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Critique de Bdotaku


« Brontëana » … Derrière ce titre un peu mystérieux on trouve : une signification littéraire qui désigne un recueil de pensées et d'anecdotes d'un écrivain ; des consonances celtes qui font penser à un recueil de contes fantastiques sur le modèle des « Chroniques de Narnia » ; mais aussi l'héroïne éponyme dissimulée : « Brontë-Ana » ou plutôt Anne Brontë. Or, le deuxième roman graphique de Paulina Spucches qui paraît de nouveau chez Steinkis après son très remarqué « Vivian Maier à la surface d'un miroir », c'est un précipité de tout cela…

Ce volume à la pagination généreuse est ainsi doté de chapitres qui tous sont introduits par une pleine page tableau et une citation extraite d'une des oeuvres des Brontë -poème ou roman- A l'intérieur des chapitres, nombre de dialogues et de récitatifs sont empruntés aux correspondances des soeurs et parfois à leurs romans et sont signalés par un petit astérisque qui renvoie à des notes en fin de volume.

Pourtant, l'autrice ne se contente pas d'une biographie linéaire et académique. Elle fictionnalise son récit et commence surtout son histoire par une prolepse : le prologue. Dans celui -ci on voit le Londres littéraire s'émouvoir du dernier roman d'Acton Bell, dont les deux frères sont aussi écrivains : « La recluse de Wildfell Hall ». On accuse son auteur de perversité, on dénonce la mauvaise influence qu'il pourrait avoir sur les femmes en les encourageant à fuir comme l'héroïne des maris dominateurs et violents et à se soustraire à leurs « devoirs d'épouse ».

Mais Acton, Current et Ellis Bell ne sont autres que les pseudonymes des trois soeurs Brontë. Ainsi, d‘emblée, on comprend dans quelle société patriarcale elles évoluaient, pourquoi elles ont été obligées de s'inventer des alter-egos masculins et comment elles ont livré un véritable combat et sont parties en guerre contre leur temps avec comme arme leur plume. On découvre aussi le rôle prépondérant (mais occulté) qu'eut Anne, la benjamine de la fratrie.

Le récit est poétique. Il utilise de nombreuses métaphores filées (le masque, le fantôme, l'oiseau, les plumes et le sang), une mise en page inventive qui s'affranchit des cases, et des couleurs vibrantes à la gouache bien loin des clichés de landes désertiques et hivernales qu'on associe aux écrits des Brontë.

« Brontëana » plaira aux amateurs des oeuvres des trois soeurs mais aussi aux autres car cette bio-graphique nous plonge à la fois dans l'écriture d'une aventure individuelle (celle d'Anne) et l'aventure d'écritures (celle des récits d'enfance puis de chacune des autrices) dans une mise en scène(s) intelligente du contexte social patriarcal.

Avec ses pinceaux et ses couleurs fauves et joyeuses, Paulina Spucches compose une très belle fresque qui permet à Anne de retrouver l'éclat dont on l'a privée et ne donne qu'une envie : se plonger dans ses romans et ceux de ses soeurs.
Chronique complète et interview de Paulina Spucches sur notre blog Bulles2dupondt.fr

Lien : https://bulles2dupondt.fr/20..
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