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Critique de motspourmots


Si toute vie porte en elle les germes d'un potentiel roman, force est de constater que certaines sont plus inspirantes que d'autres... Il suffit d'un coup d'oeil à la couverture de ce livre pour avoir envie d'en savoir plus sur cette femme radieuse au sourire mi-carnassier, mi-enjôleur. Mais attention... L'aventure n'est pas de tout repos. Car la dame a de la ressource, suffisamment pour bousculer les codes d'une époque où les femmes n'en étaient qu'aux prémices d'un long parcours vers l'émancipation et, un jour peut-être, la prise de pouvoir.

Valentin Spitz est le petit-fils de Juliette, et le membre d'une famille qu'elle a contribué à modeler à sa suite, dans laquelle ses enfants et petits-enfants se sont construits contre ou avec elle. Il s'est donc inspiré de nombreuses heures d'entretien avec sa grand-mère avant de tout oublier et se sentir enfin capable d'écrire le roman qui ne soit pas une simple biographie romancée, mais l'évocation d'une page d'histoire qui touche toutes les femmes et qui continue à s'écrire. L'important dans ce roman, c'est le souffle qui porte Juliette, l'inspiration, l'instinct qui la guident là où tout est à inventer. Ce qui ne va pas sans dégâts ni dommages collatéraux.

Le destin de Juliette est d'abord marqué par la perte de son père adoré et admiré, pendant la seconde guerre mondiale alors qu'elle n'est encore qu'une enfant. Plus tard, elle fera l'apprentissage des hommes, bien loin de la figure paternelle. Sa première déclaration de guerre, elle la fait à son prénom : Nicole la brunette disparaît au profit de Juliette, bientôt blonde. Son personnage se construit au gré de ses expérimentations ; à chaque étape, elle apprend. Elle aura cinq enfants, avec deux maris différents. Elle deviendra une redoutable femme d'affaires, un modèle d'ascension autodidacte. En s'appuyant sur son charme, son flair, son pouvoir sur les hommes. Et surtout sur une formidable envie de profiter à fond de la vie. Personnage à multiples facettes, à la fois fascinante et inquiétante dans la légèreté qu'elle affiche envers certains principes, éducatifs notamment. Peut-être fallait-il en passer par là pour se libérer des chaînes...

On comprend néanmoins que Lucas (le narrateur), double romancé de l'auteur ait besoin d'éclaircir un certain nombre de points qui alimentent les névroses de la famille. La façon dont les hommes en sont exclus au maximum, le silence qui entoure le premier mari de Juliette... Alors on se laisse raconter l'histoire de Juliette, on remonte la piste avec Lucas, on compatit à ses déboires (mais comment se construire dans une telle famille ?), on sourit aux détails de sa relation avec son éditrice (qui s'appelle Caroline, mais... toute ressemblance...) et on se dit que quand même, cette Juliette, c'est une sacrée nana !

Pour le lecteur, une fois le livre refermé, l'impression que Juliette est passée tel un coup de vent, le temps d'un vrombissement de moteur de sa Ferrari, ses chiens sur la banquette arrière. Pour ceux qui l'ont côtoyée à sa grande époque, l'effet a dû se rapporter à celui d'un ouragan dont les impacts sont encore visibles. Comme après tout cataclysme, le progrès naît de la reconstruction. L'impression que ce livre en est l'un des éléments.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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