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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Refermant ces Chroniques du pays des gens les plus heureux du monde, je ne peux m'empêcher de pousser un petit soupir de soulagement. Quel périple !
Je n'avais jamais rien lu de Wole Soyinka et, sans un billet d'Isacom que je remercie ici de m'y avoir amenée, je serais restée dans cette ignorance complète des oeuvres d'un prix Nobel de littérature (1986). Chroniques du pays des gens les plus heureux du monde est un volumineux roman paru aux éditions du Seuil cet été. Il pose le cadre d'un Nigéria imaginaire dans lequel la corruption, la vénalité et le marketing ont permis à une petite élite sans scrupule de gangréner toutes les instances du pouvoir. Alors que Boko Haram terrorise les populations par des attentats un peu partout dans le pays, alors que des embouteillages monstrueux empêchent tout déplacement motorisé, que les services de santé semblent en partie dépassés, Sir Goddie, le Premier ministre, mène d'intenses tractations pour trouver un nouveau nom susceptible de favoriser sa réélection. Ce sera Intendant du Peuple, dit IP. le ridicule de l'appellation sent la satire ? C'est normal car c'est bien de ce genre que relève une grande partie du roman.
S'amusant à inventer des festivités aussi grandioses que grotesques, des célébrations à la seule fin de remercier quelques vénaux, une stratégie d'attractivité devant tout aux spin doctors les plus retors, Soyinka embarque son lecteur dans des chapitres touffus pleins de religiosité intéressée, de prise illégale d'intérêt, de scènes burlesques et atterrantes. Chapitres dont on cherche avidement, durant un petit tiers du roman, le lien avec une quelconque mise en place d'intrigue. de temps à autre, comme l'oeil d'un crocodile dans les remous boueux d'un gigantesque fleuve, surgit un nom qui devra être repéré. Et puis, plus loin, après bien des tumultes, alors que le lecteur aura été assommé par de tonitruantes diatribes satiriques mieux que ne l'aurait fait n'importe quel massif tronc d'arbre en travers de sa pirogue, le nom revient. Ou un autre qui désigne pourtant le même personnage. Ou une allusion encore sibylline à un élément narratif fondamental. Et il faudra s'y accrocher comme à un premier indice laissant présager une histoire constituée.
Heureusement, certaines phrases sont vraiment drôles, certains traits magnifiquement décochés. La peinture de cette société à peine caricaturée dans ses excès est féroce et pourrait être jubilatoire. C'est juste que l'histoire prétexte à tout ce déploiement ne m'a pas paru suffisamment solide pour supporter la masse du reste. le devenir des personnages n'est pas un sujet de préoccupation majeur, ils incarnent l'adversité, la déconvenue et leur sort n'est que prétexte à déployer différents cas de figures particulièrement éclairants sur l'état de la société nigériane. Quelle déception pour moi qui goute tant les romans psychologiques et si peu les pamphlets.
Malgré l'éreintement qui m'a saisi au terme de cette lecture et la déception que je ressens à ne pas avoir été complètement séduite, je ne vous en détournerai pas si elle vous tente. Elle constitue une expérience. On peut lui reprocher, ce que je fais allègrement, d'avoir sacrifié ses personnages à un propos satirique et militant, d'avoir cousu de fil blanc une intrigue très faible. On peut trouver aussi insupportables certaines longueurs, une incapacité à choisir entre la farce littéraire, le roman d'aventure et le réquisitoire contre la corruption. Mais on peut gouter aussi le style mordant, apprécier l'ambition du propos. Et puis, finalement, cette intrigue, aussi diluée et invraisemblable soit-elle, elle se tient à peu près.
Aussi, pour aider les potentiels lecteurs de cette somme, outre une machette pour faire son chemin dans ce style luxuriant, un gilet de sauvetage insubmersible et une bonne dose de scotch, je recommande de noter les noms du chirurgien le docteur Menka et de son ami de toujours Duoyle Pitant-Payne. Ce sont, d'une certaine manière, les héros du roman : dès que leurs noms apparaitront, veillez mais ne vous attachez pas !
Ah oui, et puis, dernier conseil : ne lisez pas la quatrième de couverture. Comme le dit Isacom, elle en dit à la fois beaucoup trop et pas assez.

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Wole Soyinka est un dramaturge, poète et militant politique nigérian. Il a été le premier écrivain africain à recevoir le prix Nobel de littérature, en 1986. A l'approche de ses quatre-vingt-dix ans paraît son roman Chroniques du pays des gens les plus heureux du monde.

L'idée lui en était venue après la conclusion d'une enquête classant le Nigeria parmi les nations comptant la plus forte proportion d'habitants se déclarant heureux. Très critique des moeurs politiques de son pays, Wole Soyinka s'était demandé si seuls les gens affichant leur bonheur avaient eu droit à la parole. de quoi s'interroger sur les pratiques locales.

Sixième pays le plus peuplé du monde (220 millions d'habitants !), le Nigeria dispose de richesses naturelles importantes, dont du pétrole en abondance. Plusieurs secteurs de l'industrie et des services sont florissants. Malgré cette prospérité, près de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté extrême. En cause, le niveau hallucinant d'une corruption endémique incontrôlable. Après plusieurs coups d'Etat ayant fait alterner des dictatures et des régimes d'apparence démocratique, le Nigeria est aujourd'hui une République fédérale, constituée d'une quarantaine d'états, qui sont autant de seigneuries largement dotées pour assurer le bonheur des gouverneurs et de leurs amis. « Les milliards alloués s'évaporaient continuellement, pour être réinjectés chaque année au moment du budget, sans oublier les enveloppes complémentaires ».

Ces privilèges sont difficiles à imaginer sans diffusion d'informations très contrôlées, vraies ou fausses, qu'il vaut mieux ne pas contester trop ostensiblement si l'on tient à sa peau. Car le pays brille aussi par l'insécurité : rivalités ethniques, règlements de comptes mafieux, élimination de concurrents, conflits religieux, sans omettre les massacres commis par la secte islamiste Boko Haram, qui trucide, éventre, décapite, mutile, viole, ce qui n'étonnera personne.

Dans ce Nigeria chaotique effrayant, le roman de Wole Soyinka met en scène de nombreux personnages, apparaissant sous différentes identités ou titres. Parmi les plus importants, Papa Davina, un prédicateur aspirant au statut de prophète et Godfrey Danfrere, le Premier ministre, aussi appelé Sir Goddie. Ils s'entendent comme larrons en foire. Comme le dit celui-ci à celui-là : « Vous c'est la face spirituelle ; moi c'est la politique. le point de rencontre, c'est le business ». En l'occurrence, un trafic très lucratif d'organes, de membres amputés et de chair humaine en tous genres.

Deux autres personnages, mieux intentionnés, enquêtent sur ces pratiques et bousculent l'ordre établi : un ingénieur, Duyole Pitan-Payne, et un chirurgien, Kighare Menka. Une démarche à haut risque !

En dehors de la dénonciation d'un complot sordide, j'ai trouvé l'intrigue carrément loufoque. J'ai eu du mal à trouver dans le livre, qualifié de roman, la narration d'une histoire cohérente. Il me paraît plutôt s'apparenter à un recueil de chroniques — après tout, c'est son titre ! —, à une série d'anecdotes polémiques sur la corruption des pratiques et la perversion des esprits dans le Nigeria fictif ou non fictif dépeint par Wole Soyinka.

L'écriture, élégante, est très bavarde. L'auteur et son traducteur maîtrisent parfaitement toutes les possibilités syntaxiques de leur langue. Wole Soyinka explore les moindres occasions de digressions, autant de chemins de traverse qui contribuent à rendre le texte hermétique, d'autant plus que ses phrases sont interminables, qu'il utilise de nombreuses métaphores difficiles à décoder et qu'il pratique l'humour au deuxième, au troisième, voire au cinquième degré.

Pour conclure : un long, très long exercice de style — plus de cinq cents pages —, éclairé par quelques anecdotes croustillantes.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Le prix Nobel de littérature 1986 est de retour avec un pavé de plus de cinq cents pages qui nous entraîne au Nigeria, son pays d'origine avec lequel il n'a pas toujours entretenu des relations apaisées.
Alors que les troupes sanguinaires de Boko Haram sèment la terreur, les machinations politiques et religieuses triomphent dans une société où la corruption est généralisée.
Mais deux amis, êtres purs s'il en est, l'un médecin, l'autre ingénieur, vont découvrir un trafic d'organes très lucratif...
Dans une langue foisonnante et avec des dialogues savoureux, Wole Soyinka nous offre une fable satirique enlevée malheureusement pas toujours simple à appréhender en raison d'une construction un peu alambiquée.
Je remercie Babelio et le Seuil pour ce roman.
Lien : http://papivore.net/litterat..
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Un début assez long, asthmatique, interminable qui n'incite pas du tout à poursuivre la lecture. Celui qui passe le cap… n'en ressort pas indemne… All that for this?
Lourdeur et lassitude engendrées d'entrée par les aventures enchaînées de papa Davina ( ce qui m' a fait penser au gym tonic télévisé des années 80… oui je sais mais c'est de la faute à l'humour pince sans rire de Soyinka si d'humour on peut parler) toutes aussi loufoques, humoristiques jaunâtres et inénarrables qui mènent rapidement à des crampes de zygomatiques. Une forme de stakhanovisme humoristique (un peu comme celui qu'on rencontre actuellement à la télé) qui veut que chaque phrase soit ponctuée de sel d'esprit, peut-être confondu par Wole Soyinka avec l'esprit de sel qui lui par contre, décape.
Ensuite une phrase en amenant une autre on se perd dans des pensées métaphysiques mais teintées de pragmatisme pas toujours claires des personnages et des souvenirs en veux-tu en voilà, ou aussi réminiscences affectives qui n'ont pas ou peu d'intérêt.
Ensuite, ensuite, ensuite rebelote pour les autres personnages, tous plus poilants que les autres, sans qu'on sache très bien où va la narration et ce jusqu'aux pages 300 et quelques du bouquin! c'est trop long Monsieur le Nobel! Est-ce un traité de politique africaine plus précisément nigériane? Un polar ethnique? Une apologie du syncrétisme religieux africain ou alors un roman d'espionnage satirique à tendance terroriste voir maffieuse?
Non car en fait page 300 et quelques on s'achemine vers un contenu politico-policier- mortuaire, un imbroglio à l'africaine par facile à comprendre et Wole Soyinka, après un sursaut de l'intrigue, sombre encore dans le détail folklorique ennuyeux.
En passant, coup d'oeil à la page 111 et là la page reflète l'ensemble du bouquin et mérite le prix. C'est confus, alambiqué et terne! C'est confus, alambiqué et terne! C'est confus, alambiqué et terne! (re)
Le style d'écriture ne correspond pas à l'humour voulu de l'auteur: il manque de légèreté et les redondances accentuent l'alourdissement du texte. On s'enfonce dans le détail qui ne parle pas au lecteur surtout lorsque Wole Soyinka nous sort ces petites locutions latines pour clerc de notaire (able) et petits mots charmants folkloriques du cru nigérian.
le ton est sentencieux et la phrase longue et compliquée toujours en train d'expliquer l'inexplicable dont on se contrefout et qui imprégné de «nigérianisme» n'interpelle pas le lecteur occidental. Une recherche de la petite précision supplémentaire, mais surtout du détail présumé intéressant mais qui ne l'est pas.
L'originalité nigériane a du mal a intéresser. le verbe lui-même est recherché voire soutenu en contraste avec le contexte bien que l'action se situe dans les hautes sphères de la société nigériane.
Une farce nous dit l'éditeur! Non! Car une farce est de préférence pétillante ou/et grinçante. Wole Soyinka n'est ni l'un ni l'autre il est indigeste et patoune sévère comme un éléphant assoiffé devant une Badoit. On est très loin de la farce.
Un Nigeria fictif intrigant qui a sans doute quelques affinités avec celui que nous connaissons, à peine une caricature de la société africaine. Une société de syncrétisme religieux mêlant, chrétienté, islam, animisme et autres croyances locales, fétichisme social et politique. Des « prophètes noirs qui donne une couleur locale folklorique et insolite voire divertissante s'il n'y avaient derrière les dérives maffieuses de business connues pour leurs violences extrêmes. Des personnages pontifiants, des politiques corrompus, des élites s'engraissant sans vergogne et dispensant en retour des fêtes étourdissantes et perpétuelles. Des nigérians cannibales adorateurs de la poudre de perlimpinpin qui croquent volontiers dans leurs coreligionnaires. Quatre dignitaires qui ont plus de la «bande des quatre africaine » que des «quatre mousquetaires» englués dans une mélasse politico-maffieuse, plaie haute en couleur comme seule l'Afrique peut en inventer.
En fait Wole Soyinka nous a servi une bouillie de fonio* sans plus. Je n'ai trouvé aucun intérêt ni dans la narration, ni dans le thème: il n'est pas original juste exotique, ni dans le style compassé et ennuyeux. Un coté documentaire corrosif et une description intéressante de deuil et coutumes sociales liées, c'est tout. Un style concentrique où Wole Soyinka tourne autour de sujet se rapprochant petit à petit du dénouement, des circonvolutions interminables pour finir certes avec une belle chute mais c'est trop long, beaucoup, beaucoup trop long pour arriver à quoi? Une fin, dans les vingt dernières pages sur plus de cinq cent, bien ficelée, intrigante mais trop étriquée pour être vraiment palpitante.
All that for this?
On notera que si Wole Soyinka affirme en 2021 (2023 pour la parution française) que le Nigeria est «le pays des gens les plus heureux du monde» cela n'est plus vrai: en 2024
le World Happiness Report a attribué le titre à la Finlande surtout là-bas c'est moins compliqué et c'est tant mieux car le bonheur ce n'est pas ce genre de lecture!
Un commentaire un peu long du à un certain désarroi. Comment un Nobel peut-il être à ce point aussi fâcheux? L'écriture à l'occidentale ponctuée de locutions latines et petites phrases en français dans le texte, petit cachet de lettré, ne convient pas au récit on aurait aimé un style plus africain, plus de pidgin-nigérian ou ou broken english et pas seulement quelques touches pour faire local, surtout pour un écrivain anticolonialisme, et un peu plus de vitalité. La tigritude de Wole Soyinka paraît quand même bien spécieuse même si on comprend enfin à la dernière page ce qu'est un palabre africain. Mais bon n'est pas «gragra» qui veut.
*“riz de l'homme affamé”
pidgin nigérian (aussi appelé ) 
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J'avais aimé son livre « Ake » sur son enfance. J'avais très apprécié sa pièce de théâtre « la mort et l'écuyer du roi », alors autant dire que j'en attendais beaucoup de ce livre... et j'ai été déçu.

Le livre commence par toute une série de présentation des principaux protagonistes et j'avoue avoir été perdu. Je n'ai pas les codes de la société nigérienne et tout ce que je comprenais était que c'était un pays corrompu avec de fortes tensions et rivalités et, derrière des masques de religions classiques, des pratiques animistes.

Et puis, petit à petit, le texte s'est centré autour de deux personnages, l'ingénieur Duyole et son vieil ami, le docteur Menka et les péripéties demeures aventures, avec en toile de fond un premier ministre Sir Goddie et un prêcheur Teribogo alias Papa Davina.

Le livrées à la fois un mélange de description sarcastique de la société nigérienne, une aventure dans le style « Père Ubu » et un roman policier. Disons que le roman policier est moyen, le style « Père Ubu » moyen et l'étude sociologique de cet univers intéressant.

Si c'est cela qui vous intéresse, lisez plutôt les livres Chimananda Ngozie Adichie.

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Le dernier et très attendu livre de Wole Soyinka, prix Nobel de littérature et militant politique nigérian, est une oeuvre foisonnante et une satire politique passablement désespérée.
Ce « Pays des Gens les plus Heureux de Monde », titre hautement ironique, c'est bien entendu le Nigéria, un Nigéria fictif et farcesque mais qui ressemble furieusement au vrai par sa gouvernance calamiteuse, sa corruption extrême et l'instrumentalisation de la religion.
Il serait assez vain de chercher à résumer une oeuvre d'une telle ampleur, sachez simplement que les principaux personnages de ce gros roman sont :
-un prêcheur au syncrétisme débridé, faux-prophète mais vrai charlatan, aux relais politiques très, très influents ;
-un médecin (intègre) ayant découvert un trafic d'organes humains ;
-son ami, un ingénieur pressenti pour un poste important aux Nations-Unies mais qui va se trouver mystérieusement entravé.
Les intrigues s'entrecroisent et l'on s'y perd parfois un peu tant il y a de personnages et alors que l'auteur ne répugne pas aux longues digressions.
La langue est souvent superbe, on apprend beaucoup de choses sur le Nigéria (qui pourraient sans doute valoir pour d'autres pays d'Afrique ou d'autres continents) mais ce pavé de plus de 500 pages bien remplies déconcerte et épuise un peu le lecteur.
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