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Critique de Lasseube


Autant j'ai trouvé le recueil de nouvelles « La grande vallée » d'une remarquable finesse, d'une délicate poésie, d'une profonde humanité, autant ce gros pavé de plus de sept cent pages, se présentant comme une saga familiale couvrant trois générations, m'apparaît (en dépit de son ampleur) une création plus frustre. L'ouvrage commence d'ailleurs de manière assez laborieuse, au point de donner la sensation d'un puzzle dont on doit assembler peu à peu les éléments. le ton est assez empesé, parfois didactique et moralisant, le romancier s'autorisant en interludes au fil de son roman des digressions philosophiques sur le sens du bien et du mal, logorrhée qui nuit à la spontanéité et à la fluidité littéraires du récit. Comme chez Dostoïevsky, les personnages sont schématiques. Soyons franc : on sent que l'auteur, assis en 1952 sur sa notoriété, essaie de réaliser ici le grand ouvrage qui fera date. « C'est “le livre” écrira-t-il d'ailleurs lui-même en marge : j'y ai mis tout ce que je voulais écrire toute ma vie ». Et le fait que cette somme, d'évidence très pensée par l'auteur, respire l'élaboration savante. Mais il y manque la légèreté, la spontanéité, la fraîcheur que l'on avait si hautement appréciées dans ses nouvelles. Au risque de paraître cruel, on peut dire que l'esprit de sérieux contamine ici son talent. L'ambition de réaliser quelque chose de grand, appesantissant sa littérature, adultère complètement le charme. Chardonne avait très bien saisi : c'est dans l'infime que réside le vaste, le léger que se loge le profond, ce que rappelle à sa manière la parole prophétique rapportée par saint Luc : « ce qui est haut chez les hommes, Dieu l'a en horreur ».
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