Ce qui frappe d'abord, c'est la structure de narration originale adoptée par
Viveca Sten. Très vite, on est au courant d'un certain nombre de faits, on devine ce qui va arriver, et on assiste impuissant aux catastrophes qui finalement surviennent. Ainsi Nora a un procès important, mais elle a mal préparé son dossier car tout repose sur le témoignage d'une seule personne. Et si cette personne se rétractait au procès? Elle va se rétracter, et Nora va aller dans le mur. Comment Nora peut-elle surmonter cela? Alors même qu'elle se fâche avec Jonas, son futur mari qui reste bloqué au bout du monde. Et il y a Benjamin, 11 ans, qui participe à un camp de voile, contre son gré. D'entrée, il est maltraité par deux ados plus âgés, mais on voit arriver d'autres menaces, bien plus graves, peser sur lui, puis le drame le frappe. Benjamin disparait. Peut-on le retrouver sain et sauf?
Thomas enquête. Il est plein de bonne volonté, comme d'habitude, mais on sait tout de suite qu'il part à toute allure sur une fausse piste, et que ce n'est pas comme cela qu'il va trouver le vrai coupable et retrouver Benjamin. On est navré pour lui. de plus la situation est tendue avec Pernilla, son épouse, très prise par son nouveau métier. Dans les trois premiers quarts du roman, l'auteur nous torture avec ces trois actions en parallèle: Nora va perdre son procès, Benjamin va disparaître à jamais et Thomas ne va pas trouver le bon coupable. C'est habile comme procédé, et ça marche. Surtout que ce qu'on prenait comme certain ne l'est pas et que les retournements de situation et rebondissements vont arriver dans le dernier quart du livre. Avec en bonus, la touche d'émotion finale.
C'est bien écrit, c'est simple et c'est prenant. Et on aime bien retrouver Nora, Jonas, Thomas et Pernilla. Ici pas de tueur psychopathe, de cadavres en série, d'intrigue alambiquée ou de retour dans un lointain passé. le lecteur de polars que je suis, fatigué de tous ces romans à la mode à la fois invraisemblables et horribles, a trouvé dans la lecture d'Au nom de la vérité un grand plaisir.