Les classements mondiaux sont sans appel : la France n'est pas la mieux placée en ce qui concerne la qualité de son enseignement, si l'on en croit les enquêtes internationales. 19è en lecture, 26è en sciences et en maths, pas de quoi chanter un cocorico. le constat étant fait , reste à identifier les causes de ces piètres résultats..
L'une des principales causes est, pour
François Taddei, l'attachement à un mode désuet de transmissions des connaissances, fondé sur l'accumulation de notions inutiles alors qu'un simple clic sur un smartphone, moins lourd que ma première calculatrice donne accès à ces données. Par contre, comment les retrouver, comment les analyser et faire la part de l'intox en recherchant les sources et comment les utiliser, voilà l'enjeu qui devrait être celui de nos écoles . Identifier une problématique, poser les questions, chercher le raisonnement logique pour parvenir à la solution, confronter les résultats à l'interrogation initiale. En somme, utiliser le mode de travail des chercheurs. Ce dont
François Taddei peut légitimement parler puisqu'avant de créer le centre de recherche interdisciplinaire , ce touche-à-tout hyper doué et friand d'aventures exerça cette activité à l'INSERM.
C'est d'ailleurs le propos de la première partie du livre, où, sans fausse modestie, nous découvrons son parcours brillant : polytechnique, Ponts, doctorat de génétique. le but n'étant pas d'étaler sa réussite, mais de nous faire comprendre la logique qui l'a amené à réfléchir sur nos méthodes éducatives.
Il a fait partie des pionniers qui ont compris que le cloisonnement des spécialités n'était non seulement pas utile, mais réellement néfaste tant la confrontation des savoirs est riche d'émergences. de même que le travail en groupe fera surgir des idées nouvelles que la somme des réflexions individuelles ignorera. Et enfin , le travail ne doit plus être synonyme d'ennui :
« Mon combat est de faire comprendre qu'on apprend, et qu'on apprend bien, dans une multitude d'endroits différents. le jeu en est un. se promener dans la nature en est un autre. Interagir avec ses amis, regarder une vidéo sur Internet, d'autres encore. On peut même apprendre en suivant un cours magistral des plus classiques! »
Et bien entendu, c'est dès le primaire qu'il faut former les esprits à la réflexion, au questionnement et au travail en groupe :
« coopérer en toujours plus grand nombre pur accomplir des tâches toujours plus complexes »
, ce qui permettrait aussi d'en finir avec les notations classantes, inductrices d'une concurrence inféconde.
L'aspect éthique de la question n'est pas laissé de côté, ainsi que la prudence quant aux risques encourus de manipulation de l'information. Et les biais de communauté :
« Les biais individuels sont amplifiés par des biais de communauté : si vous croyez que tous les membres de votre communauté pensent d'une certaine manière , alors vous allez chercher des arguments qui iront dans ce sens »
Cet essai rejoint sur le fond les écrits de plus en plus nombreux qui redonnent de l'espoir, en citant les chantiers actuels, qui loin de la sinistrose généralisée , sont fondés sur la volonté de construire, dans le lien, et contre vents et marées (fussent-ils ouragan et tsunami).
Enfin, c'est un détail, mais il a son importance , l'auteur utilise pour les accords de genre, la règle qui fut abolie par une poignée de misogynes du 19è siècle, à savoir l'accord de proximité. Ainsi l'adjectif s'accorde avec le nom le plus proche de lui , comme on le trouve chez Racine :
« Surtout j'ai cru devoir aux larmes, aux prières, consacrer ces trois jours et ces trois nuits entières « Athalie.
Rédigé dans un style agréable, un écriture claire , l'ouvrage est loin d'être un pensum. Je le rangerais volontiers auprès du livre d'
Abdennour Bidar,
Les Tisserands, qui ne relève pas vraiment la catégorie feel-good, mais qui en a le même effet bénéfique. Rien n'est perdu, tout est à construire.
Merci à Netgalley et aux éditions Calmann-Lévy
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