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Critique de LN


J'ai aimé Varg Veum, son humour, son intégrité, son humanité, son endurance. C'est un héros discret mais attachant. Les autres personnages sont tout aussi bien cernés, dotés d'un contour psychologique trop souvent absent de certains romans policiers, ils sont ici des personnages en prise avec leur époque, crédibles psychologiquement parlant, à l'image de cette jeune Marit, jeune femme seule dans le Oslo des années 90, attendant vainement quelques miettes amoureuses venues de son amant, homme marié influent.



« Mais son expression mélancolique, renforcée par les notes tristes de la chaîne hi-fi, la trahit. Ce n'était pas une fille d'Oslo de 1935 ou 1936. Sous la peau, elle avait l'Oslo des années 90 : sombre, agressif et déséquilibré. Rues obscures rendues acides par les gaz d'échappement ; passages souterrains aux murs couverts de graffitis racistes ; le bruit d'une bouteille brisée, le froufrou métallique d'une chaîne, le soupir à peine audible d'un cran d'arrêt qui s'ouvrait : aussi loin que possible des pistes immaculées, aussi loin du Sognsvann que Manhattan. » (p. 250)



A travers cette intrigue et ces personnages, Gunnar Staalesen nous livre une vision de la Norvège des années 90 (le roman est sorti là-bas en 1993) assez sombre : un système qui part à la dérive, une violence latente omniprésente, une pièce bouffonne se jouant en coulisses régie par des pantins incompétents…



« Les années 70, c'étaient celles des Maoïstes, les années 80 celles de la vague de droite, qui nous a tous rejetés sur la côte dans les années 90, les membres en petits morceaux et la nuque brisée. A qui appartiendront les années 90, Dieu seul le sait. (…)

Ce que tu vois là-dedans, Ove, c'est tout autre chose qu'une remise à zéro des compteurs historiques. C'est une civilisation en pleine déconfiture, la recherche perverse qu'a la société d'abondance d'un renouvellement constant de ses besoins d'excitants, un besoin de divertissement sans mesure. Et il est adapté à un monde où l'argent, c'est le pouvoir, et où la vie n'a plus de valeur propre. » (p. 291)



L'enquête policière frôle tous ces milieux liés au pouvoir et est menée avec brio, les chapitres courts permettant de ferrer le lecteur en captant toute son attention.



La narration, pour ne rien gâter, sait être à la fois lyrique, philosophique, sertie dans une construction impeccable à l'image de cette ultime phrase qui répond en écho à la première phrase du roman :



« La mort a de nombreux déguisements. Elle est venue me voir un jour de début septembre, sous le nom de Mons Vassenden. » (Première phrase)



« Mais ainsi va la vie. On ne peut pas se payer de garde du corps contre la mort. Personne n'en a les moyens. Et on reçoit rarement une lettre d'avertissement avant que tout ne soit terminé.

La mort a de nombreux déguisements. Mais on ne les reconnaît pas tous. Pas avant qu'il soit trop tard. Ça, il me l'avait appris, en tout cas, le héraut de l'automne. » (Fin du roman)



Du grand Staalesen...
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