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Critique de kuroineko


La Floride... sa météo clémente (quand il n'y a pas de tempête)... ses couchers de soleil sur le Golfe... la plage... farniente... le bruissement des vagues...
Mais voilà, le maître à bord s'appelle Stephen King et dans ce cadre idyllique apparaissent des failles par où les ombres s'immiscent.
La célébrité du Maine a délaissé le temps d'un roman son État fétiche pour installer ses protagonistes dans le Minnesota (au tout début). Son narrateur, Edgar Freemantle, dirige une entreprise spécialisée dans le bâtiment. Lors d'une visite sur un de ses chantiers, un terrible accident survient: une grue passe sur sa voiture. Ce qui aurait dû le tuer le laisse manchot et gravement traumatisé au niveau cérébral. C'est ce point de départ dramatique, et la lente et douloureuse remontée vers la guérison, qui amènera le personnage sur l'île de Duma Key,  en Floride.

Une fois de plus, Stephen King réalise ce qu'il fait le mieux: raconter une bonne histoire à son lectorat. Le livre a beau faire 850 et quelques pages dans sa version poche, les pages s'envolent à tire d'aile. Intrigues principale comme secondaires, structure narrative, tout est mené avec dextérité et efficacité.
King aborde ici des thèmes fort intéressants, dont certains parcourent son oeuvre depuis plusieurs décennies. C'est le cas notamment pour celui de l'art, de la création artistique et de son pouvoir en général. Dans Duma Key, il opte pour le dessin et la peinture. Mais il nous a déjà offert ses réflexions sur la création à-travers ses personnages écrivains, comme dans La part des ténèbres, Shining ou encore Ça. D'où vient l'inspiration créatrice? Quels pouvoirs contient-t-elle? Quelle est la responsabilité du créateur vis-à-vis de son oeuvre et de ses conséquences? Autant de questionnements qui parsèment l'univers littéraire de Stephen King (et de nombreux autres auteurs bien sûr). Duma Key apporte des éléments de réponse très intéressants sur ce point.

Le thème du traumatisme physique et psychologique après un grave accident occupe également une place importante dans le roman. La narration se faisant à la première personne du singulier, on suit les différentes étapes du processus de guérison d'Edgar. Ce personnage m'a beaucoup plu et j'ai ressenti une vive empathie pour les épreuves qu'il subit. King fait ressentir les affres de la douleur traversés. L'esprit comme le corps souffre terriblement et revenir de cet accident est en soi un roman complet. Pour être passé par là suite à l'accident qui a failli lui coûter la vie en 1999, King sait de quoi il parle. D'où la justesse des propos d'Edgar (et aussi ce recours à une narration en "je" sans doute).

Les autres thèmes offrent des récurrences avec son matériau horrifique. J'admire sa capacité à se renouveler, en instillant l'épouvante dans le quotidien. Il sait faire et le fait bien. Je me suis laissée totalement embarquer dans son périple floridien. J'ai infiniment apprécié les histoires liées à cette île de Duma Key. J'ai aimé les rencontres que fait Edgar sur ce lieu. En particulier Wireman ainsi que la vieille Elisabeth dont il s'occupe. King met beaucoup d'émotions dans ces personnages et on referme le livre en ayant l'impression de perdre des amis. L'amitié est un autre thème majeur dans l'oeuvre de King. S'il est maître ès horreur, il l'est également pour présenter de forts rapports amicaux qui dégagent une indéniable chaleur.

Duma Key est au final une lecture immersive et passionnante. Que dire d'autre sinon "Merci Monsieur King!"? Peut-être "Encore!", tout simplement.
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