Des filles habillées sexy, maquillées sans excès, défilent sans arrêt pendant 400 pages. Ce ne sont pas des prétendantes au prestigieux concours de Miss France. Pas davantage une plongée dans un bordel de luxe. Elles viennent voir soit leur ami, soit leur copain, leur amant, leur chéri, leur galant. Parfois tout à la fois.
Quelle chance il a ce mec! C'est vrai qu'il n'est pas mal, avec sa petite gueule de
Sami Frey qui aurait croisé
Dick Rivers (ou bien un avatar de
Cyril Collard). Pour vous donner une idée, ressortez les films d'ados des années 70 : l'hôtel de la plage de Michel Lang (lui c'est le petit copain vaguement attitré de la belle
Sophie Barjac) ou, mieux, l'argent de poche de Truffaut.
Staab, comme il était crédité au générique à l'époque, c'est ce beau gosse qui tombe toutes les filles de Terminale et à qui on aimerait ressembler, que l'on suit partout où il va, espérant que son aura rejaillira sur notre pauvre ombre, que parmi son tableau de chasse, on pourra récolter quelques donzelles consentantes, abandonnées assez vite par sa trop grande soif de tendresse, d'amour, tout simplement de caresses.
De la chance?
Celui qu'on surnomme Poisson-Chat collectionne les minettes, est chanteur d'un groupe prometteur et, surtout, grand fan des Beach Boys.
Une vie rêvée.
Jusqu'à cet accident de voiture, stupide.
Le beau gosse à qui la vie sourit devient en deux secondes tétraplégique.
Bruno de Stabenrath se raconte dans ce roman à peine déguisé. C'est lui. Son histoire. Et son expérience d'un an d'hôpital en réanimation puis dans un service de polytraumatisés.
Pas réjouissant.
La force de la plume de Staab réside dans sa légèreté, son inconstance parfois (
Stabenrath écrira quelques-uns des dialogues juteux entre chouchou et loulou dans la mini série « un gars une fille« ). Il y a du
Beigbeder dans cette prose-là. Et il réussit à faire passer la pilule. A grand coup de jeunes belles filles amoureuses. Ca défile comme un quatorze Juillet. Les chapitres s'enchainent, nombreux et courts. On n'est ni chez
Balzac ni chez
Proust. L'enjeu est ailleurs. Nous faire découvrir le monde de l'hôpital et de sa faune de jeunes gars cassés (à croire que les filles sont moins casse-cou).
Témoignage à demi ton. Alternant les chapitres à la première personne et ceux à la troisième, comme s'il se mettait en scène lui-même, possédant la capacité d'être son propre observateur.
Une erreur (une coquille?) m'a fait sourire :
Mike Brant, le chanteur à paillettes (qui n'a pas fini tétra, lui!) et non pas Brandt, le fabriquant de réfrigérateurs, comme l'orthographie Poisson-Chat.
« Il n'y a que la mort qui arrive à l'improviste ».