Au XVIIIe siècle vécut en France un homme qui compta parmi les personnages les plus géniaux et les plus abominables de cette époque qui pourtant ne manqua pas de génies abominables. C’est son histoire qu’il s’agit de raconter ici. Il s’appelait Jean-Baptiste Grenouille et si son nom, à la différence de ceux d’autres scélérats de génie comme par exemple Sade, Saint-Just, Fouché, Bonaparte, etc., est aujourd’hui tombé dans l’oubli, ce n’est assurément pas que Grenouille fût moins bouffi d’orgueil, moins ennemi de l’humanité, moins immoral, en un mot moins impie que ces malfaisants plus illustres, mais c’est que son génie et son unique ambition se bornèrent à un domaine qui ne laisse point de traces dans l’histoire : au royaume évanescent des odeurs.
Dieu accorde de bonnes époques et des mauvaises, mais il ne veut pas qu'aux époques mauvaises nous nous plaignons et nous lamentions, il veut que nous montrions que nous sommes des hommes.
Mais les grandes conquêtes de l'esprit humain ont toutes leurs revers, elles valent toujours à l'humanité non seulement des bienfaits, mais aussi contrariétés et misère.
Au XVIIIe siècle vécut en France un homme qui compta parmi les personnages les plus géniaux et les plus abominables de cette époque qui pourtant ne manqua pas de génies abominables.
La légende se répandit bientôt qu’au sommet de la montagne, il s’était marié au fluide vital éternel, se dissolvant en lui et que désormais il flottait, invisible, mais éternellement jeune au dessus des sommets pyrénéens…
Tout le malheur de l'homme vient de ne pouvoir rester seul dans sa chambre, là où est sa place.
Dans tout art, et aussi dans tout métier, le talent n'est presque rien, et l'expérience est tout, que l'on acquiert à force de modestie et de travail.
Il serait capable de créer un parfum non seulement humain, mais surhumain ; un parfum angélique, si indescriptiblement bon et si plein d'énergie vitale que celui qui le respirerait en serait ensorcelé et qu'il ne pourrait pas ne pas aimer du fond du cœur Grenouille, qui le porterait.
Cet homme paraissait être tellement fatigué de sa vie qu’il ne voulait même pas vivre ses dernières heures éveillé.
Et quoiqu’il sût devoir cruellement payer la possession de ce parfum de sa perte ultérieure, cette possession et cette perte lui parurent plus désirables que de renoncer abruptement à l’une comme à l’autre. Car il avait passé sa vie à renoncer. Tandis que jamais encore il n’avait possédé et perdu.