ATTENTION - Ce commentaire contient un élément clé de l'intrigue des tomes précédents, à savoir l'identité de Superior Spider-Man.
Ce tome contient les épisodes 17 à 21, tous écrits par
Dan Slott, initialement parus en 2013.
Ryan Stegman (encré par Livesay) dessine les épisodes 17 à 19.
Giuseppe Camuncoli (encré par
John Dell) dessine les épisodes 20 & 21.
Épisodes 17 à 19 - En 2099, à Nueva York, il se produit une tempête chronale qui oblige Spider-Man (Miguel O'Hara) à demander l'aide de Tyler Stone, le patron d'Alchemax. La source de la perturbation se trouve de nos jours à New York. O'Hara accompli le voyage temporel et se retrouve devant les laboratoires Horizons. La rencontre avec Superior Spider-Man est imminente.
Épisodes 20 & 21 - Superior Spider-Man croise (rapidement, le temps de 3 pages) le chemin de Black Cat (Felicia Hardy). Puis Peter Parker effectue la soutenance de sa thèse devant le jury qui comprend, entre autres, Don Lamaze (un ancien collègue d'Otto Octavius). Pendant ce temps là, Angelina Brancale (Stunner) a repris connaissance. Il s'agit de l'ancienne compagne d'Octavius et elle est fermement décidée à venger sa mort, causée par Spider-Man.
Étrange cette histoire de voyage dans le temps qui arrive comme un cheveu sur la soupe... Bien sûr, cela fait partie du jeu entre
Dan Slott et les lecteurs. Ces derniers recherchent dans chaque péripétie l'indice qui les mettra sur la voie du retour de Peter Parker. Est-ce qu'il y a là les prémisses de sa déconfiture à venir ? Et cette histoire de retour de Stunner, en quoi ça fait avancer l'intrigue ? À moins que là aussi il n'y ait un indice...
Mais il est aussi possible de continuer à apprécier cette itération de Spider-Man dans tout ce qu'elle a de supérieure.
Dan Slott ne s'est pas contenté de changer le nom du personnage principal et de transposer ses anciennes méthodes expéditives à sa nouvelle situation. Il dépeint Octavius comme un individu soucieux d'être efficace, comme un adulte qui sait que le temps ne se rattrape jamais, et qu'il vaut mieux faire bien du premier coup. Toujours aussi malin, Slott réussit également à renouveler les situations dans lesquelles Octavius se retrouve en compétition avec Peter Parker, où il doit prouver que ses capacités intellectuelles sont supérieures à celle de Parker (très beau suspense dans l'histoire où il doit retrouver comment neutraliser les vibrations du reverbium). Encore plus habile, il met le Spider-Man supérieur face à une personne qui aimait Otto Octavius. Il s'en suit un dilemme cornélien pour Octavius. Slott n'oublie pas la vie privée de Peter Parker, avec sa soutenance de thèse, ses relations avec Anna Maria Marconi. Et il pimente tout ça avec l'avancée de l'enquête menée par Yuri Watanabe et Carlie Ellen Cooper.
Le lecteur plonge donc dans des histoires denses et concises, mettant en valeur la personnalité d'Otto Octavius, et les difficultés auxquelles il doit faire face pour se montrer à la hauteur du défi qu'il s'est lancé. Slott porte un regard décidemment pénétrant sur ce personnage, en particulier dans la manière organique avec laquelle il montre qu'il est difficile de se débarrasser de ses mauvaises habitudes, (Octavius ayant recours à ses méthodes habituelles, hommes de main et bras mécaniques). Avec tout ça, l'arrivée de Spider-Man 2099 devient une intrigue secondaire agréable, sans donner l'impression d'être un expédient artificiel pour scénariste en panne d'inspiration.
Les 3 premiers épisodes voient le retour de
Ryan Stegman. L'influence de
Todd McFarlane s'est un peu estompée pour laisser place à des dessins plus personnels. Stegman a l'art et la manière de mettre les acrobaties de Spider-Man en valeur et de nimber ce personnage d'une aura légèrement inquiétante, rappelant qu'il ne s'agit pas du Spider-Man habituel et que ses réactions peuvent être imprévisibles. La densité et la qualité des arrières plans sont satisfaisantes, et Stegman maîtrise l'art de masquer leur absence par des cadrages judicieux (personnages en premier plan occupant tout l'espace de la case), ou par des effets spéciaux tels que le flux de chronotons. Il a conservé sa façon de dessiner les visages avec des codes empruntés aux mangas (yeux un peu plus grands et coiffures en pétard), mais sans systématiser leur usage.
Par comparaison avec Stegman,
Giuseppe Camuncoli porte une attention un peu supérieure aux décors, et réalise des dessins un peu plus réalistes, tout en restant fort éloigné du photoréalisme. Ses personnages apparaissent donc un peu plus adultes, moins vus par le biais d'un esthétisme frappé du coin du jeunisme. Les scènes d'interaction entre les personnages gagnent en crédibilité et en émotions. Camuncoli sait rendre Anna Maria Maconi incroyablement séduisante, sans rien gommer de sa petite taille, sans tomber non plus dans une visualisation qui la ferait ressembler à une enfant.
La séquence mettant face à face Otto Octavius et Angelina Brancale rend palpables leurs émotions, avec délicatesse, sans tourner les personnages en ridicule (malgré leur apparence peu séduisante). du fait de cette composante réaliste légèrement plus soutenue, les aspects superhéros de l'histoire ressortent, par contraste, avec plus d'intensité, que ce soit les acrobaties de Spider-Man, où la très belle séquence de piquenique sur une toile d'araignée tendue entre des immeubles. Il faut souligner que
Dan Slott a bien pensé le côté visuel de ses scénarios.
Ce quatrième tome des aventures du Superior Spider-Man confirme que
Dan Slott a conçu une histoire dans laquelle les personnages sont aussi importants que l'intrigue, où il dose avec maestria chaque ingrédient pour que l'histoire progresse, sans donner l'impression d'étirer artificiellement cette configuration.