Critique de topocl



« Daisuké, finalement, en vint à se détester pour son indécision ».

C'est l'histoire absolument tragique d'un jeune homme qui est amoureux de la femme de son ami.
D'autant que cela se passe dans le Japon du début du XXème siècle, pris dans un carcan d'obligations morales et de code de l'honneur .

Seulement ce trentenaire , dandy épris des arts , de l'esthétique et de la contemplation ne m'a pas été des plus sympathiques. Facile d'être un dilettante quand votre père , qu'on méprise pour ses visions archaïques et moulées dans la tradition, vous assure le quotidien par un généreux versement mensuel . Il ne reste plus qu'à penser sur soi-même, et se forger de belles idées de liberté et de force vitale.

On est donc dans tout le livre pris dans cette ambiguïté de Daisuké, emblème du changement mais qui n'offre que l'image d'un écornifleur imbu de lui même, à l'écoute de ses états d'âme qu'il institue en belles idées. Son amour pour la fragile Michiyo le rend plus humain, enfin . C'est un talent du livre de ne pas poser le jeune progressiste en personnage éminemment sympathique, mais il faut bien dire que cela impose au lecteur l'exposition et la ré-exposition de ses cas de conscience, une redondance fastidieuse dans l'atermoiement ...

C'est un roman qui décrit une société qui se crispe sur sa tradition archaïque «qui ne tenait absolument pas compte de la liberté et du coeur des individus. », alors même qu'elle est en train d 'irrémédiablement se fissurer. L'élément le plus représentatif, qui donne son sens à l'intrigue, en est le mariage arrangé. Mais l'évocation de ce formalisme, de l'apparente superficialité des relations prises dans ce carcan codifié, m'a donné cette impression d'une distance hiératique souvent porteuse d' ennui, que je retrouve facilement dans les romans japonais . Celle-ci persiste même à la fin du livre , où pourtant l'hyperémotivité de Daisuké, surpris lui-même d'aborder des rivages si prohibés explose dans un hyper-sentimentalisme pathétique ( quoique parfois beau: « Ensemble, au même moment, ils recevaient la punition de l'amour, le bienfait de l'amour, au même moment, ils en goûtaient ensemble la saveur. »).

Bref, je vais quand même remercier Sôseki, qui m' a éclairée en partie, par un effet miroir, sur cette difficulté que j'ai à entrer dans les romans japonais :

« Chaque fois qu'il avait lu des romans occidentaux, il s'était interrogé sur les conversations intimes qui se tenaient entre hommes et femmes, les trouvant à son goût toujours trop crues, trop complaisantes, et en fin de compte trop directes et trop osées ; tant qu'il les lisait dans leur langue originelle, il les acceptait, mais leur couleur, pensait-il, ne saurait être traduit en japonais. »
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