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Critique de Aufildeslivres


Entre poussières de la mine, chômage et malveillance, l'air est vicié, le ciel plombé. En face, la haine se crache au visage, dans les parages on se moque, on profite. Agnes, perchée sur ses hauts talons, les ongles peints, les cheveux laqués dérange. Affublées de deux fils dont un se déhanche comme une tapette, elle trinque à ses manques. Il faut vivre, gagner plus que les carnets des allocs pour couler au fond du gosier cet alcool qui noie et efface ; Agnes couche, s'oublie. Elle s'inonde les boyaux, rit puis se fâche rabrouant le premier qui s'oppose. Alors ils composent, Leek et Shuggie, ses garçons, gardant le ventre vide et l'espoir incertain.

D'une réalité à couper le souffle, ce roman n'épargne aucunement le lecteur. Il immerge dans la détresse d'une mère malade alcoolique et de ses enfants qui chercheront coûte que coûte à l'aider. La plume merveilleuse et aboutie charrie avec force la noirceur humaine dans tout ce qu'elle a de vulnérable. Shuggie étreint le coeur, Agnes invite à comprendre, Leek émeut tout autant que Catherine, leur soeur, partie pour sauver sa peau. le récit est poignant.

J'ai lu que ce texte avait essuyé 32 refus d'éditeurs avant d'être accepté par un éditeur indépendant et de remporter le Booker Prize 2020. Puis j'ai compris en prenant connaissance des remerciements et de la dédicace que cet écrit était autobiographique. Il en est alors devenu encore plus important car VRAI. Je ne peux que vous inviter à rencontrer Shuggie et Leek, je ne peux que vous conseiller de mesurer la détresse d'une femme malmenée par les hommes dans l'Ecosse pauvre des années 80, de côtoyer l'esprit étriqué de ceux qui enfoncent et profitent, de s'imprégner du désespoir.

Les mots sont forts, la lecture intense.
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