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Critique de Rodin_Marcel


Shane Stevens - « L'Heure des loups » publié aux éditions Sonatine en 2011, dans une traduction réalisée par une certaine Edith Ochs (titre original « the anvil chorus », cop. 1985).

L'intrigue se déroule en 1975, à une époque où le mur de Berlin existe encore et coupe l'Europe en deux blocs hostiles. le personnage central est l'inspecteur César Dreyfus (juif alsacien, lointain parent du capitaine Dreyfus), dont les parents furent exterminés à Auschwitz. le meurtre sur lequel il enquête concerne un certain Dieter Bock, ancien haut-gradé de la SS, membre de la garde rapprochée de Himmler, vivant en France depuis quelques années.

Au fil des pages, l'auteur délivre un véritable cours d'histoire sur ce que fut la SS, sur ce que devinrent les hauts dignitaires nazis (dont bien peu furent significativement punis après la guerre), comment ils échappèrent à toute sanction pour redevenir de respectables citoyens. le roman est dédié à Serge et Beate Klarsfeld, nommément mis en scène à la page 250 (chapitre 10).

Sans pour autant tomber dans le stupide roman d'espionnage, l'auteur montre comment l'enchaînement de meurtres d'anciens dignitaires SS secoue tous les services secrets européens, jusqu'en Allemagne de l'Est (ex RDA-DDR), comment les services israéliens finissent aussi par intervenir directement, curieusement pour tenter de faire cesser l'enquête. Se déploie peu à peu un écheveau d'une grande complexité, car chacun tente de manipuler l'inspecteur Dreyfus, chacun ment, chacun dissimule ce qui lui semble susceptible de lui porter ombrage.

Les évènements contemporains de l'enquête (le massacre des athlètes israéliens aux J.O. de Munich) ou survenus depuis 1945 (la guerre d'Algérie) se mêlent aussi dans l'intrigue, et l'auteur parvient à rendre compte de cet imbroglio géopolitique avec une grande maîtrise. N'oublions pas de mentionner le personnage féminin... même s'il est un peu dommage que l'auteur ait rajouté une intrigue plus ou moins sentimentale et une autre plus ou moins psychologisante, car ceci vient encore complexifier un récit déjà très dense, mais il faut convenir que tous les ingrédients viennent à propos.

D'après la présentation éditoriale, ce roman aurait été écrit en anglais par un citoyen des Etats-Unis, puis traduit en français (excellente traduction). le récit témoigne cependant d'une profonde et étonnante connaissance des us et coutumes de la population et de la police françaises, du centre de Paris, des rouages de l'administration de notre beau pays, ainsi que de sa culture ; manifestement, l'auteur a soit potassé son sujet à fond, soit bénéficié des avis d'amis français, soit tout simplement vécu suffisamment longtemps en France.

Un véritable tour de force. Comme tout bon roman, résiste haut la main à une relecture.
Etonnant.
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