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Critique de Sando


Zahira est une déracinée. Elle a quitté sa maison au pied de l'Atlas, au Maroc, fuyant le souvenir d'un père qu'elle a laissé mourir seul, essayant en vain d'échapper à la culpabilité. Installée à Paris, elle vend son corps aux plus démunis, aux laissés-pour-compte qui viennent frapper à sa porte. Elle sait comment les soulager de leur peine et de leurs malheurs, même un bref instant. de la même manière, elle soutient Aziz et l'accompagne dans son changement de sexe. Aziz qui sera bientôt Zannouba, qui pense l'avoir toujours été, depuis son plus jeune âge, et qui ne se doute pas qu'il peut se perdre en voulant changer d'identité… Et puis il y a Mojtaba, le bel iranien, obligé de fuir son pays parce qu'il est homosexuel, parce qu'il prône la liberté d'expression, et qui se retrouve perdu dans Paris… Heureusement, Zahira est toujours là lorsqu'il s'agit de tendre la main, de recueillir les brebis égarées, Zahira qui ne se doute pas que son ancien amant vient d'apprendre qu'elle se prostituait et qu'il vient pour elle, pour laver le déshonneur… Enfin il y a l'énigmatique Zineb, disparue depuis longtemps, mais qui continue à hanter la mémoire familiale…


Roman de l'exil, « Un pays pour mourir » reprend des thèmes chers à Abdella Taïa, tels que le déracinement, le tabou lié à la sexualité, l'homosexualité et le désenchantement envers un monde qui a oublié, délaissé les plus démunis. Cinq personnages portés par le rêve d'un avenir meilleur, ailleurs, loin de leurs racines et qui se retrouvent hantés par leur passé, incapables de se reconstruire et de trouver le bonheur dans une société qui les rejette, qui ne veut pas d'eux.

Les phrases sont courtes, le rythme saccadé tandis que l'écriture est brutale, violente. Elle bouscule le lecteur, le malmène pour mieux pénétrer en lui et le bouleverser. Car, parmi ces instantanés de vie qui nous sont dévoilés, se cache une tendresse, une nostalgie emprunte de poésie qui nous touche et nous émeut. Des personnages d'horizons différents, mais meurtris par la vie. Si certains ont perdus leurs espoirs, d'autres rêvent encore d'un avenir meilleur, mais chez Abdellah Taïa, seule la réalité crue compte et les « happy end » n'existent pas… Un roman d'autant plus fort et bouleversant qu'il est court. « Un pays pour mourir restera une lecture marquante…


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