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Critique de Allantvers


J'avoue un plaisir un peu sadique à lire les chroniques de fin d'un monde, de la décadence fin de règne et la déchéance d'une élite : Les von Trotta de Joseph Roth, le guépard de Lampedusa, Les Buddenbrook de Thomas Mann, les riches oisifs d'Henry James et Fitzgerald.. et maintenant les Amberson. Plaisir sadique d'autant plus assumé ici que la déchéance de la famille est incarnée par son dernier rejeton, qui est le personnage le plus imbuvable, vaniteux, pédant, borné que j'ai jamais rencontré.
Tarkington n'y va pas de main morte pour dessiner la déchéance de la famille, entraînée par ce sombre cuistre depuis son statut de quasi déité locale jusqu'aux bas-fonds évoquant le salaire de la peur de Georges Arnaud! Enfermé dans sa vision compassée du monde où les plus riches sont installés pour toujours à leur place comme la terre au centre de l'univers, Wildur Amberson n'a rien vu venir de ce monde qui bouge à toute allure aux Etats-Unis dans le dernier quart du 19ème siècle, l'industrialisation qui fait de nouvelles fortunes, l'immigration et l'urbanisation galopante qui bouleverse l'équilibre des pouvoirs et des valeurs, au point qu'un Amberson flambloyant un jour se retrouve le lendemain sans rien. Et pourtant les signaux n'ont pas manqué, à commencer par le vent d'indépendance qui souffle dans l'esprit de la belle qu'il convoite et surtout la géographie de la petite ville sur laquelle règne encore en 1870 les Amberson , qui reflète les avancées sociétales et économiques de l'Amérique capitaliste au point de grignoter un à un les signes de leur splendeur.
La démonstration est peut-être un peu trop appuyée mais n'en est pas moins redoutablement efficace : il y a des lieux et des moments dans l'histoire où tout bouge à toute vitesse, et celui qui reste sur place, tout puissant qu'il soit, finit par tomber.
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