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Critique de mimipinson


Il y a une certaine continuité dans les romans d'Abdellah Taïa, une certaine constance, en tout cas un fil conducteur que j'apprécie de suivre au gré des publications de l'auteur.
Cette fois, il donne la parole à Malika, sa mère, sur trois périodes distinctes de l'histoire marocaine.
D'abord sous l'ère coloniale, Malika est mariée toute jeune à un homme qui est envoyé aussitôt au combat en Indochine d'où il ne reviendra pas, laissant Malika, jeune veuve sans enfants, rejetée par sa famille.
Puis durant les années 60, l'Indépendance venue, Malika s'est remariée, est mère d'une nombreuse fratrie, et qui doit lutter pour la liberté de sa fille que le père veut envoyer au service d'une famille française aisée.
Enfin, en 1999, à la veille du décès de l'ancien Roi, à l'aube d'un changement de génération à la tête du pays, Malika, de nouveau veuve, est menacée chez elle par un homosexuel, alors qu'elle a laissé fuir son propre fils voulant échapper aux persécutions dont sont l'objet les gays.
Abdellah Taïa déploie une écriture ciselée, rageuse, sèche et expéditive. Si le JE domine dans la bouche de Malika, il s'autorise de nombreuses variantes en faisant naviguer le JE d'un personnage à l'autre, dans des dialogues peu différentiés et à la ponctuation rare. Quelques pages, et nous voilà plongée dans un style bien à lui pour dire à la fois la puissance et la vulnérabilité de la Femme marocaine, à la fois résignée à son sort et en lutte contre les injustices.
Les thèmes récurrents de l'auteurs tels l'anticolonialisme, la violence en prison, la maltraitance envers la communauté gay qui ne peut vivre au grand jour et assumer ce qu'elle est, la pauvreté héritée de l'histoire qui se perpétue indéniablement au fil des générations se retrouvent au coeur de ce court et singulier roman, sensible et puissant.

Lien : https://leblogdemimipinson.b..
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