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Critique de isanne


"Un vague sentiment de perte" est un recueil de nouvelles.
Tout petit recueil par le nombre de pages mais grand par les questions qu'il fait naitre, qu'il provoque et les idées qu'il agite dans l'esprit à chaque fin de récit.
Quatre nouvelles, trois ne font que quelques pages mais là encore, c'est comme si l'écrivain avait condensé sa réflexion pour la rendre plus intense, pour rendre les dilemnes davantage palpables et malmener la tranquilité (imaginée !) de l'esprit du lecteur. La dernière nouvelle du recueil représente à elle seule la moitié du livre comme si alors qu'il était toujours allé directement où le sujet peut questionner, dans celle-ci, il avait choisi de prendre son temps pour que les questions se posent au fil des phrases, tout en lisant et pas juste à la fin du récit.
Le thème commun à tous ces textes est la mort.Mais pas la mort en tant que terreur ou effroi, plutôt comme la compagne du quotidioen, l'inéluctable avec laquelle il faut cheminer. Celle qui se pose comme un voile, petit à petit sur les existences et les recouvre doucement de son obscurité. Ce voile à travers lequel la grand-mère du narrateur aperçoit ceux qui sont partis, les écoute parfois et surtout tire de leur présence soudaine une prédiction de l'avenir proche : un peu comme si voir à travers ce voile, c'était être clairvoyant, c'était lire le lendemain à la lumière des présages.
Cette mort, comme un sommeil progressif est cette séparation lente qui emporte cette chienne dont l'existence a accompagné l'écrivain. Il ne reconnait plus vraiment cet animal fougueux avec lequel il a tant joué, avec lequel il a tout partagé. Et pourtant, malgré les aléas de l'âge, il ne veut pas hâter la fin, la choyant pour qu'elle glisse simplement vers un ailleurs dont lui-même se refuse à ouvrir la porte.
Cette mort est aussi le bout de la route de cet ami qui ne se souvient plus de ceux avec lesquels il a temps échangé d'idées, de théorises, ceux avec lesquels, il a argumenté sur tous les sujets... le voilà devenu mutique, n'abitant que l'intérieur de lui-même et n'offrant plus comme compagnie que l'ombre corporelle d'un esprit qui s'est refermé.
Cette mort, enfin, prévue à cause dela maladie, qui s'pprète à séparer ces deux amis d'enfance. L'un se reprochant sa lacheté et de ne savoir en toute compassion accompagner l'autre. La peur de regarder l'absence qui se personnifie, l'agacement de ne plus recnnaitre l'autre qu'on ne devine plus, quand il ne reste que les souvenirs de voyages, de découvertes partagés, de la vie refusée et celle choisie, quand il ne reste que le son de la guitare pour meubler les silences qui sont de plus en plus nombreux et comment accepter le choix de cet ami qui ajoute à l'abscence , la disparition, la demande d'oubli comme s'il voulait s'envoler loin de ceux qui ont peuplé son existence.

Andrzej Stasiuk nous oblige à méditer, à nous interroger, avec la tristesse et la nostalgie pour compagnes, avec la résignation comme fatalité.


(Septembre 2021)
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