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Critique de Isacom


Lu après "Kumudini", je dois avouer que "chârulatâ" m'a un petit peu déçue. L'écriture de Tagore est tout aussi belle et subtile, mais ce roman-ci, une nouvelle plutôt, m'a paru vraiment trop court. On aimerait en savoir plus, suivre les trois personnages principaux sur une durée plus longue...
Approfondir leurs sentiments en revanche, c'est fait, et réellement c'est dans ce domaine que Tagore excelle.
Bhupati et chârulatâ sont un couple de la bonne société bengalie. Lui dirige par passion un journal, elle s'ennuie. Comme l'a été l'auteur lui-même, encore adolescent, un jeune neveu est convié à vivre chez eux pour occuper et distraire l'épouse. Mais lorsque, coup sur coup, le journal fait faillite, et qu'Amal le neveu s'envole, Bhupati maintenant désoeuvré et malheureux, se rend compte que le coeur de sa jeune épouse est parti avec Amal. Au lieu de trouver au foyer compréhension et affection, il découvre une femme inconsolable et un "nid gâché" (le titre original).
Loin d'être un mari tyrannique comme celui de Kumudini, ici l'époux est un être sensible, peut-être le personnage le plus attachant. En effet, le neveu apparait comme un jeune fat, ne sachant pas voir l'émotion qu'il fait naître chez sa belle-soeur. Quant à chârulatâ elle-même, elle a tout de l'adolescente rêveuse qui, n'ayons pas peur des mots, se monte le bourrichon.
Par contre, ce qui m'a paru le plus réussi dans ce court roman, c'est l'écriture comme métaphore de la séduction : la complicité entre chârulatâ et Amal naît de leurs essais d'écriture ; chârulatâ refuse de montrer son cahier à son mari. Lui-même tente de reconquérir sa femme en lui présentant ses écrits (sans succès). Tout ce jeu autour des cahiers montrés, cachés, présentés comme des offrandes, révèle à lui seul la progression des sentiments, et c'est écrit avec une très, très grande subtilité.
Parfaite traduction de France Bhattacharya.
Challenge Nobel
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