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Critique de Yvan_T


J'ai eu le bonheur de lire un jour une oeuvre de Jirô Taniguchi et depuis, il y a quelque chose en moi qui me pousse à acheter ses autres oeuvres, parfois sans même savoir de quoi ça parle. Alors que pour d'autres auteurs je scrute d'abord les chroniques, les forums et les résumés afin d'être certain de mon achat, j'achète les oeuvres de Jirô Taniguchi les yeux fermés. Que Jirô Taniguchi parle de sa belle-mère ou de la cuisson d'un grain de riz, ça m'est égal, car je sais qu'il parviendra à le faire de façon magistrale.

Bizarrement, Casterman, après avoir publié "Quartier Lointain" et "Le Journal de mon Père" dans le sens de lecture français dans leur collection ‘Ecritures', publie "L'homme de la Toundra" du même auteur dans le sens de lecture japonais dans cette collection ‘Sakka'.

L'homme de la Toundra est composé de six nouvelles, pour lesquelles Jirô Taniguchi s'est inspiré d'oeuvres littéraires existantes. Dans la première histoire Jirô Taniguchi rend d'ailleurs hommage au célèbre écrivain Jack London. Six histoires courtes dont la plupart vont confronter l'homme à la nature.

1. L'HOMME DE LA TOUNDRA :
En 1897 dans le grand nord, deux chercheurs d'or, dont Jack London, vont chasser un gibier devenu rare afin de subvenir à leurs besoins. Surpris par le blizzard, ils devront leur salut à l'intervention d'un vieil indien Karnaato qui leur parlera d'un ancien mythe de son peuple.

2. LE GRAND OUEST BLANC :
En Alaska, deux hommes et leurs six chiens de traîneau sont poursuivis jour et nuit par une meute de loups affamée.

3. NOS MONTAGNES :
Au Japon dans les années 20, au sein d'un village ‘Matagi' (chasseurs d'ours), un grand-père pleure son fils, mort dans les griffes d'un ours solitaire. Quand quelques années plus tard, le roi de la montagne refait surface, le vieux Gunpachi a une revanche à prendre sur le destin.

4. KAÏYOSE-JIMA, L'ILE OU ACCOSTENT LES COQUILLAGES :
Le petit Takashi, dont les parents viennent de divorcer, se voit confié à son oncle pendant les vacances d'été. Loin de Tokyo il va lentement oublié sa tristesse et découvrir les plaisirs de ce petit village au bord de la mer. Lors d'une tempête, les courants marins vont le faire accoster sur la petite île de Kaïyosé-Jima en compagnie de Yae-Chan, une fille plus âgée.

5. LES APPARTEMENTS SHOKARO :
Un jeune mangaka loue un appartement dans une ancienne maison de passe. Plus tard, les planches qu'il y a dessinées sont le seul souvenir palpable qu'il garde de cet endroit jadis détruit par un incendie.

6. RETOUR A LA MER :
Un jeune chercheur suit une baleine à bosse, nommé Old Dick, depuis huit ans. Mais, au lieu de retourner vers le sud à l'approche de l'hiver, Old Dick se dirige vers le nord. le chercheur va-t-il découvrir le mystérieux 'cimetière des baleines' ?

Dans les trois premières histoires on retrouve cet affrontement entre la nature sauvage et les humains comme on a su l'apprécier dans le "Sommet des Dieux". Mais, plus qu'un dépassement de soi-même, ce sont plus des histoires de survie que Jirô Taniguchi va mettre en scène dans cette première moitié de l'album.

La première histoire va opposer la quête avide de chercheurs d'or aux valeurs de la vie et de la nature, représentés par ce vieil indien Karnaato. La seconde va opposer des aventuriers à la nature sauvage dans une course poursuite palpitante entre la nature et sa proie. La troisième va opposer l'intelligence du roi de la montagne à la détermination et à la sagesse d'un vieux Matagi.

La quatrième histoire est moins rude, même si la nature y joue un rôle conséquent. On y retrouve plus la sensibilité et le côté paisible et contemplatif de "Quartier Lointain" ou "Le Journal de mon Père". On retrouve également ce côté nostalgique dans la cinquième histoire, qui tranche fortement avec la trame du reste de cet album, car ce récit plus autobiographique va retracer les souvenirs d'un mangaka pour un endroit qui n'existe plus.

La dernière histoire replace l'homme face à la grandeur de la nature et retrace une merveilleuse histoire de complicité entre un homme et une baleine, qui ferait jalouser Jacques Cousteau.

Et que dire du dessin du maître mangaka qu'est Jirô Taniguchi ? Que ce soient les pleines glacées d'Alaska, les montagnes enneigées du grand nord, les petites îles paradisiaques ou les mers arctiques, ... avec le graphisme de Jirô Taniguchi c'est comme si on y était. Lorsque Old Dick jaillit de l'eau pour effectuer une dernière vrille on a presque tendance à tendre les bras et à reculer la tête pour ne pas être éclaboussé (déjà qu'on s'était pris le blizzard en début de tome). Splendide !

Même si la cinquième histoire nuit un peu à l'homogénéité de l'album, Jirô Taniguchi nous livre ici une fabuleuse tranche de nature pure et sauvage. Une nature dans toute sa grandeur que Jirô Taniguchi incite à écouter et à respecter plutôt qu'à combattre.

Quand la nature nous parle c'est Jirô Taniguchi qui traduit !
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