"Si j'avais su ....". Nous nous le sommes tous dit un jour.
Dans les années 80, alors tout jeune juriste au conseil d'état, François Surreau siégea dans une commission qui retira le statut de réfugié politique à Javier Ibarrategui, un indépendantiste basque réfugié à Paris. Ce dernier dût rentrer en Espagne où il fut abattu quelque temps après par les franquistes.
François Surreau était très jeune à l'époque et d'un point de vue juridique comme politique, il avait raison. Mais parfois, ça ne suffit pas. Parfois il faut oublier le droit et faire preuve d'empathie et de discernement. Il n'a jamais oublié ce moment où il choisit de suivre le droit à la lettre. Il porte depuis le poids de la culpabilité et du remords.
J'aimerais écrire comme François Surreau. Son texte est court, une cinquantaine de belles pages parfaitement ciselées. J'ai aimé le décor, l'évocation de l'époque et de l'austerité de la haute administration. Mais j'ai surtout beaucoup aimé le regard qu'il porte sur celui qu'il était à l'époque et qui fait la force de sa confession. Un regard mêlé de nostalgie et de compassion pour un jeune homme inexpérimenté et pétri de certitudes qui commit une tragique erreur de jugement.
J'aime beaucoup ce livre, un des meilleurs lu cette année. N'hésitez pas une minute à le lire.
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Magnifique petit texte...aussi court que porteur...
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Un admirable mea-culpa pour l'auteur qui, jeune diplômé de l'ENA, nommé au Conseil d'Etat se prononça pour le refus de la prolongation du droit d'asile en faveur d'un réfugié basque, sûr de lui en son for intérieur, et persuadé d'appliquer la loi avec rigueur et justice. Jugement qui continue à le poursuivre tant d'années plus tard avec lequel il ne parvient pas à faire la paix et qui a définitivement ébranlé ses certitudes. 50 pages percutantes et très émouvantes.
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