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Critique de isanne


Aujourd'hui, quand nous quittons notre intérieur, fermons la porte et descendons les marches qui nous mènent dans la société, le soleil pâlit. Ce vivre ensemble tout boursoufflé nous donne plutôt envie de faire demi-tour et de nous barricader au coin de la cheminée, tristes et nostalgiques d'une existence qui s'écrirait dans l'échange, le partage, la sérénité et l'enthousiasme.

Si, comme remède, vous possédez celui de visiter une bibliothèque, peut-être apercevrez-vous la couverture de ce livre "Contes de la banlieue lointaine"...
N'hésitez pas, saisissez-vous en, il constitue la parenthèse des pensées, il est le jardin d'herbes folles au milieu du bitume, il apporte la quiétude au milieu de l'agitation, il devient l'évasion d'un monde prison...


Plusieurs petites histoires vous parleront de l'Autre, celui qui vient d'ailleurs, qui ne vous ressemble pas, qui a d'autres habitudes, d'autres coutumes, celui qui regarde l'existence différemment, celui qui en sait aussi long que vous mais que l'humilité fait vous écouter et faire silence.

Ceux que l'on croise ou que l'on observe, parfois en se cachant, dans ces pages sont tous des êtres "à part", des fracassés, et c'est en cela qu'ils sont précieux, et que leur richesse devrait nous intimider, nous émouvoir, nous remplir de respect et nous faire reconnaissants à leur égard.
Ils ne s'imposent pas, se donnent à être devinés, et laissent des traces comme autant de scintillements, comme autant de feux follets dans les existences.

Les animaux qui surgissent au gré des mots de ces histoires sont des personnages fabuleux. Ils font corps pour l'un des leurs face à la main cruelle de l'homme, ils permettent aux humains de s'écouter l'un l'autre au lieu de hurler pour se faire entendre ou aux enfants de rêver et de poser un regard travesti sur le monde. Ils sont compagnons espérés, magiciens faisant disparaître la solitude ou messagers d'un monde meilleur qu'il ne tient qu'à l'homme d'écrire en devenir.

De multiples petits textes comme autant de paraboles, de réflexions déguisées sur le monde, les rapports entre les êtres, entre la nature et l'homme. Des mots cotonneux ou épineux pour caresser ou pour griffer, pour donner à voir que le monde pourrait être plus beau, les relations plus apaisées, il suffirait juste d'en avoir le désir, d'aspirer à le construire plus confiant, plus attentif à l'autre, à ce qui fait paysage.



J'avais été très émue du premier livre lu de cet auteur "Là où vont nos pères" et j'étais impatiente de retrouver son talent.
Ce livre est un bijou, un trésor précieux par ce qu'il partage, par ce qui s'évapore des phrases, les histoires sont aussi belles que poétiques, le propos y est touchant, distillant l'émotion comme autant de frôlements d'ailes. Les dessins sont pourvoyeurs de rêves éveillés, sont guides des mondes imaginaires qu'il ne tient qu'à nous de visiter.
Alors, oui, il est estampillé "littérature jeunesse", mais il est à partager entre jeunes et plus âgés, comme un secret, comme un discours qu'il faut répandre. En chacun demeure une fibre de l'enfance, un fil même très mince, même transparent mais qui permettra de s'attacher à ces pages, à ces mots faisant en sorte que ce livre fasse palpiter les émotions, se peindre les sourires ou faire sourdre quelques larmes…


Il est des auteurs qui parlent au plus profond de l'intime, qui font vibrer les cordes les plus enfouies de la sensibilité, qui chuchotent les mots qui ébranlent, qui bousculent pour rendre meilleurs, les rencontrer, les croiser se reçoit comme un cadeau précieux. Pour moi, vous êtes de ceux-là, Monsieur Shaun Tan et pour cela je suis pleine de gratitude envers vous.
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