Au nom du père…
C'est la magnifique couverture de ce livre qui a attiré toute mon attention. Une photo de famille d'un père et son fils, puis j'ai vu le nom de l'auteur,
Jirô Taniguchi, et là, bien sûr, je n'ai plus hésité une seconde. Sa présentation léchée fait de ce livre un petit bijou. On le prend avec tendresse, on tourne les pages avec soin et on le hume pour en prendre entière possession. Sa vue sur ma table de chevet a empli mon coeur de joie et les quelques pages tournées chaque soir, juste avant de m'endormir, m'ont assuré des moments de bonheur car ce journal est un vrai plaisir pour les yeux et pour le coeur.
Jirô Taniguchi s'est inspiré de sa longue absence de sa ville natale, Totorri, pour écrire ce manga, l'histoire de Yoichi. A l'annonce du décès de son père, qu'il n'avait pas vu depuis 15 ans, Yoichi, retourne sur les lieux de son enfance. Durant la soirée de veillée avec son oncle et sa soeur, il va se remémorer tous les souvenirs malheureux qui ont contribué à creuser le fossé entre son père et lui. C'est à cause ou grâce à cette soirée de deuil qu'il va mesurer l'ampleur de la rupture et de son absence. Ses flashbacks guidés par sa famille vont lui révéler peu à peu que finalement son père n'était pas l'homme qu'il croyait être : un homme distant et silencieux comme lui ?
Cette rétrospective est très touchante et émouvante par sa justesse. Elle nous plonge dans une histoire submergée par des sentiments divers comme le doute, l'incompréhension, la tristesse, la surprise mais surtout l'Amour. Nous suivons le cheminement de ce petit garçon qui devient adulte et comprenons la vision qu'il porte sur ses parents avec son lot d'erreurs, de jugements, de maladresses, parce que la communication ne passe plus ou parce qu'il lui devient impossible de faire le premier pas.
Le dessin des personnages, d'une très grande finesse, m'a émerveillé tout au long du récit. On entre de plain-pied dans la vie traditionnelle japonaise, la place du père au sein de la famille, la pudeur maternelle et les valeurs d'un pays souvent fragilisé par les catastrophes naturelles.
Le Journal de mon père ou comme un rendez-vous manqué.
Quand il est trop tard pour dire je t'aime, il ne nous reste plus que les regrets…
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