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Critique de Gwen21


Je n'ai jamais été particulièrement attirée par la thématique des vampires mais disons que dans ma quête de connaissance des classiques de la littérature internationale, je ne voyais pas d'un mauvais oeil le fait de clouer Dracula à mon tableau de chasse.

Quitte à lire une histoire de vampire, autant commencer par le commencement, non ? Alors, ça y est, c'est fait.

Le style de Bram Stoker est très "XIXème siècle" (comprendra qui voudra, cette expression ne signifiant pas grand chose mais étant évocatrice), très gothique (comprendre un bon compromis entre fantastique et noirceur) et assez marquant même si pour moi l'écriture traîne souvent en longueur, plombant le rythme à plus d'une occasion. En clair, le récit m'a paru beaucoup trop long. Sur les 500 pages que compte l'édition "J'ai lu" que j'ai eue entre les mains, j'en aurais volontiers retranché un tiers.

Pourtant, ça commençait plutôt bien, avec le journal de Jonathan Harker, ce jeune avoué envoyé en Transylvanie chez l'un des clients de son étude, le mystérieux comte Dracula... Connaissant bien la Roumanie (l'ancienne grande Hongrie à cette époque), les Carpates, la Transylvanie, etc... j'ai beaucoup aimé me retrouver dans des paysages évocateurs. D'ailleurs, s'il y a une contrée d'Europe orientale qui peut se prêter à une atmosphère fantastique, c'est bien celle-ci ! A cet égard, je trouve que Bram Stoker aurait souvent pu davantage "forcer le trait". Toute la première partie du roman où Jonathan est l'hôte contraint du comte Dracula m'a vraiment tenue en haleine, j'ai frissonné, j'ai eu peur...

Hélas, tel un soufflet au fromage qu'on laisse refroidir à sa sortie du four, le récit s'est progressivement "dégonflé", laissant peu à peu place à l'ennui. J'ai encore été réceptive jusqu'à la tragédie qui frappe Lucy mais ensuite, je n'ai plus ressenti de frayeur et je me suis lassée de la narration indirecte où l'action passe entièrement par le croisement des journaux et chroniques écrites par les différents protagonistes ; cela gâche, à mon sens, une grande part de la spontanéité de l'aventure car évidemment quand vous lisez un journal qui vous narre ce qui vient de se passer, vous savez que celui qui écrit ledit journal en a "réchappé" et s'il ne commence pas son récit par des "Oh, mon Dieu, oh, terrible Humanité, etc.", c'est que dans l'ensemble tout va bien, vous me suivez ?

Saupoudrez là-dessus une misogynie condescendante très XIXème, à peine voilée par le pudique écran d'une romantique galanterie et des sentiments étrangement intenses étant donnée leur soudaineté (les protagonistes vont en effet devenir aussi unis que les doigts de la main en seulement quelques instants alors que peu d'entre eux ont un passé commun par lequel une réelle amitié peut s'enraciner en toute légitimité)... Ainsi, aussi singulier que cela puisse paraître, je n'ai pas du tout été touchée par le sort de Mina. Cette jeune personne qui est pourtant le pivot du roman et qui fait l'admiration de tous les protagonistes, pour laquelle se déchaînent passions et dévotions m'a complètement laissée de glace, voire m'a agacée. Partant de là, difficile de compatir et difficile de rendre le péril qui la menace crédible à mes yeux.

Enfin, et c'est sans doute pour cette ultime raison que je n'ai pas été entièrement séduite par cette oeuvre (même si je ne peux pas affirmer dans le même temps ne pas avoir aimé), je n'ai pas honte de dire que je n'ai pas tout compris ! Par exemple, comment Jonathan réussit à s'évader du château du comte où il est tenu prisonnier, ou le rôle de Renfield, le patient du Dr Seward, ou encore le dernier chapitre (dommage, sans doute est-ce la clé du récit ?) qui sonne comme un prologue déguisé en épilogue. Enfin, j'avoue être passée à côté de la plupart des raisonnements du Pr van Helsing quant à ses théories sur les non-morts...

Alors, oui, ce roman m'a partiellement captivée, non, ce roman ne m'a pas complètement bouleversée, oui, je pense que je l'oublierai assez rapidement, non, je ne regrette pas de l'avoir découvert et oui et non, ce récit est obscur, mystérieux et envoûtant (ça dépend des moments).

Dracula illustre ni plus ni moins que l'éternelle lutte entre le Bien et le Mal, entre Dieu et le Diable et ce roman plante en profondeur le mythe d'une humanité partagée entre les mortels et les immortels. S'il a servi de terreau à tout un genre littéraire, c'est qu'il est riche en éléments fantastiques qui ravivent la soif de l'homme pour une nature humaine divinisée, moins terrestre, moins fugace, moins humble... sans pour autant se démarquer suffisamment de la superstition ce qui, à mon sens, lui nuit.


Challenge AUTOUR DU MONDE
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