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Citations sur Une nuit à Reykjavik (7)

Alors essaie de t'endormir, Lisbeth.
Vas-y.
Ferme les yeux, alourdis tes paupières, compte les moutons.
Fais un effort, il y a quand même pire qu'essayer de s'endormir.
Une demi-heure, une petite demi-heure, pas plus.
Ce sera assez. Assez pour récupérer. Assez pour faire une coupure, créi render une discontinuité, le sentiment de recommencer. C'est ce qui rend la vie supportable, la nuit, le sommeil, l'oubli. C'est ce qui fait qu'on peut continuer, tu le sais bien.
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Elle, Lizbeth, une femme en crise, sur une île en crise. C'est ça? Oui, ça doit être ça. Mais c'était quand? C'était au début de la nuit, c'est-à-dire il y a longtemps.
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Elle jette un autre coup d'œil sur le paysage autour d'elle. Mais ce n'est pas un paysage. Il n'y a pas d'arbres, pas de champs, pas de maisons… Il n'y a rien. On dirait la lune, ce chaos volcanique à perte de vue, cette étendue noire recouverte çà et là d'une mince couche de neige. Pourtant c'est bien elle qui a voulu venir ici. Il fera froid et la nuit sera longue. Si déjà il faut qu'elle paie, autant que ça dure le plus longtemps possible. "Ce sera à Reykjavík", lui a-t-elle dit, il y a une semaine exactement, à Buenos Aires, sur le trottoir de l'avenue Scalabrini Ortiz, à quatre heures et demie du matin. Le jour commençait à se lever, et la canicule était toujours aussi humide et oppressante. Elle sentait une rigole de sueur couler sur son cou et entre ses seins. "C'est quel hôtel, Reykjavík ?" a-t-il demandé. Elle a détourné la tête pour qu'il ne voie pas le sourire moqueur au coin de sa bouche. "Ce n'est pas un hôtel, c'est une ville. Une ville loin d'ici. Je t'enverrai ton billet d'avion."
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Et s'il fallait regarder les hommes manger avant d'aller au lit avec eux?
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[ Incipit ]

1

Lisbeth, es-tu sûre de ton coup ? Est-ce que tu veux vraiment payer un homme pour qu’il passe une nuit avec toi ? Un homme que tu connais à peine? Ici, sur cette terre de glace et de feu ? Au milieu de nulle part ?
Elle jette un autre coup d’œil sur le paysage autour d’elle. Mais ce n’est pas un paysage. Il n’y a pas d’arbres, pas de champs, pas de maisons... Il n’y a rien. On dirait la lune, ce chaos volcanique à perte de vue, cette étendue noire recouverte çà et là d’une mince couche de neige. Pourtant c’est bien elle qui a voulu venir ici. Il fera froid et la nuit sera longue. Si déjà il faut qu’elle paie, autant que ça dure le plus longtemps possible. « Ce sera à Reykjavík », lui a-t-elle dit, il y a une semaine exactement, à Buenos Aires, sur le trottoir de l’avenue Scalabrini Ortiz, à quatre heures et demie du matin. Le jour commençait à se lever, et la canicule était toujours aussi humide et oppressante. Elle sentait une rigole de sueur couler sur son cou et entre ses seins. « C’est quel hôtel, Reykjavík ? » a-t-il demandé. Elle a détourné la tête pour qu’il ne voie pas le sourire moqueur au coin de sa bouche. « Ce n’est pas un hôtel, c’est une ville. Une ville loin d’ici. Je t’enverrai ton billet d’avion. »
Elle est arrivée vers une heure, midi, heure locale. L’hôtel, qu’ elle avait réservé par Internet, avait l’air assez central. La chambre 47, au dernier étage, donnant sur la rue, le port au loin et beaucoup de ciel. Petite, carrée, austère, sans couleurs, mais tout à fait ce qu’il fallait : pas besoin de lithographies aux murs pour coucher avec un homme. Elle a tâté le matelas, posé la tête sur un oreiller : un peu trop mou, trop haut, mais ça allait. Elle a jeté un coup d’œil dans la salle de bains, carrelée jusqu’au plafond, avec une vraie baignoire et un miroir sur toute la longueur du mur : ça allait aussi. Puis elle a défait ses bagages et a rangé ses affaires dans le placard à côté du lit. Il n’y avait pas grand-chose dans son sac : un pull, une paire de collants, une petite robe noire pour aller dîner, un collier d’ambre jaune... Il n’en fallait pas plus pour une nuit, même si elle allait être longue, très longue.
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C'est donc ça, la nuit à Reykjavík : une silhouette qui s'éloigne, une main qui se lève en signe d'adieu, le bruit des pas qui meurt au loin.
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Pour une fois, ce n'était pas sa personne qui l’intéressait en premier lieu. Elle voulait revoir la série d'autoportraits de sa sœur. Parce que ce qu'elle a dû rêver, elle se trompait, ce n'était pas ça. Lucie, sa petite sotte de sœur, ne pouvait pas se mettre devant l'objectif de cette façon calme et frontale, sans mise en scène particulière, sans narcissisme ou attendrissement inutile, et écrire en dessous : "je vais mourir". Elle ne pouvait pas prendre des photos aussi vivantes, vibrantes, tremblantes et formellement impeccables - parce qu'elles n'auraient pas pu être plus vivantes, vibrantes, tremblantes et impeccables en même temps, avec ce sens de la composition et du cadrage qui coupait le souffle - et les intituler : "je vais mourir". On ne pouvait pas se regarder de cette façon lucide et détachée. Personne ne pouvait le faire, c'était impossible, intenable, insupportable. Et Lucie, sa petite sotte de sœur, qui avait lutté toute sa vie contre ses peurs et ses terreurs, qui s'enfermait dans sa chambre en écoutant Rachmaninov et répétait que cinq heures de l'après-midi était le moment le plus angoissant de la journée, encore moins.
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