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Critique de syannelle


Première impression juste après avoir refermé ce livre: du soulagement (de l'avoir terminé) et l'assurance de ne plus jamais lire un ouvrage d'une telle teneur. Comme le dit le résumé ci-dessus, il s'agit bien de retracer ce qui est passé par la tête d'un groupe de jeunes à la dérive, influencé par un pseudo "cerveau" manipulateur et dangereux. Je suis profondément choquée par ce que j'ai découvert, et bouleversée par la gravité des actes.
Le groupe en question ne se rend pas vraiment compte de l'horreur de ce qu'ils accomplissent. La plupart de ces jeunes sont sans aucun repères, certains sont sans emplois, d'autres travaillent mais gagnent peu et ne veulent pas "se lever à 6h du matin pour gagner 300 euros". Ils veulent tout, tout de suite. Et quand le "boss", Yacef dans le livre, alias Youssouf Fofana, leur propose de "soulever" un jeune, juif par ailleurs, donc forcément riche selon ses délires antisémites, on le suit, sans questionner, car le "boss" est un "Grand", il sait ce qu'il fait, on peut se faire de l'argent vite et bien. Et puis "l'autre" comme ils appellent la victime, ne sera pas gardée longtemps, on la relachera vite, puisque l'argent de la rançon arrivera vite elle aussi.

Horreur, ignominie, je crois qu'il n'y a pas de mot pour décrire le dégoût que m'inspire ces faits, car le motif véritable, après l'argent et l'appât du gain, est bien d'ordre antisémite. Si le groupe a choisi Elie (Ilan Halimi), c'est parce que le "boss" est pétri d'idées antisémites primaires.
La plupart, voire tous les jeunes du "gang des barbares" (le nom que leur a donné les journalistes), s'étaient convertis à l'Islam, assurant qu'ils avaient trouvé plus de réponses dans le Coran que dans la Bible, ou que l'Islam est une religion de paix. Sans nul doute. Sauf pour ces esprits à la dérive, qui prient comme de bons musulmans, mais séquestrent et torturent un homme en même temps, sans réaliser leurs actes. Peut-on juste parler de manque de discernement?

Un profond sentiment d'angoisse m'a gagné en lisant ces pages. Je travaille dans un collège de banlieue, et je côtoie des jeunes de 10 à 16 ans. Certains parmi eux m'ont déjà parlé d'aller au charbon, de gagner de l'argent facile, du "pourquoi s'emmerder à travailler alors que l'on peut se faire des thunes faciles." Oui, ...comment?

Enfin, d'où vient ce manque de distance critique, ce manque de discernement? Comment des gamins de 15 ans ont glissé dans cette histoire? Ne s'agit-il que d'être manipulé? Pourquoi considérer que certains "détiennent" l'argent et d'autres pas, en créant des discriminations nauséabondes (dans l'esprit malade de Fofana, les Juifs sont unis, detiennent l'argent, alors que les frères noirs et arabes sont traités comme des chiens et doivent se révolter.) D'où vient cette haine? Question bien naîve s'il en est, mais je me demande où prennent naissance de tels idées. Je suis horrifiée car j'ai déjà ressenti cet antisémitisme, même au collège, avec des jeunes de 15 ans. Notre travail en tant qu'éducateur prend ici tout son sens. L'éducation est sans doute la solution. Mais pour ce qui est du manque d'argent, de cette course après "le tout, tout de suite", que faire?

Je ne peux pas parler plus de ce jeune homme mort en 2006. Je suis sincérement bouleversée par cette histoire. Je suis partagée entre ce que m'a apporté cette lecture (découvrir le parcours du gang est interessant), et horrifiée d'avoir "vu" les faits, comme une voyeuse. Je pense que l'auteur a écrit ce livre dans un but journalistique, mais j'espère ne pas avoir participé à une machine à faire des sous sur le dos d'une famille endeuillée.
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