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Critique de lnmontcenis


De livre en livre, Jean Starobinski, peut-être le plus grand penseur du phénomène esthétique de la deuxième moitié du XXe siècle, accomplit le tour de force de nous surprendre. Qu''une telle intelligence, une telle sympathie pour les artistes, De Stendhal à Nietzsche, de Mozart à Bonnefoy, trouve à s''exprimer dans un style aussi limpide que lumineux, c''est un privilège dont nous lui sommes redevables et qui fait de notre temps un moment de création plus riche qu''on le prétend à l''ordinaire. Dans la tradition de ses écrits désormais classiques sur Rousseau, Montesquieu et ceux qu''il a dédiés à l''imaginaire de la Révolution française, le Maître de Genève nous découvre une clef cachée et inédite qui ouvre à la compréhension de notre civilisation : la présence envoûtante des ensorceleuses, mi-saintes mi-fées, de toutes ces femmes si musicales par elles-mêmes, Juliette, Elektra, Manon ou Lulu, à qui l''opéra a offert mieux qu''un miroir : une troisième vie, après les temps de la magie et ceux de la religion. Ou comment comprendre Poppée et l''assassinat, Alcina et les sortilèges, Juliette et sa déchéance...' Livre d''heures qui déborde le territoire de la stricte musicologie, "Les enchanteresses" donne aussi, grâce à la perspective de l'art lyrique, une vue magistrale sur l''évolution métaphysique de l''Europe, depuis la naissance des nations jusqu''au triomphe de l''individu, et le nihilisme qui le guette.
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