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Critique de MaxSardane


Après avoir lu le recueil de nouvelles le Terminateur, j'avais de grandes attentes concernant ce roman. Malheureusement, je n'ai pas accroché comme je l'aurais voulu. Pourquoi ?

Quantika, ça parle d'une planète glacée, Gemma, aux conditions très inhospitalières et au-dessus de laquelle flotte une inquiétante construction qui n'a pas été faite par des mains humaines. Elle se trouvait déjà là lorsque les premiers hommes ont débarqué. Les descendants des colons se sont adaptés et exploitent les ressources se trouvant sous la glace, tout en faisant face à de nombreux dangers : le froid, mais aussi les indépendantistes et leurs actions violentes, les animaux mutants redevenus sauvages, et surtout, des phénomènes mystérieux et mortels qui ont toujours lieu au même endroit et sont étudiés par Haziel Delaurier et son ami Stanislas à la base Tétra. Ambre Pasquier, une éminente scientifique commissionnée par la CosmoTek, arrive sur la planète, bien décidée à percer le mystère des vestiges de Gemma, dont une étrange construction enfouie depuis des millénaires. Dans l'idée d'en savoir plus sur les mystérieux phénomènes, Haziel arrive à se faire engager dans son équipe... Mais peut-être valait-il mieux laisser les vestiges dormir sous la glace.

Voilà le pitch. Ayant lu une nouvelle se passant dans un monde tropical, un genre de planète Pandora, j'étais très surprise de l'ambiance polaire en commençant ce roman. Mais très vite, j'ai réussi à raccrocher les wagons, à me prendre au mystère et à retrouver ce que j'avais apprécié dans le Terminateur. Malheureusement, cette bonne impression s'est effacée au fur et à mesure de ma découverte des personnages...

Ce que je n'ai pas aimé
Dans ma précédente chronique (Le Terminateur), j'avais déjà dit que j'ai un peu de mal avec les personnages de Laurence Suhner. Pourtant, ils sont travaillés, avec une histoire, des faiblesses psychologiques, et sont tous très divers. Mais il y a quelque chose qui me dérange, que je trouve caricatural, ou, du moins, pas à la hauteur du world-building développé par l'autrice. Je suis peut-être plus sévère à cause des niveaux d'excellence déployés parfois comme des fulgurances au fil du texte, je sais pas. Au format nouvelle, ça passait encore, même si j'avais pressenti en lisant le Terminateur que ses personnages féminins seraient souvent des espèces de Lara Croft aussi empathiques que des androïdes. Et ça n'a pas loupé : dans Vestiges, les persos ont explosé mon baromètre interne du cringe... à commencer par les protagonistes.😬
Je vais essayer d'en parler sans spoil.

La protagoniste, Ambre Pasquier, notamment mérite l'oscar du personnage féminin le plus antipathique du planet-opera. Pas de chance, c'est l'héroïne, celle envers qui tout passe. Évidemment super canon et supérieurement intelligente, mais positivement odieuse, avec de graves problèmes psychiatriques et des manies très énervantes (pour ne pas dire franchement ridicules), comme chanter des rythmes de tabla indiens (tadoum tadoum tadoum ta da da na na na etc) à tout bout de champ, ce qui donne un prétexte à l'auteure de nous faire étalage de ses connaissances en la matière (elle est passionnée de musique indienne). Ok, Ambre a des failles (plein !), mais l'association problèmes psy sérieusement handicapants (manies, crises de folie épileptique, roulades nue dans la neige par moins 50...) + femelle alpha aux dents qui rayent le parquet est très déroutante, et m'a donné beaucoup de difficultés à visualiser le personnage. Est-elle la folle du prisunic ou une chef de mission super géniale ? Aishwarya Rai ou Josette avec ses cheveux hirsutes et son rimmel qui coule ? le décalage énorme entre la façon dont elle est écrite dans le roman et celle dont elle apparait dans les yeux des personnages m'a rendu le perso peu crédible. D'ailleurs, en regardant les illustrations de l'auteur, j'ai été très surprise.

Haziel, le beau gosse imbu de lui-même, est un peu plus facile à cerner qu'Ambre, mais tout aussi caricatural. Pilote de charme au look de surfeur californien, habitué à ce que toutes les femmes se pâment à sa vue, il va se casser les dents sur l'imprenable et hautaine Ambre Pasquier (mais je sens qu'ils vont finir ensemble). Il est, bien entendu, très diplômé et supérieurement intelligent (tout le monde a le QI d'Einstein là-dedans) ;
Sans oublier Kya, la post-ado en crise mais super jolie, débrouillarde et talentueuse, à qui on a envie de donner des claques ! Il y a toujours un personnage de super-môme dans les grosses sagas. Lucy, la nièce géniale de Kay Scarpetta, ou encore Mona dans la saga des sorcières Mayfair... et, en général, ces personnages donnent juste envie de sauter des pages.

La plupart des seconds couteaux ne sont pas énervants, mais un peu écrits comme des archétypes. Un florilège :
- Bagyashri Gupta, la scientifique indienne bien caricaturale (fait du yoga, pacifiste et végétarienne) ;
- Les Russes Korpatov, Youri et Vladimir, dans le même ordre d'idée : ben c'est des Russkofs quoi (davai !) ;
- Seth Tranktak, le Dr Frankenstein de service, un genre de Grimas langue de serpent version planet-opera, qui parle tout seul et complote dans les coins sombres (normal, c'est un méchant) ;
- le colonel Taurok, qui fait passer Miles Quarritch pour un perso plein de nuances et de subtilité ;
- Léna Andriakis, la « salope » du labo, forcément jalouse d'Ambre (bah oui, les femmes sont rivales, c'est obligé) ;
- Ou encore Miguel, le Che Guevara de Gemma qui ressemble aux révolutionnaires bornés du Cycle de Pandarve dans la BD « Storm ».
Et il y a aussi des « figurants », visiblement là pour mourir. Ceux-là sont moins nocifs, mais on sait que leur temps d'écran est limité !
Finalement, le seul personnage intéressant est un alien. Ouf, il relève le niveau : j'ai retrouvé dans son écriture ce qui m'avait tant charmé dans le Terminateur.

Le roman est également plombé par des dialogues tintinesques (j'avais déjà relevé cette tendance dans le Terminateur), qui font très BD franco-belge (ce qui n'est peut-être pas étonnant, vu que l'autrice a commencé par-là... elle a d'ailleurs fait tout un tas d'illustrations de ses personnages, paysages et même un story-board pas mal du tout, visibles sur son site.)
Le tout entrecoupé de longues pages de théories quantiques plutôt indigestes. En un seul monologue de quatre pages, on passe de Tintin à un article scientifique (accrochez-vous, c'est le grand huit !). Et ce roman est trèèèès long. 512 pages... en grand format.

Les points positifs (il y en a)
Dommage, parce que pour le reste, c'est du solide, et il y a une vraie atmosphère, que j'aime beaucoup. Certains passages sont superbes, notamment ceux décrivant la fameuse planète tropicale Timkhâ ou tous les passages qui évoquent l'Inde mythologique. Notamment Shiva, dieu de la destruction et de la danse associé à un certain « dieu noir » extraterrestre qui hante Ambre Pasquier. J'aime bien aussi les ambiances « labo CNRS », qui sont un peu la patte de Laurence Suhner, même si les rapports humains ne sont pas forcément un modèle d'intelligence, au sein de la mission Archéa !

Bilan
Une lecture très mitigée, en dents de scie, qui m'a donné une forte impression de déséquilibre : on passe du sublime à la série B à tout bout de champ, et cela sur 512 pages. La fin se termine en eau de boudin (d'ailleurs, je ne pourrais même pas vous la raconter).
Je vais quand même lire la suite, en partie parce que j'ai envie de savoir si Haziel Delaurier va réussir à se taper Ambre Pasquier, ou s'il va devoir la céder à l'alien !
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