AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de 4bis


4bis
10 février 2024
Il vous rappelle quelque chose ce jaune, n'est-ce pas ? C'est Doriane, @yaena qui, la première, a attiré votre attention sur lui. En vrai, il ne tire pas du tout sur le vert, c'est un jaune or. Un bien beau jaune donc ; par-dessus une silhouette de maison dans un fer à cheval. Et un titre Olympus Texas.

Voilà, c'est à peu près tout ce que je peux dire de positif sur ce livre et je ferais bien d'arrêter là cette critique car la suite ne promet pas d'être élogieuse. Alors que ce jaune est vraiment très réussi, lui.

Si, je peux encore vous dire que je suis au regret d'admettre que Doriane s'est trompée. Quand elle a chroniqué ce roman, elle a affirmé mordicus que ce livre était bon et que c'était elle qui n'était pas faite pour lui. Une sorte de rendez-vous manqué, dû en partie au fait que notre amie n'ait pas le goût des romans psychologiques ni la culture classique requise pour le savourer. Je ne suis pas d'accord. Pas d'accord du tout. Ce livre est tout simplement mauvais. Ca n'a rien à voir avec Doriane ou avec moi.

L'idée, rigolote peut-être, trois minutes, sur un coin de table, consiste à délocaliser les dieux de l'Olympe au fin fond d'un Texas contemporain. On s'amuse déjà des collusions cocasses. Jupiter aka Peter est devenu agent immobilier. Toujours tombeur de ses dames et coureur impénitent, il fait ses petites affaires avec les desesperate houswife du coin. Dont Lee, plus connu sous le nom de Leto, heureuse mère de la déesse de la chasse Artémis, dite Artie et de son jumeau Apollon ou Arlo. Parmi les légitimes, Mars, dieu de la guerre, le tout petit frère d'Athéna (Théa) et de Héphaïstos (Hap), dieu du feu, des soudures et donc… garagiste, ah ! ah ! Si vous vous souvenez de vos cours de 6e, vous aurez en tête que Mars fricote avec la femme d'Héphaïstos, la belle Aphrodite (Vera) et que ça ne fait pas que des heureux.

Junon (June), la régulière, ayant pour animal totem la vache, on la met à la tête d'un troupeau. Au Texas, c'est cohérent. Et comme elle a pour animal emblème le paon, on en fourre le jardin. Ca, j'ai trouvé que c'était réussi. Comme avec le jaune de la couverture, ce sont les deux seules choses qui m'ont plu, autant le noter. Par contre, que viennent faire le vétérinaire et Bryan dans l'histoire ? Bryan is not in the kitchen. He's in love with Artie ce qui est un contre-sens manifeste ou une relecture audacieuse d'Ovide et compagnie. Quant au véto, il en pince pour la daronne. Ce qui n'est pas très orthodoxe non plus. Mais qui fait des développements.

Alors, ç'aurait pu être drôle. Ou intéressant. Quand Giraudoux réécrit les circonstances du déclenchement de la guerre de Troie transposée aux temps modernes afin de mettre en scène l'inéluctabilité du Fatum, c'est magistral. Quand Cocteau joue sur l'histoire d'Oedipe dans la Machine infernale et mêle l'ordinaire à la grandeur inexorable du mythe, c'est efficace. Et quand ce sont les Monty Python qui reprennent les légendes arthuriennes ou le Nouveau Testament, c'est à mourir de rire. le problème n'est ni dans la volonté de pasticher ni dans celle de transposer à une autre époque. Elle est dans le sens que cela confère au livre.

Et là, il n'y en a aucun.

Car en important tous ces braves gens au pays des bars de bouseux et du culte de la bagnole, Stacey Swann a purement et simplement gommé le destin. Dans la mythologie grecque, il y a quelque chose à penser de l'union de la guerre et du désir charnel, de la fertilité inouïe d'un géniteur presque priapique. Et par-delà le sens que l'on peut donner à ces unions, quelque chose à faire de l'idée qu'incarne chacune des divinités. D'une chasseresse vierge et farouche, du côté de la nuit, gardienne des chemins et des passages, on ne peut pas faire une gamine folle de son premier crush ! Enfin, si, on peut bien sûr, ce n'est pas interdit. Mais on n'a juste rien compris.

En transformant les dieux de l'Olympe en monsieur et madame tout le monde avec leur problème de fesses et de fin de mois, Stacey Swann n'est pas drôle, elle n'est pas inspirée non plus. Elle ne nous dit rien. Longuement. Elle parvient à ce petit miracle de nous ennuyer avec des histoires qui auront tenu en haleine des centaines de générations, à réduire à de l'inanité consternante ce qu'avaient de mystérieux et instructif ces grands récits sur les origines du monde. C'est petit, mesquin, galvaudé et ce n'est même pas fait exprès. Un terne massacre.

Non, vraiment, si vous voulez réfléchir au pouvoir des mythes jusqu'à aujourd'hui, lisez le magistral le coup du fou d'Alessandro Barbaglia, là, c'est quelque chose !

Finalement, ce livre ne me sera cher que pour une seule chose, c'est Doriane qui me l'aura gentiment envoyé, pensant qu'il me plairait. Voilà qui lui confère au moins une jolie signification : celle de l'amitié.
Commenter  J’apprécie          3963



Ont apprécié cette critique (39)voir plus




{* *}