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Critique de Eve-Yeshe




Alice, qui était professeur de français, a quitté Cambrai, pour emménager à Paris, à la demande de sa fille qui a fait un « riche mariage ». Ce n'est pas pour autant qu'elle s'y sent à l'aise, tant dans la belle-famille que dans la ville. Elle s'ennuie et se réfugie dans ses chers livres.

Un jour, en se rendant dans un salon de thé, il y a méprise, on lui propose un massage Shiatsu, car en fait la personne qui avait rendez-vous ne s'est pas présentée. Elle se retrouve, en pyjama traditionnel entre les mains de Akifumi, et parvient à se détendre suffisamment pour laisser parler son corps, sa peau…

Les vannes vont s'ouvrir, et les souvenirs, les émotions enfouies vont remonter, et elle accepte de les laisser remonter. Cela va devenir un rendez-vous quotidien, car ce contact physique entre les mains de cet homme et sa peau lui ouvre d'autres horizons. On se rend compte alors qu'elle a subi la violence, physique et verbale dès la prime enfance, s'est retrouvée enceinte très jeune, et mis à la porte par son père. Elle ne s'est jamais sentie aimée, pas plus par le père de sa fille, que par ses parents, ses collègues…

Très vite, elle fait des rêves érotiques et décide d'apprendre le japonais, pour pouvoir écrire une lettre à Akifumi, car il y a la barrière de la langue, lettre qu'elle lui enverra ou pas…

Dois-je poster cette lettre ? Je ne sais si vous devez la lire, mais je n'ai d'autre choix que de l'écrire. Sinon, je vais m'étouffer de tous ces mots retenus.

Au départ, je ne la trouvais pas très sympathique, elle ne fait rien pour être « aimable », dans le sens, se faire aimer, mais au fur et à mesure que j'avançais dans la lecture, j'ai eu de la tendresse pour ses failles, ses émotions, sa manière d'être le moins possible visible, fondue dans la masse.

J'ai aimé la manière dont elle parle de la littérature japonaise : Mishima, Tanizaki, Kenzaburô Ôé, Shikibu en faisant un clin d'oeil en passant à Murakami, et la manière dont elle parle des « belles endormies » de Kawabata, qui m'a marquée lorsque je l'ai découvert, il y a longtemps :

Et « Les belles endormies » de Kawabata, j'ai pensé que ces jeunes geishas endormies dans un bordel pour que les vieillards les admirent comme on regarde sa jeunesse perdue, me parlaient de ma vie, du temps que j'ai laissé filer, en le sachant, oui, mais ne pouvant m'offrir mieux de peur de souffrir…

Sa manière de parler du Japon, de sa culture, de sa langue m'a plu car ce pays exerce une fascination sur moi, depuis longtemps, de Kawabata à Murikami, en passant par les maîtres Zen, comme Maître Deshimaru, par exemple, des Haïkus à l'Origami en passant par l'Ikebana…

Je suis juste un peu intriguée par le fait qu'elle ait pu faire autant de progrès en japonais en à peine un an et de pouvoir lire et apprécier les haïkus en japonais…

L'idée du roman épistolaire me plaît toujours, et m'a fait penser, au passage, à « lettre d'une inconnue » de mon cher Stefan Zweig. Ce texte est plein de poésie de sensualité et de tendresse. C'et la première fois que j'ouvre un livre d'Amanda Sthers que je snobais jusqu'à présent, et cela a été une très belle découverte. Je ne sais pas si précédents livres sont de la même mouture, mais, en tout cas, j'ai envie de renouveler l'expérience.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Grasset qui m'ont permis de découvre ce roman épistolaire et son auteure.

#Lettredamoursansledire #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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