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Critique de Davalian


Publié à l'occasion du 90ème anniversaire de la fin de la Grande Guerre, Putain de guerre s'intéresse aux années 1914-1916 et offre un récit mémoriel assez déconcertant.

Jacques Tardi s'est associé à Jean-Pierre Verney pour produire un album atypique. Nous touchons ici aux limites de la bande dessinée. La mise en page est particulière : il faut compter trois panoramas par planche avec un texte assez abondant. Il y a une certaine articulation entre les deux, mais le plus souvent cette présentation donne l'impression de faire défiler des petits tableaux commentés.

Ce manque de dynamisme est assez déroutant, il donne l'impression d'être une synthèse malheureuse entre explications et images. Par ailleurs, en fin d'ouvrage du texte attend encore le texte. le seul mérite de ce discours se limite à la mise en page façon journal et les photographies. Tout ce qui est développé dans l'album ne brille pas par son originalité sinon par la volonté assumée de contester tout ce qui s'est fait pendant cette période douloureuse. L'orientation pacifiste rend impossible toute démarche historique… pourtant les auteurs tentent de jouer cette carte là.

Il est difficile d'entrer dans le récit. le protagoniste que l'on nous propose de suivre est trop formaté. Il s'agit d'un jeune homme mais dont les réflexions trahissent la main et les réflexions de quelqu'un qui comprend les événements avec une vision politique très orientée.. Autant dire qu'il n'est pas ici question d'histoire mais de contestation et de revendication.

Certaines pistes sont intéressantes mais elles finissent invariablement par se heurter à cette approche trop partisane. Ainsi, l'insertion de l'argot est une idée riche mais contrebalancée par le recours trop fréquent aux insultes, certaines sont banalisées (boche) alors qu'elle comporte une violence plus grande que d'autres. Amalgames et approximations historiques sont trop nombreux pour faire de cet album quelque chose de sérieux. Pour enfoncer le clou, l'on nous offre même une référence en verlan !

Il faudra également adhérer au style graphique. Les dessins sont assez particuliers. Très honnêtement, certains donnent l'impression d'avoir été composés par un enfant talentueux, mais certainement pas par un professionnel du crayon. Les proportions, notamment posent question. Plusieurs scènes sont à la limite du soutenable et il est évident que Tardi a lourdement insisté sur certains détails scabreux. le pas du glauque et du gore est franchi nous laissant avec un profond sentiment de malaise. Assurément l'on ne sort pas indemne de cette lecture…

La démarche peut plaire ou déplaire et susciter des positions bien campées. Ce premier album a donc le mérite de permettre un débat. Il est toutefois fortement recommandé aux moins informés sur la période de passer leur chemin et de revenir un peu plus tard, tant l'approche est partisane et orientée.
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