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Critique de flapybird



" Quelle lâcheté d'attaquer quelqu'un comme
Sulitzer! Je dis quelqu'un, parce qu'il pourrait
être tout à fait un autre, même si je le trouve
parfait dans son rôle d'immonde gras riche
cynico-sentimental, con comme une bourri-
que, et visqueux à souhait. Vous remarquerez
que ceux qui s'acharnent sur ce martyr de la
mauvaise littérature sont les mêmes qui encen-
sent, persuadés d'être dans leur bon goût, de
« faux bons » pas assez notoires.
Paul-Loup Sulitzer (quel nom ancien-testa-
mentairement génial !), lui, n'est pas un faux
bon, c'est un vrai mauvais. Il faut un certain
courage pour devenir ainsi, aux yeux de tous,
la caricature de tout ce qu'il y a d'abject dans le métier d'écrire. Ils en font presque un boue
émissaire de ce qu'on peut reprocher de pire à
un auteur : le succès, l'absence totale de talent,
les nègres, l'arrogance, la vulgarité, l'argent
bien sur... Et pourtant, ces charmants
défauts, Sulitzer a au moins l'honnêteté d'en
faire son tréfonds de commerce. Les autres, les
soi-disant purs esprits qui oeuvrent pour la
Grande Littérature bafouée par le système
capitaliste et spectaculaire pour lequel saint
Paul-Loup se laisse flageller; tous les aigris
minus qui rêveraient de triompher sulitzerien-
nement avec leurs petits livres pathétiques à
eux sont pour moi plus néfastes à l'art que le
plus ignoble marchandeur de tapis «litté-
raire ». Au moins, Sulitzer, Hérode du book-
biz, ne se considère pas comme un écrivain »,
il sait qu'il est un homme d'affaires. Ce n'est
pas lui qui vend un livre pour ce qu'il n'est pas.
Les lecteurs de Money (entre parenthèses,
splendide titre supra-bloyen!) savent très bien
qu'ils ne vont pas lire un livre, alors que ceux
de Jean Rouaud (prix Goncourt 90) sont
persuadés d'en lire un, vrai de vrai, bien écrit
et bien noté par la critique, un exemple pour les
Lettres françaises, alors que c'est une merde
chiée sur mesure pour ravir les amateurs de
crottes écrites. Avec Sulitzer, c'est clair.
En plus, l'air de rien, ce bouffi a raison d'employer des negres. Il est certainement celui
chez qui c'est le plus justifié. Si le milieu
littéraire était plus à l'aise sur la question, il ne
relèverait même pas qu'un soupier comme
Paul-Loup utilise des blacks gratteurs; seule-
ment tous ces hypocrites savent très bien que
tant que Sulitzer incarnera l'affreux qui
n'écrit pas ses livres » lui-même, on ne s'aper-
cevra pas vraiment que dans la Littérature à
majuscules les nègres pullulent, et sur des
coups insoupçonnables. Les documenta-
listes » grouillent comme des vers dans toute
l'édition et souvent leur silence n'est pas acheté
au prix auquel Sulitzer paye les siens pour ne
pas avoir à se cacher. Michel-Ange aussi avait
des aides. le principe est excellent si c'est
pour de grandes choses. Tous les grands
artistes de la Renaissance ont eu des nègres.
Le nègre du Pérugin s'appelait Raphaël.
De petits élèves qui aident à rassembler des
documents, des références, des informations
pour parfaire une oeuvre d'art, je trouve ça très
bien. J'aimerais bien moi aussi avoir des
assistants, comme dans le cinéma, qui iraient
en repérage sur les lieux de mon journal
intime! Hélas ! je dois tout faire seul: vivre et
écrire. Cet artisanat ne me donne pas le droit
ni l'envie
de cracher sur quelqu'un qui a
trouvé une structure d'écriture dont les a vrais écrivains ſeraient bien de s'inspirer. Hélas
comme tous les autres, ils ne voient la vulgarite
que là ou elle s'affiche comme telle.
Pour moi, la vulgarité, c'est de se foutre de
la gueule de Paul-Loup Sulitzer. "

Marc Edouard Nabe , Rideau.
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