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Critique de GigiFro


Camarades, je vais vous présenter aujourd'hui un livre que je n'aurais jamais imaginé lire. J'avoue (honteusement) que les grèves et la lutte sociale n'intéressaient pas ma petite personne (égoïste, va), mais Paco Ignacio Taibo II est un auteur que j'aime beaucoup, et c'est la raison pour laquelle j'ai vite foncé sur ce titre quand je l'ai vu dans la Masse Critique de Babelio (merci beaucoup !)

Ce livre est un recueil des nouvelles autour de la lutte sociale au Mexique dans les années 70-80, notamment dans la création des sindicats indépendants (et non pas à corrompus à la solde des patrons et du gouvernement…). Vous y trouverez tantôt des expériences vécues, des reportages ou de la fiction.

C'est donc un recueil cohérent, autour du même sujet. On vit avec les grévistes, on suit leur combat, les injustices qu'ils subissent, on veut les soutenir, applaudir leur courage. On découvre le visage le plus vil de l'humanité chez ces patrons voyous, qui n'hésitent pas à intimider, menacer, voler, séquestrer et même tuer les grévistes. Pire encore quand on sait que tout ce que demandent les ouvriers est le respect de la Loi du travail. C'est dingue, mais ça m'étonne pas malheureusement.

Parmi les nouvelles les plus percutantes, j'ai beaucoup aimé les apparitions de "L'araignée", justicier des usines, "Les délices de Leïla", car son côté coquin permet de souffler un peu. Mais celle qui m'a passionnée a été "Pascual, dixième round".

Sur cette dernière, je vais m'étaler un peu, vous m'excuserez. Cette nouvelle raconte la lutte des ouvriers des boissons Pascual (bien connues dans le bassin autour de México). Ils se sont battus pendant quasiment deux ans contre un patron voyou (qui plus est avait assassiné de sang froid 2 grévistes au cours d'un guet-apens). En le lisant, je suis passée par plusieurs émotions. Principalement parce que les boissons Pascual, notamment Boing et Lulu ont sucré mon enfance. À Mexico et ses environs, il n'y a avait pas de pique-nique, de voyage, de sortie scolaire, ou d'anniversaire sans un délicieux Boing, en bouteille ou dans son emballage pyramidal avec son canard sosie de Donald en logo. le goût goyave est une tuerie ! du coup, en lisant ceci, j'ai d'abord été dégoutée d'avoir bu ça, puis, en poursuivant l'histoire, le dégoût s'est envolé. No spoil, mais Pascual finalement est un bel exemple de coopérative. Et je fus rassurée de savoir qu'à l'époque où j'ai bu du Boing, je soutenais une coopérative ouvrière et non pas un patron voyou. Comme une madeleine de Proust, j'ai eu un délicieux goût de Boing goyave dans ma bouche.

Pour revenir au recueil, la plume de Paco Ignacio Taïbo II est délicieuse, surtout quand on le lit en espagnol, car il restitue très bien le parler populaire mexicain, imagé et un délicieusement vulgaire ("d'un bleu niquemoilarétine"). J'ai beaucoup apprécié. Puisque je l'ai lu en français en restituant la VO dans ma tête, j'ai senti qu'au fur et à mesure le traducteur avait pris confiance et trouvé le bon ton, nous restituant le style propre à l'auteur. Si vous le lisez, n'oubliez pas de lire le préface de Sébastien Rutès (à qui l'on doit le génial "Mictlán"), pour mieux comprendre le contexte. Pardonnez aussi les quelques coquilles.
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