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Critique de Nastasia-B


Un peu partout dans le monde, dans les diverses sociétés et depuis l'aube des temps, le mythe de l'homme double ou de l'homme au double visage a hanté l'humanité. Probablement aussi parce que la tradition veut que les visages et les personnalités constitutives de ce couple soit diamétralement opposées et que l'on ne sache jamais trop par avance à laquelle on aura affaire. C'est vrai, c'est inquiétant, que ce soit avec nos amis ou avec quiconque d'ailleurs, on aime bien savoir si c'est du lard ou du cochon et la duplicité de l'interlocuteur est toujours quelque chose de très mal vécu et de foncièrement angoissant. de l'exemple fameux du dieu Janus des Romains à l'incroyable Hulk des séries américaines en passant par une myriade de loups-garous et autres dieux ou héros polymorphes d'ici ou d'autre part, tous ont eu la part belle dans l'imaginaire collectif.
Au XIXème siècle, quelques écrivains ont su donner chair à ces mythes, ces récits fondateurs de l'humanité, il y eut Johann Wolfgang von Goethe avec son mythe de l'apprenti sorcier, il y eut Mary Shelley avec son Frankenstein ou le Prométhée moderne et il eut Robert Louis Stevenson avec son étrange cas du Docteur Jekyll et de Mister Hyde.
Mais ce que l'auteur réussit parfaitement, c'est à glisser son doigt sous notre épiderme et à nous faire sentir qu'en chacun de nous, deux êtres (au moins) sommeillent. L'un franchement plus reluisant que l'autre, qu'on n'ose pas trop montrer et qui nous fait honte parfois, mais qui est pourtant tellement constitutif de nous-même.
Un peu à l'image du héros de Kafka dans le Procès, Stevenson fait vivre au personnage intègre de l'avoué Utterson la douloureuse expérience d'une introspection minutieuse de son passé. Je vous restitue le passage en question :

« Tout en continuant à cheminer, il réfléchit un moment à son propre passé. Il explora les moindres recoins de sa mémoire. Sait-on jamais ? N'aurait-il pas commis jadis quelque iniquité qui, tel un diablotin, pouvait toujours resurgir ? À première vue, son passé semblait pur, et il aurait dû pouvoir scruter le sans broncher. En réalité, il était atterré et tremblait à l'énumération de ses fautes. Comme elles paraissaient nombreuses ! »

Évidemment, cela chatouille forcément quelque chose de nous-même et cette nouvelle est une véritable orfèvrerie. le message de R. L. Stevenson pourrait être "en chacun de nous, un Mr. Hyde sommeille, et ce Mr Hyde fait peur, à tout le monde, mais surtout à nous-même". Bien sûr, le suspense voulu par l'auteur a forcément pâti de la notoriété de l'ouvrage et l'identité cachée de Hyde (Hyde rappelle tellement le verbe to hide que ce n'est presque plus un jeu de mots) ne fait guère de doute pour le lecteur du XXIème siècle, mais tel ne fut pas toujours le cas, notamment à sa sortie en 1886.
C'est donc une narration bien menée et qui possède de fort nombreuses qualités, qui conserve toute sa fraîcheur et qu'on aurait tort de se priver d'encore lire ou relire, mais tout ceci n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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