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EAN : 9782021470574
208 pages
Seuil (04/03/2022)
3.5/5   42 notes
Résumé :
Trois moments dans la vie de Malika, une femme marocaine de la campagne. De 1954 à 1999. De la colonisation française à la mort du roi Hassan II.

Son premier mari est envoyé par les Français combattre en Indochine.

Dans les années 60, à Rabat, elle fait tout pour empêcher sa fille Khadija de devenir bonne dans la villa de Monique.

La veille du décès de Hassan II, un jeune voleur homosexuel, Jaâfar, entre chez elle et veut... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Peut on parler à la place d'un autre et pourquoi le faire tant il est évident que le tri sera laborieux entre ce qu'aurait pu dire la personne, ce que son porte-parole a entendu, cru entendre, aurait aimé entendre ou ne pas entendre. Ajoutons que ce que l'on dit, n'est pas forcément en adéquation avec ce que l'on pense.

Je ne connaissais pas Abdellah Taïa. Ecrivain d'origine marocaine, 49 ans, homosexuel, origine pauvre, de nombreux livres à son actif et Vivre à ta lumière doit s'inscrire dans la continuité d'une oeuvre dont et de fait l'essence m'échappe.

Abdellah Taïa raconte donc trois épisodes de vie de sa mère Malika.
18-20 ans, la quarantaine je suppose et 65 ans.
Malika est la narratrice, d'où, qui parle à la place de qui ?

Episode un. Malika, pauvre, se marie avec l'homme de sa vie, tout aussi pauvre, mais il part à la guerre, celle d'Indochine et meurt. Malika est veuve sans enfant après à peine deux ans. Ayant quitté sa famille et rejetée par sa belle famille , elle se retrouve en errance.
Version de Taïa-Malika, Allal est mort à cause de sa famille avide d'argent via l'engagement, de la France et de la colonisation, envoyant à tour de bras de pauvre bougres mourir pour elle et des causes inutiles.
Maktoub revient souvent sous la plume de Abdellah Taïa, comprenez le destin, comme si Allal, pardon comme le libre arbitre de chacun n'existait pas.
Intérêt de cet épisode. Malika a été amoureuse, pleine puis vide de vie, sa force de caractère lui permet de ne pas couler.

Episode deux. le temps a passé, Malika est mariée et a des enfants dont Khadija, 15 ans.
Elle s'oppose à Monique, une belle française reliquat du colonialisme qui ayant deux garçons et pas de fille veut s'approprier Khadija. du moins est ce comme cela que Malika perçoit les choses. Malika lutte pour garder sa fille.
Intérêt de cet épisode ? Idem, la force de caractère de Malika.
Interprétation psychologique, une dimension parano, Malika fonctionne par certitudes, elle n'admet pas la contradiction, impose ses idées et pense bien faire, bon courage à ses proches. Et pour les problèmes c'est toujours la faute des autres.

Episode trois. 65 ans. Seule dans une grande maison car Malika a pu s'enrichir. Un Jaâfar- Ahmed-Abdellah, surgit un couteau à la main afin de lui demander des comptes. Je vous laisse découvrir de quoi il en retourne à travers ces deux personnages plus un qui ne sont qu'un.

Le mot de la fin.
Bonne chance mon fils Jaâfar.
Commentaire de celui qui se le permet. La vie n'est pas une question de chance ni de Maktoub.

Le mot du début .
Vivre à ta lumière.
Commentaire de celui qui se le permet. Les directives parentales, d'une mère qui impose en particulier, il faut savoir en garder le meilleur et s'éclairer soi même et avec l'aide des autres, pour le reste.

Vivre à ta lumière. Un livre bien écrit, qui raconte sans recul et avec une objectivité qui n'en est pas une. Mais il est parfois bon d'entendre, ce que l'on aimerait entendre. Je m'excuse et à chacun sa mère.
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Un livre qui ne m'a pas totalement embarqué, peut être est-ce l'écriture directe qui m'a gêné. Un roman découpée en trois parties : trois moment fort de la vie de Malika.
Femme de la campagne marocaine, elle nous raconte son premier amour parti en Indochine, sa fille qui veut devenir la bonne d'une femme française aisée et son agression par un jeune homosexuel sortant de prison.
Plusieurs passages m'ont énervé mais c'est la preuve que l'écriture est forte.
Une lecture en demi-teinte
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Dans ce livre bouleversant et lumineux l'auteur utilise le personnage de Malika pour dresser avec délicatesse le portrait de sa mère M'Barka Allali Taïa (1930-2010) par le prisme de trois grands épisodes de sa vie.

Malika est une femme. Marocaine. Une mère. Elle passe toute sa vie à se battre contre la pauvreté, le patriarcat, la solitude, afin d'être celle qu'elle est.

Son enfance, Malika la passe dans une campagne pauvre du Maroc. Elle se marie avec un homme, Allal. Lui, il aime aussi Merzouque, un autre homme. En peu de temps elle se retrouve veuve à la suite de la mort de son époux. Ce dernier, désireux de gagner de l'argent, s'engage aux côtés des troupes armées françaises en Indochine. Malika est alors rejetée par sa belle-famille et se retrouve seule.

Par la suite, elle fait un second mariage avec Mohammed. À Rabat, elle empêche une riche bourgeoise Monique de lui enlever sa fille de quinze ans Khadija.

Enfin, le roman se ferme à Salé dans les années 1990, où Malika se retrouve face à Jaäfar. Ce jeune délinquant homosexuel cherche à retourner en prison. Cet épisode est l'un des plus déchirant du livre. le jeune homme apparaît comme le double du fils de Malika exilé en la France.

Tout au long du récit je me suis autant délecté de cette histoire palpitante et poignante, que de l'écriture de l'auteur. Je suis officiellement conquis et charmé par cette écriture poétique qui émane du texte. Abdellah Taïa apporte cette touche d'éclat au parcours individuel et singulier de sa mère. C'est un coup de coeur  !
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Coup de coeur pour ce livre émouvant et poétique , une fiction écrite à partir d'éléments biographiques . Malika est la voix de la mère de l'auteur, Ahmed le fils homosexuel de Malika est le double de l'auteur.L'image plurielle de la mère et l'homosexualité dans sa diversité charpentent le texte.
Le récit étrange, souvent déconcertant, mêle réel,rêve, sorcellerie, délire, bien et mal ;il déroule des fragments de la vie de Malika , marocaine,à trois moments de sa vie. Personnage complexe, capable d'une émancipation qui force l'admiration ,Malika devenue mère se révèle féroce, étouffante, impitoyable. Poursuit-elle un besoin de revanche depuis que la guerre d'Indochine lui a enlevé son premier mari Allal ? Ou lui est-il impossible d'échapper au carcan des coutumes et des valeurs de la société marocaine?Le poids de la colonisation traverse le récit , le personnage de Monique interroge sur la légitimité de se revendiquer d'un pays.
Le livre dit aussi la situation de la jeunesse au Maroc, la misère des homosexuels dans la société et les prisons.
Et le début du récit?
Malika raconte sa rencontre au souk avec Allal , un jeune homme pauvre.Elle sait qu'Allal et Merzougue s'aiment mais Malika est amoureuse et accepte cette situation. le mariage met fin à la maltraitance exercée sur Malika par la seconde épouse de son père .Elle évoque les souvenirs heureux aux chutes d'Ouzoud.Allal veut gagner de l'argent pour ses parents et pour lui,pour une vie meilleure. Allal décide donc de s'engager au côté de la France dans la guerre d'Indochine d'où il rapportera une solde conséquente.Mais Allal se fait tuer en Indochine et Malika veuve à 20 ans est mise à la porte par sa belle-famille.
On retrouve Malika une vingtaine d'années plus tard à Rabat, mariée à Mohammed,mère de nombreux enfants.Malika a des rêves pour sa fille de 16 ans Khadija mais Monique une bourgeoise française veut en faire sa domestique avec l'assentiment de Mohammed.Malika tente tout pour convaincre Monique de renoncer à ce projet.
La dernière partie déroule la confrontation violente entre Jaafar, un homosexuel fraîchement libéré de prison et Malika maintenant sexagénaire et veuve.Malika n'a pas protégé son fils Ahmed ...
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Un personnage féminin marquant, une écriture saisissante, une bonne construction narrative, l'histoire de Malika ne vous laissera pas indifférent/e et vous lirez ce roman d'une traite !
Nous sommes au Maroc, de 1954 à 1999, cette époque de la colonisation française à la veille de la mort d' Hassan II.
La 1ere partie aurait pu avoir pour titre "Tu ne m'as pas appris comment t'oublier". A Béni Mellal, Malika tombe passionnément amoureuse de Allal. Jeune et naïve, elle comprend toutefois que Allal et Merzougue s'aiment. Malika accepte tout par amour. Mais lorsque la France envoie Allal en Indochine et qu'il y trouve la mort, le coeur de Malika devient aussi dur que la pierre, son ventre contient la rage d'un amour qui n'aura duré que 2 ans. Rabat, quelques années plus tard, 2eme partie, elle est à nouveau mariée et a une ribambelle d'enfants, dont la magnifique Khadija, 15 ans. Monique, une française à la peau de lait, veut en faire sa bonne, croyant ainsi la sauver de la pauvreté. Mais c'est mal connaître Malika, sa force sa hargne, celle qui est méchante dit-on, ne se laissera pas faire. Entre les 2 femmes va se nouer un lien étrange... Dans la 3eme partie, tous les enfants de Malika sont partis dont Ahmed (l'avant dernier) parti à Paris et qui ne donne plus signe de vie. La France aura donc tout pris à Malika. Elle a 65 ans, elle est à l'abri du besoin dans sa maison de 3 étages construite à force de sacrifices quand Jaâfar, qui sort de 5 ans de prison, fait irruption chez elle pour la voler.
Je vous en ai déjà trop dit, mais lisez ce roman qui nous parle de l'auteur et de sa mère, lisez l'histoire de Malika, cette femme singulière, sorcière, forte, têtue. Peut être la trouverez-vous dure ou peut être comprendrez-vous son coeur amoureux, son coeur de mère.
Encore une fois Abdelah Taia, m'a totalement emporté dans son univers, avec émotion. Ce livre, je vous le recommande vivement, grandement !
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critiques presse (2)
RadioFranceInternationale
18 avril 2022
De 1954 à 1999, l’auteur Abdellah Taia raconte trois moments clés de la vie de sa mère, Malika, une femme marocaine de la campagne.
Lire la critique sur le site : RadioFranceInternationale
LeMonde
21 mars 2022
Itinéraire dans le Maroc des années 1960 d’une femme mariée. Entre colère, désir de revanche et rêve d’affranchissement.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (55) Voir plus Ajouter une citation
Les enfants ne s’appartiennent jamais, chez nous. Ils appartiennent à leurs parents et à leurs grands-parents. Qui peuvent faire d’eux ce qu’ils veulent. Les battre. Les exploiter. Les violer. Les insulter. Les marier avec qui ils veulent. Les faire divorcer. Je savais tout cela bien avant de te rencontrer, Allal. Mais te voir si petit devant tes parents, paralysé devant tes parents, un enfant encore devant tes parents, ça a été plus qu’un choc. La fin de l’innocence. La disparition de la dernière trace d’innocence en moi.
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"𝘕𝘰𝘶𝘴 𝘯𝘦 𝘴𝘢𝘷𝘰𝘯𝘴 𝘱𝘢𝘴 𝘷𝘰𝘪𝘳. 𝘓𝘦𝘴 𝘩𝘰𝘮𝘮𝘦𝘴 𝘯𝘦 𝘴𝘰𝘯𝘵 𝘥𝘰𝘶𝘦́𝘴 𝘲𝘶𝘦 𝘱𝘰𝘶𝘳 𝘶𝘯𝘦 𝘴𝘦𝘶𝘭𝘦 𝘤𝘩𝘰𝘴𝘦 : 𝘪𝘯𝘷𝘦𝘯𝘵𝘦𝘳 𝘥𝘦𝘴 𝘮𝘦𝘯𝘴𝘰𝘯𝘨𝘦𝘴 𝘦𝘵 𝘷𝘪𝘷𝘳𝘦 𝘥𝘦𝘥𝘢𝘯𝘴 𝘦𝘯 𝘤𝘳𝘰𝘺𝘢𝘯𝘵 𝘴𝘦́𝘳𝘪𝘦𝘶𝘴𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘲𝘶𝘦 𝘤'𝘦𝘴𝘵 𝘭𝘢 𝘷𝘦́𝘳𝘪𝘵𝘦́."
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C’est ma fille, pas que ta fille à toi, Mohammed. Je veux la voir grandir, devenir une femme, trouver son chemin. Ici au Maroc, avec nous. Pas là-bas, en France, une planète dont je ne sais absolument rien. Et ne me regarde pas comme ça. Oui, ma tête est dure. Oui, mon cœur est comme du fer. Tu m’as déjà dit cela, plusieurs fois. Dès la première semaine de notre mariage. Tu vois, je n’ai pas changé, moi. La même femme que tu as épousée à Béni Mellal. Exactement la même. Intraitable. Toi, Mohammed, tu fais trop confiance aux gens. N’importe qui peut facilement te manger le cerveau. Heureusement pour toi, je suis là, dans ta vie. Je veille. Je veille sur toi et sur nous tous. Je vois loin. Tu devrais me baiser les pieds. Remercier Allah matin et soir d’avoir une femme comme moi dans ta vie. Khadija est la plus belle de mes filles. Tout le monde se retourne sur elle dans la rue, et même dans les couloirs de cette bibliothèque. C’est une reine, cette fille. Tu ne le vois pas ? Elle est de ce pays et elle restera dans ce pays. Nous sommes au centre du pouvoir maintenant, à Rabat, au centre du Maroc.
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C’est une étrangère, cette Malika. Rien qu’une petite fille, cette Malika. On va faire d’elle ce qu’on veut, la manipuler comme on veut. On lui donnera peut-être mille dirhams, c’est tout, pas plus. Mille dirhams, c’est beaucoup, c’est énorme. Elle peut s’estimer très heureuse. Mille dirhams. Pas plus. Tu entends, Malika ? Tu n’auras pas plus.
Ne réponds pas, ce n’est pas nécessaire.
Ta mère, Allal, qui avait dit à mon père le jour où on avait écrit l’acte de mariage : Je sais que Malika a perdu sa mère très jeune. À partir de maintenant, elle sera comme ma fille. Elle est ma fille. Tu t’en souviens, Allal, de ces mots faussement tendres ?
Ma fille Malika, elle avait dit. Dieu m’est témoin, elle avait juré.
Malika est devenue une bonniche chez vous. Une esclave pour ta mère. C’était ça, être la fille de ta mère. Lave les vêtements sales, Malika. Nettoie la maison encore une fois, Malika, ce n’est pas assez propre. Tu n’as qu’une heure pour moudre les grains de blé, Malika, compris ? Tu n’as pas bien cuisiné aujourd’hui, Malika. Ce n’est pas bon.
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J’avais accompli cette mission étrange et nécessaire : enterrer un corps invisible. Et mes yeux étaient devenus secs, secs. Mourir ? Continuer de vivre ? À ma grande surprise, je voulais rester dans cette vie. Il me fallait alors entrer dans une nouvelle peau (…). Changer. Changer de coeur. Arracher mon coeur d’avant et le remplacer par un autre. Et manger le monde. Dévorer le monde. Tuer le monde. Il n’y a que cela qui marche, visiblement. 
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