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Citations sur À qui se fier ? (21)

"- Je ne me reproche rien. Je veux juste savoir pourquoi ça a mal tourné.
- Pour un million de raisons. Organisation merdique, tuyaux merdiques, routes merdiques, manque de bol..."
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Hier soir, après, ils se sont retrouvés soudés par la transpiration. Le vrombissement de la climatisation engloutissait les autres bruits, et le poids de Valerie sur lui, la chaleur qui se dégageait de son corps pour envelopper le sien, l’odeur de sa peau, de ses cheveux qui tombaient sur son épaule comme une cascade de miel étouffaient toute envie de bouger. Ils sont restés parfaitement immobiles et parfaitement silencieux jusqu’à ce qu’elle lui parle à l’oreille, tout doucement.
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En regardant par la fenêtre, Carr voit Bobby et Mike Latino descendre d’une fourgonnette bleue tachetée de rouille garée sur le parking de l’autre côté de la rue. Chacun porte un sac en nylon sur l’épaule et un carton Dell dans les bras. Même de loin, Carr perçoit la tension dans leur démarche. Malgré leurs jeans, leurs T-shirts sombres et leurs lunettes de soleil, ils ne ressemblent pas vraiment à des spécialistes en informatique. Bobby s’en approche vaguement – dépenaillé, le teint pâle avec des taches de rousseur et un léger embonpoint, comme s’il se nourrissait uniquement de fast-food –, mais Mike en est loin. Sa carrure et sa belle gueule cabossée, agressive, démentent la tenue vestimentaire et l’enferment dans le rôle du dur à cuire, du méchant, du voleur. Néanmoins, Carr sait que les deux vigiles apathiques à l’entrée ne trouveront rien à redire. Bobby et Mike disparaissent à l’intérieur du Prairie Galleria et Carr reporte son attention sur la fourgonnette. Il essaie d’apercevoir Valerie au volant, mais en vain.
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Carr soupire.
– Pas ce genre de boulot.
Mike boit la moitié de sa bière et pointe le doigt sur Carr. Il sourit, mais chez lui c’est une tactique.
– Ce genre de boulot, c’est trop prise de tête. Y a trop de variables.
– Si j’ai bonne mémoire, tu t’inquiétais déjà pour la même raison il y a cinq ans, mais ça s’est bien passé.
– Parfaitement, que je m’inquiétais ! On avait une bonne combine, on s’en prenait aux abrutis… Pourquoi changer ce qui marche ? Deke était un type qui savait où il allait, c’était pas la peine de discuter. Et j’avais confiance en lui.
– Mais tu n’as pas confiance en moi.
– Sans vouloir te vexer, cabrón, tu n’es pas Deke.
Carr se penche en avant.
– Je ne suis pas vexé, Mike.
– Nom de Dieu ! s’exclame Valerie en reposant brutalement son verre sur la table. Prenez donc une chambre si c’est pour recommencer votre numéro à la con. On était censés faire la fête.
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– On est inoubliables, c’est sûr, dit Bobby en adressant un clin d’œil à Valerie, qui le lui rend.
Mike émet un grognement.
– Reconnais-le, pendejo, on est plus à notre place à Caracas ou à Recife qu’ici.
Dennis essuie son visage en sueur et se joint à la conversation :
– Là-bas, on n’est que des Norteamericános, des types qui bossent sur des plates-formes, des ouvriers du bâtiment, ou ce que tu veux, tout le monde s’en fout. Juste quelques Yankees de plus qui ne font que passer.
– Parle pour toi, yanki, dit Mike. La vraie question, c’est : qu’est-ce qu’on fout ici ? Avec toutes ces conneries de sécurité intérieure à la mords-moi le nœud, à quoi bon se faire chier ? C’est pas comme si on avait du mal à trouver du boulot
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Carr se renverse en arrière et regarde à travers la charpente du toit ouvert les moustiques qui planent, les chauves-souris qui battent des ailes et les étoiles délavées. Une brise tiède insinue ses doigts sous sa chemise. Il a déjà bu trois bières et une sorte de brume agréable enveloppe son cerveau antérieur. Il sait où veut en venir Mike et il est trop fatigué pour le suivre. Alors il n’ouvre pas la bouche, mais ça ne sert à rien.
– Tu crois qu’ils nous ont pris pour des gars du coin quand on est entrés ? ironise Bobby.
Mike lui tape dans la main.
– On se fond dans le décor, cabrón, on est des indigènes. (Il regarde Carr et grimace.) On leur envoie de mauvaises vibrations, jefe.
Carr vide son verre de bière.
– Les vibrations, c’est une chose. Vee fait qu’on se souvient de nous.
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– C’est quoi, ton problème ? demande-t-elle.
– Tu excites les indigènes, chica, répond Mike avant que Carr ait le temps d’ouvrir la bouche.
– Il faut bien mettre de l’ambiance, répond Valerie. La musique est nulle.
Elle sourit, le rouge aux joues.
– Il veut pas qu’on se fasse remarquer, pas vrai, jefe ?
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Leur table est située dans un coin reculé et les quatre hommes tournent le dos au muret de parpaings qui sépare le patio du parking en terre battue. Carr observe la clientèle, qui les observe, et il s’en fiche. Valerie fait glisser les pichets au centre de la table et s’assoit à côté de Carr.
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Dans la salle, tous les yeux – ceux des hommes aussi bien que ceux des femmes – la suivent jusqu’à leur table, mais Carr essaie de ne pas la regarder. C’est exactement ce qu’elle attend, se dit-il, qu’on la regarde, et il ne veut pas se laisser manipuler. Néanmoins, il jette un coup d’œil par-dessus son verre, comme Bobby, Mike Latino et Dennis. Car même s’ils la connaissent depuis longtemps, même s’ils l’ont vue cent fois traverser un bar, avec Valerie on peut toujours s’attendre à du nouveau.
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Des bougies brûlent dans des boules en verre vertes, des lampions en papier verts sont suspendus et l’air qui flotte au-dessus du patio a la couleur d’un aquarium à l’eau croupie. Il sent la citronnelle, la cigarette et une centaine d’eaux de toilette qui s’entrechoquent. Valerie s’éloigne du bar avec un pichet de Shiner Bock dans chaque main. Elle porte une courte robe à fleurs qui la moule comme si elle était mouillée, ses bras et ses jambes nus luisent. Ses cheveux blond foncé sont relevés et attachés négligemment, son corps souple qui se faufile au milieu de la foule est une mèche enflammée.
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