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Critique de Erik35


Quatre nouvelles d'importance et de traitement inégaux émaillent ce charmant petit opus des jeunes éditions l'Arbre Vengeur, agréablement illustré par David Prudhomme, et consacré à Italo Svevo (de son vrai nom, Ettore Scmitz, notable et industriel triestin de la fin 19ème, première moitié du 20ème).

Quatre nouvelles retenues parmi la vingtaine publiées de son vivant de l'auteur du désormais classique La conscience de Zeno, et dont le point commun majeur est celui de la mère, qu'elle soit castratrice, odieuse, géniale, maternante, intéressée, avaricieuse, curieuse, mais souvent aussi distante que mise à distance par les fils de ces histoires.

La nouvelle qui donne le titre à cet ouvrage nous conte, avec une exactitude et, parfois, une froideur quasi chirurgicale dans ses aspects strictement psychologiques, le basculement qui se fait entre une intrigue des plus classiques -l'assassinat, pour quelques milliers de lires, d'un minus habens trop disert, incapable de voir le mal alentour, et périssant de fait d'un coup de couteau en plein coeur- et l'évolution angoissante et de plus en plus angoissée de l'assassin au fil de ses réflexions, de ses rencontres, des événements ou de la lecture de quelque journal relatant les faits.
Jusqu'à l'aveux final -qui vient comme une libération à notre vil personnage central-, tout l'art d'Italo Svevo est de nous conduire, sans pouvoir réellement souffler, jusqu'à l'inéluctable dénouement, que l'on devine, que l'on pressent, sans parvenir à l'admettre parfaitement. Et pourtant, cette ascenseur funeste des pensées délétères de notre meurtrier jusqu'à sa fin certaine nous fait vibrer jusqu'à la dernière ligne !

La seconde nouvelle, la tribu, est rédigée à la manière d'un genre de conte oriental et philosophique. En filigrane, c'est une très juste critique de notre société marchande occidentale, de sa source jusqu'à son épuisement... A moins que "la tribu" ne parvienne à lui trouver une autre conclusion.

Quant à la troisième histoire - le spécifique du Docteur Menghi-, elle est rédigée à la manière d'un journal scientifique par l'inventeur d'une potion qui permettrait de ralentir les fonctions essentiels de l'être humain afin d'en prolonger la vie. le Dr Menghi témoigne du parcours (presque assassin) auxquelles ses recherches puis ses expériences l'ont mené. Se servant d'un chien (condamné par excès de précipitation) , d'un lapin (ralenti à l'extrême) puis de lui-même. Et, malgré cette dernière tentative plus douloureuse que véritablement concluante, il fini par se servir de sa propre mère comme cobaye involontaire, celle-ci ayant tout juste réchappé à une attaque cardiaque la nuit même ou le docteur s'essayait à sa propre préparation...

"La mère" constitue l'ultime texte proposé-là. C'est une charmante et agréable fable rurale que je laisse au futur lecteur le soin de découvrir !

Une petite lecture du soir bien agréable, porte d'accès aisée et pleine d'inattendus dans l'oeuvre considérée bien souvent comme à l'origine du renouveau moderne des lettres italiennes que sont les écrits d'Italo Svevo.
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