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Critique de GabySensei


Voici une nouvelle traduction de ce grand classique de la littérature japonaise. L'ancienne traduction de René Sieffert est très bien mais celle-ci vient apporter des nuances supplémentaires qui m'avaient échappées à la première lecture de ce livre. En fait les deux traductions sont très bien et on peut dire qu'elles se complètent sans que l'une soit supérieure à l'autre. D'ailleurs comme je ne lis pas le japonais, je vois mal comment je pourrais juger de leur mérite respectif. Tout ce que je peux dire c'est que Louange à l'ombre et Éloge de l'ombre ne sont pas tout à fait le même texte. le mieux est encore de lire les deux !

Tanizaki tente de mettre en lumière dans ce court essai ce qui est spécifique à l'esthétique japonaise. Pour cela il fait preuve d'une grande érudition en matière d'art et d'architecture. Ses descriptions de l'art de vivre "à la japonaise" son magnifiques. Ses investigations l'amènent à considérer que c'est le goût de l'ombre qui définit l'essence de l'esthétique japonaise. Selon lui, le goût de l'ombre définit la façon dont les japonais construisent leur maison, leur façon de peindre, de confectionner des vêtements... le passage sur les toilettes japonaises me restera longtemps en mémoire. Il est emblématique de la façon dont Tanizaki raisonne. En mêlant le trivial, l'érudition et le futile, avec une plume précise et imagée, il nous donne à voir un aperçu de la singularité culturelle du japon.

Il est aussi intéressant de relire ce texte 85 ans après sa parution car on peut voir là où Tanizaki s'est trompé avec le recul. Il oppose fréquemment dans le livre l'occident qui éprouverait un gout immodéré pour la lumière, avec l'orient qui préférerait l'ombre. En fait il serait plus judicieux d'opposer les sociétés traditionnelles à la modernité. L'occident comme le Japon ont été profondément chamboulés par l'apparition de l'électricité. Même si l'auteur défend l'éclairage avec des anciennes lanternes pour la qualité de leur clair-obscur, en fait il n'y a pas de retour en arrière possible. En fait l'occident entretient lui aussi une longue tradition avec l'ombre et l'obscurité. Il a juste été confronté avant le Japon au phénomène électrique, mais toutes les sociétés sont fascinées par la lumière. Il n'y a qu'à voir la débauche de lumière dans les villes japonaises actuelles.

Avec le recul, on peut donc dire que le goût pour l'ombre n'est pas plus spécifique aux japonais qu'autre chose. Mais il reste le Talent indiscutable de Tanizaki pour nous le faire croire, et c'est un plaisir de lecture dont il ne faut surtout pas se passer !
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