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Critique de Sachenka


Quelle aventure ! de Robert Louis Stevenson, j'avais lu enfant « L'île au trésor » puis adolescent « Dr Jekyll et M. Hyde ». C'était tout. Récemment, je suis tombé sur un autre livre du même auteur, « le Maître de Ballantrae ». Pourquoi pas, me suis-je dit. En lisant l'avant-propos, j'ai appris qu'il s'agissait de son oeuvre la plus aboutie. Encore mieux. Je l'ai lu, j'ai adoré et j'en suis encore tout imprégné. Je confirme, il s'agit de son oeuvre la mieux réussie – et ce n'est pas peu dire ! –, une des plus passionnantes histoires que j'ai lues, tout auteur confondu. Ce roman est en fait une longue narration d'Ephraïm MacKellar, fidèle régisseur du domaine Durrisdeer, frappé par les luttes fraternelles. Quelques lettres du colonel Burke viendront combler les pièces manquantes.

En 1745, alors que le prétendant au trône d'Écosse Charles Stuart veut disputer sa couronne au roi d'Angleterre, lord Durrisdeer veut lui apporter son soutien mais ne veut pas tout perdre si la révolte jacobite échoue. Heureusement, il a deux fils. Pile ou face ? C'est l'aîné, James, le maître de Ballantrae, qui ira se battre. Mais, après la défaite de Culloden, ce dernier doit chercher refuge à l'étranger. Ainsi, son cadet Henry resté fidèle au roi Georges peut dorénavant jouir du manoir et des titres de noblesse de la famille. Ici commencent les vraies péripéties. Dans sa fuite, Ballantrae est capturé par des pirates et se voit forcé de devenir l'un des leurs. Il réussit à s'échapper du côté de New York et, de là, il parvient à se faire un chemin jusqu'à Paris où il trouve une position honorable. Mais le destin s'acharne sur lui et il doit à nouveau se faire un nom, dans les Indes britanniques cette fois-ci. Pendant toutes ces années, Ballantrae n'aura cesse de tourmenter son cadet pour lui rappeler qu'il lui doit sa position et pour lui soutirer de l'argent. C'est le début d'une longue lutte entre les deux frères qui se terminera dramatiquement sur les rives de la rivière Hudson.

Milord Henry est effacé, terne, ennuyeux, presque maladif. Il éprouve beaucoup de difficulté à tenir tête à son frère le maître de Ballantrae, vif, courageux et flamboyant. D'autant plus que la préférence du père semble aller à l'aîné et que même Milady Alison (fiancée à James avant sa démise) et sa fille Katharine ne peuvent s'empêcher que d'être séduites par cet homme plus grand que nature. Cette oeuvre est une véritable étude de caractères.

Si Ballantrae peut se montrer cruel et machiavélique, il n'en demeure pas moins un personnage sympathique. le lecteur, même s'il le redoute, ne peut s'empêcher de s'émouvoir sur son compte et espérer qu'il survive à toutes les péripéties que le destin lui envoie. Et que lui-même provoque, parfois… D'une rivalité grandissante entre frères – les protagonistes allant même jusqu'à comparer leur situation avec le récit biblique d'Esaü et Jacob, fils d'Isaac –, le récit s'engage dans une lutte entre le Bien et le Mal.

Ainsi, même s'il nous fait voyager des Highlands d'Écosse au Nouveau Monde, sur l'océan Atlantique et mêmes jusque dans les Indes, « le Maître de Ballantrae » est beaucoup plus qu'un simple roman d'aventures. Cette histoire peut sembler complexe mais, étonnamment, elle se lit facilement. La narration de MacKellar y est pour beaucoup. Il s'en tient à l'essentiel et se permet, ça et là, d'apporter quelques explications nécessaires à la bonne compréhension de son récit. Rien de superflu ! du grand art ! Aussi, il réussit à nous livrer fidèlement les états d'âmes et les passions de chacun des personnages, à nous y faire croire et parfois même à nous les faire vivre. Évidemment, derrière la plume du régisseur se trouve celle de Stevenson, un grand maître de la littérature.
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