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Critique de Philemont


Jack Barron est le présentateur-vedette d'une émission de télévision américaine très populaire. Dans celle-ci, les téléspectateurs sont invités à appeler en direct pour faire part de ce qui les "fait suer", et qui fait donc suer Jack Barron lui-même (Bug Jack Barron, le nom de l'émission) et ses cent millions de téléspectateurs. le présentateur organise alors un débat avec une personnalité compétente sur le sujet abordé.
Ancien militant communiste désabusé, Jack Barron est un personnage cynique et doté d'un sens aigu de la répartie. Il mène donc la vie dure aux personnalités qu'il invite à s'exprimer, ce qui fait de lui un personnage redouté de toute la classe politique et financière. Or deux évènements importants marquent l'actualité politique du moment : l'élection du futur Président des Etats-Unis d'une part, et le vote au Congrès d'un projet de loi autorisant l'Etat à financer la Fondation pour l'immortalité humaine d'autre part.
Cette fondation est dirigée par un personnage très influent, Benedict Howards, et a pour objectif officiel de cryogéniser leurs clients le temps que la science découvre le moyen de prolonger la vie, voire de la rendre éternelle. Bien sûr la prestation n'est pas gratuite, et même particulièrement onéreuse. Alors quand Jack Barron s'intéresse au sujet dans son émission, Howards y voit une menace et propose au présentateur un marché qu'il lui sera difficile de refuser, à moins que ses idéaux de jeunesse ne se rappellent à sa conscience. Commence alors entre les deux hommes un duel dont le perdant ne se relèvera pas.
Autour de cette thématique, Norman SPINRAD dresse un portrait au vitriol de l'Amérique de la fin des années 1960. La politique est minée par la corruption, les alliances contre nature, et les assassinats. Les médias, incarnés ici par la télévision, ont de plus en plus de pouvoir et de moins en moins de sens moral. le racisme est toujours une réalité, même si le principe des droits civiques des noirs est désormais acté. Quant à la jeunesse, elle noie ses idéaux révolutionnaires dans le sexe et la drogue.
Pour évoquer ces sujets, SPINRAD adopte un style pour le moins décapant. Ce sont des phrases courtes dans lesquelles la ponctuation est parfois volontairement oubliée, et qui donne un rythme incroyable au récit. C'est un vocabulaire cru, parfois argotique, en particulier dans les scènes érotiques ou dans celles où il est fait usage de psychotropes. Cela donne au lecteur le sentiment d'un univers totalement halluciné.
Ce même lecteur pourrait rétorquer que la thématique comme le style ne sont aujourd'hui pas nouveaux. Ce serait toutefois oublier que Jack Barron et l'éternité a été écrit en 1969 et nier qu'il s'agissait alors d'une oeuvre éminemment prémonitoire. En outre, après quatre décennies de rééditions diverses, le roman n'a rien perdu de son caractère percutant, ce qui fait de lui une oeuvre majeure de la science fiction, un chef d'oeuvre du genre.
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