AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de LesMotsPourRever


Dans la ville de Londres, à l'époque victorienne, le détective Hector Krine est demandé pour enquêter sur une étrange affaire de profanation de sépultures. Étrange parce que ce ne sont pas les bijoux et les objets qui sont dérobés mais les cadavres. Son enquête le mène dans les bas quartiers de la capitale anglaise, là où s'entassent la misère humaine et les Grouillants, ces créatures surnaturelles dotées de capacités spéciales ou de particularités physiques qui ont fui les quatre coins de l'Europe et ont vu dans l'Angleterre une nouvelle terre d'accueil. Leur intégration est pourtant loin d'être réussie, souvent tenus en marge de la société.

Parallèlement, Krine reçoit une missive de la part de la nécromancienne Hécate, une femme qu'il a longtemps aimé et qui se sent en danger. A la fois intrigué et inquiet, il se rend sur place et découvre qu'elle a été tuée. Pour lui il n'y a aucun doute, la scène a été maquillée pour faire croire à un vol et désigne sans conteste un loup-garou pour coupable. S'il lui faut retrouver l'assassin, il lui faut également mettre la main sur Matthew, le fils de Hécate, que personne n'a vu depuis des heures et qui semble lui aussi posséder certains dons particuliers.

Honnêtement ce n'était pas gagné d'avance entre ce livre et moi. Si la couverture m'avait plu de suite et si le résumé m'avait intrigué, le prologue avait presque réussi à me faire remettre cette lecture à beaucoup, beaucoup plus tard. Ce n'est pas tant la violence et le gore que l'on se prend en plein visage dès les premières pages qui m'ont fait tiquer (même si j'ai été surprise de voir un tel contenu dans un livre jeunesse (oui je suis de la vieille école, bou-ouh)) mais plutôt ce passage d'une scène à une autre, sans aucun lien apparent entre elle. Une minute nous suivons l'évasion ensanglantée de Vseslav Brashislavich, et celle d'après nous sommes en compagnie de Irina Krinikov et de son fils Igor dans une contrée reculée de l'Ukraine. A peine le temps d'apprendre à les connaître que Irina se fait tuer sous les yeux de son fils. Et au chapitre suivant nous voilà propulsés en plein coeur de Londres, sans transition, où un détective du nom de Krine court après un voleur à la tire. Tout ça faisait énormément d'informations d'un coup et sans aucun lien entre elles, ce qui m'a de prime abord rebuté. Mais comme je ne sais pas résister aux histoires de détective se déroulant dans le Londres du XIXme siècle, j'ai persévéré. Et quelle bonne idée que j'ai eu !

Vous me dîtes « détective » et « Londres », je pense aussitôt Sherlock Holmes, donc d'office je vais laisser une chance à l'histoire. Ce rapprochement n'est d'ailleurs pas uniquement le fruit de mon imagination, il y a un réel désir de la part de l'auteur de nous inciter à faire un parallèle entre son héros et celui de Conan Doyle. J'ai retrouvé Holmes dans Krine à travers sa manière d'être, sa gestuelle, ses réflexions, mais aussi son inimitié avec un certain commissaire de police incapable de résoudre une enquête par lui-même, ou encore dans un certain 221 Baker Street. Il n'en fallut pas plus pour que Les pilleurs de cercueils ait toute mon attention (oui je suis faible ^^)

Outre son affinité avec Sherlock Holmes, cette histoire m'a plu parce qu'elle mêle habillement faits historiques, fantasy et steampunk. Chacune de ces catégories n'est finalement présente que par petite touche puisque c'est le côté policier qui prime mais tout cela créer un univers vraiment très, très intéressant, et surtout qui fonctionne parfaitement. Ou tout du moins qui semble crédible, plausible, comme si brusquement l'idée de rencontrer un homme à huit bras ou un sorcier n'avait rien d'extraordinaire. Tamaillon m'a fait adhérer à son univers en un battement de coeur. Il y a aussi toutes ces touches historiques que distille l'auteur sur la politique de Londres et sur les ségrégations que connait la ville à l'époque. Ici les Grouillants ne sont finalement qu'une représentation fantasy des classes sociales les plus pauvres de l'époque.

J'ai été surprise et amusée de croiser d'autres noms connus du grand public comme le Docteur Jekyll et Mister Hyde, Victor Frankenstein et sa créature, le Sphinx, Arthur Conan Doyle, Louis Lucien Bonaparte (même si je ne suis pas convaincue que les plus jeunes comprendront les boutades entre ces deux-là). Et en même temps un peu circonspecte parce que j'avais le sentiment que ACD n'avait pas sa place dans un livre qui se targuait de rendre hommage à un personnage que ADC lui-même avait créé. Un peu comme s'il y avait un paradoxe temporel, une faille dans le continuum espace-temps qui avait fait se rencontrer Krine et Conan Doyle au risque de faire imploser l'univers (oui parfois j'ai des réflexions un peu bizarre).

Là où Les pilleurs de cercueils pèche un peu, c'est dans son découpage. Les chapitres sont très courts (une moyenne de 5 pages environ) et il n'est donc pas facile d'y inclure quelque chose d'intéressant, d'accrocheur, à chaque fois. D'autant plus quand les chapitres ne se suivent pas, nous emportant sur un nouveau lieu plutôt que de nous laisser aller au bout de l'intérêt qu'avait suscité en nous le chapitre précédent. Pas mal de frustration de ce côté là, donc. Il y a également ces longues phrases, ces synonymes parfois surprenant qu'utilise l'auteur pour éviter les répétitions, alourdissant considérablement un récit qui n'est déjà pas toujours évident à suivre à cause de son manque de fluidité à certains moments.

Difficile de réellement classer ce livre. Un peu trop sanglant et gore pour de la jeunesse (si encore on nous avait épargné certains détails) mais le scénario n'est pas assez poussé et un peu trop prévisible pour vraiment plaire à un public adulte. D'un autre côté j'aime beaucoup Krine et son humour sarcastique (notamment avec le commissaire Petterson et Matthew), mais aussi le fait que même s'il est lui aussi un Grouillant, il fait tout pour s'intégrer, allant jusqu'à refuser d'utiliser ses dons alors qu'ils pourraient lui être d'une grande aide, tout en ayant un profond respect pour la couronne d'Angleterre alors qu'il vient d'Ukraine. Au fond le Krine du passé m'intéressait peu, je préférais suivre les aventures de l'actuel. D'accord certaines choses sont courues d'avance, d'accord certains mystères n'en sont pas vraiment, d'accord toute l'histoire se dénoue un peu trop facilement, mais ça n'a pas empêché que j'ai vraiment aimé ce moment passé aux côtés de Hector Krine.
Lien : http://lesmotspourrever.com/..
Commenter  J’apprécie          00







{* *}