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Citations sur L'île des disparus, tome 2 : Le secret du brouillard (7)

Österman m'a toujours fait penser à l'un de ces arbres courbés par les intempéries, qui poussent sur les îlots de l'archipel. Un corps fort et noueux, mince, presque décharné, et marqué par le vent qu'il affronte sans cligner des yeux. Je ne l'ai jamais vu autrement qu'avec son ciré bleu et ses cheveux argentés coupés court.
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Je fixe la surface de l’eau. Ou plutôt, j’essaie. Avec l’épais brouillard qui engloutit la mer, on n’y voit pas à plus de deux mètres. Mon souffle résonne plus fort que d’habitude, comme si j’étais enfermée dans un espace clos. C’est à cause de la brume. J’ai beau le savoir, je ne trouve pas ça moins étrange.
Elle inonde tout. Elle isole tous les bruits et enveloppe le monde dans du coton, un duvet non pas blanc et doux mais froid et humide, une masse grisâtre, mouillée, qui étouffe le reste. J’ai l’impression de ne pas avoir été au sec depuis des semaines, l’humidité se glisse dans mes vêtements et me plaque les cheveux sur le front. Même mon blouson ne parvient pas à sécher, alors que je l’accroche au-dessus du radiateur dès que je rentre de l’école.
Tandis que je marche vers le ponton, les cailloux de la plage crissent sous les semelles de mes bottines. Je plonge mon regard dans la brume, dans l’espoir vain de voir quelque chose à travers l’air chargé de gouttelettes. Le bateau-bus ne devrait-il pas être arrivé ?
Voilà bientôt près de trois semaines que ça dure. Par moments, le voile semble sur le point de se dissiper, et chaque fois j’entends quelqu’un lancer une banalité irritante, du style : « Là, regardez, enfin ! » Mais le nuage ne se lève pas. Il s’allège simplement pour s’épaissir de plus belle, nous laissant errer comme des fantômes dans un monde irréel, où les bruits sont étouffés et les contours, floutés.
Je me force à ne pas penser d’où vient ce brouillard. Ni à quel point il est surnaturel.
Il y a quelques jours, ils en ont même parlé aux infos. Maman a bien voulu que je regarde pendant le dîner. Le journaliste a interrogé un gros bonhomme avec des lunettes rectangulaires, qui a parlé du réchauffement climatique, de la pollution atmosphérique et de la grave pollution de la mer Baltique. Tout ça pourrait avoir un lien avec cette étrange météo, disait-il, sans donner d’explication plus claire.
En conclusion, le journaliste lui a demandé :
– Que peut-on dire avec certitude des raisons de ce phénomène ?
Le bonhomme a lâché un rire, remonté ses lunettes sur son nez et répondu :
– Avec certitude ? On peut dire que c’est… très étrange. Un écart statistique jamais observé jusque-là.
Je crois entendre le bruit du moteur, tends l’oreille, mais rien. Où est passé le bateau-bus ? Österman devrait être là depuis longtemps. Je vais être en retard à l’école.
Impatiente, je donne un coup de pied dans un caillou et le regarde voler puis tomber presque sans bruit dans l’eau.
Si seulement je pouvais retirer mon blouson et mon jean, et me glisser dans la mer. Sous la surface, tout est vivant, rien n’échappe à mon oreille. Je perçois les sons, les sens sur ma peau, les flaire. J’entends les bateaux qui sillonnent les bras de mer entre les îles de l’archipel et les ferries pour la Finlande qui s’acheminent vers la Baltique. Je sens même le souffle des algues oscillant dans le courant, et les bancs de petits poissons filant dans toutes les directions.
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Les professeurs, c'est pareil. Impossible de les imaginer hors des murs de l'école. Un jour, j'ai vu Lena au supermarché de Stavsnäs, où je faisais les courses avec maman. Je me suis cachée, toute gênée. Elle était avec un homme et portait des vêtements très différents de quand elle nous fait cours.
Le fait qu'elle ait une vie privée ne m'avait jamais traversé l'esprit. Qu'elle puisse vivre quelque part, porter des chaussures à talons et rire avec un homme en l’enlaçant... Tout ça me semblait bizarre.
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- Ce n'est pas à toi de sauver ta maman, Tuva. Ni qui que ce soit. Je refuse que l'on vienne t'imposer tous nos problèmes. Tu n'as pas à porter ce fardeau. Tu es une enfant. Peu importe qui tu es et ce dont tu es capable, tu dois rester une enfant.
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Tu pensais savoir, murmure-t-elle dans ma tête. Mais il y a une différence entre savoir et penser savoir.
Savoir, c'est choisir. Or choisir, c'est vivre. Il est temps maintenant pour toi de choisir.
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Il n’avait que dix-sept ans. Il ne voulait pas mourir.
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J'ignore ce que je m'étais imaginé à propos d'Österman. A vrai dire, je n'ai jamais pensé que, comme tout le monde, il a une maison. Alors que je sais qu'il habite sur Harö, la même île que moi. Je suis sans doute passée devant chez lui plein de fois sans même me douter qu'il vivait là.
Les professeurs, c'est pareil. Impossible de les imaginer hors des murs de l'école. Un jour, j'ai vu Léna au supermarché de Stavsnäs, où je faisais les courses avec maman. Je me suis cachée, toute gênée. Elle était avec un homme et portait des vêtements très différents de quand elle nous fait cours.
Le fait qu'elle ait une vie privée ne m'avait jamais traversé l'esprit. Qu'elle puisse vivre quelque part, porter des chaussures à talons et rire avec un homme en l'enlaçant... Tout ça me semblait bizarre.
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