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Critique de Merik


Nul ne peut marcher sur la mer, ça se saurait sinon, et si « d'ailleurs les poissons n'ont pas de pied » c'est pour cette raison, apprenait-on dans le premier volet.
Voici donc le deuxième tome du diptyque, de cette saga familiale islandaise sur trois générations qui m'avait plongé avec délice dans la prose lyrique et poétique de cet auteur. C'était en 2015 déjà, ma mémoire bancale m'a incité à m'y replonger avant d'aborder la suite (mais ça n'est peut-être pas forcément indispensable, l'on peut lire sereinement le tome 2, les rappels y sont suffisants... enfin à mon avis).

L'on retrouve la famille d'Ari, poète de retour à Keiflavik pour se rendre au chevet de son père, après avoir quitté 2 ans plus tôt femmes et enfants pour Copenhague, et n'y avoir trouvé que regrets. Revoici ses amours, ses amis, ses emmerdes. Les souvenirs de son oncle Pordur, sa grand-mère Magret. Entre autres bien sûr, car les personnages prolifèrent. Construit comme le précédent, le récit oscille entre jadis et aujourd'hui, et se permet même des incises. Avec pour lien en guise d'héritage à ses diverses époques la gifle, monumentale gifle qu'ils se sont parfois transmise de père en fils.

Mais là n'est pas l'essentiel. le livre ne peut être résumé, tant les histoires des habitants de Keflavik se croisent et s'entre-mêlent, en plus de celles de la famille d'Ari.

Il y est aussi et surtout question d'univers, dans cette suite à « D'ailleurs les poissons n'ont pas de pied".
Quoi de mieux comme titre qu'« A la mesure de l'univers » en effet, quand avec Jon Kalman Stefansson on a cette sensation unique de basculer dans un monde si particulier, islandais, mêlant à l'humanité fjords et poésie, mers et étoiles, anges et glaciers. Une Islande où il ne neige pas comme ici ou là, où il faut s'attendre à voir dans les flocons des signaux d'un au-delà.

L'univers de ce roman n'est donc pas que terre-à-terre. Avec sa prose poétique et son lyrisme en conducteurs, il semble étirer parfois le réel vers un ailleurs, comme s'il cherchait dans les différentes époques une raison à l'humanité.

« Ari ouvre les yeux au son d'un chant qui lui semble venu de très loin. Il met longtemps à se réveiller vraiment, en tout cas, suffisamment pour distinguer le sommeil de la veille, le rêve du réel, et voilà sans doute pourquoi, l'espace de quelques instants, il pense que cette mélodie n'est pas de notre monde, il pense que cette nuit, les frontières entre les univers ont été abolies et que maintenant, les défunts chantent à son intention, si magnifiquement, pour l'aider à sortir du sommeil et l'envelopper de douceur avant que la réalité ne le percute. »

En tout cas une chose est sûre avec cet auteur, les étoiles s'allument à chaque fois que je le lis, à commencer par celles de Babélio.
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