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Critique de ggrosjean


Voilà un roman qui mérite une critique, tellement il est surprenant, déroutant. Je lui donnerais volontiers un autre titre : "Chronique d'un drame annoncé". J'en avais attaqué la lecture un peu par hasard, et les premières pages m'avaient plu parce que je constatais que l'auteur avait une approche intéressante des comportements humains.
Oui mais, ça devenait bien vite du genre "tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil". Alors, je suis venu voir sur BABELIO, les critiques déjà présentes, pour décider si j'en continuais la lecture. J'ai vu qu'il fallait en lire une moitié avant d'entrer "dans le vif du sujet". Bon, s'il en est ainsi, lisons ! Mais alors, c'est long, c'est ennuyeux ! Et comme, après la lecture de ces premières pages, on est revenu en arrière pour suivre la vie de l'héroïne, Malory, "avant le drame", on sait qu'il va venir, ce drame, et il n'arrive toujours pas ! Au lieu de cela, on passe, par exemple, plusieurs dizaines de pages à assister à la préparation de la fête nationale, qui est une occasion d'une fête de famille, on apprend tout sur la préparation du plat qu'on nous dit typiquement américain, la salade de pommes de terre, on suit Malory, qui délaisse la préparation de sa salade de pommes de terre pour passer un moment avec ses enfants qui, bien sûr, sont les plus beaux, les meilleurs ( faut-il vraiment que des enfants soient blonds aux yeux bleus, pour être les plus beaux, les meilleurs, pour une maman ) elle va s'habiller pour la fête, et... ô surprise, on passe après la fête, au paragraphe suivant ! Privé de fête il sera, le lecteur, na, ça lui apprendra à vouloir savoir quel est ce "drame" avant que l'auteur l'ait décidé ! Ces exemples pour dire qu'on ne peut vraiment pas prendre tout ça au sérieux, et je m'attendais à un "drame" aussi peu crédible que dans tant de feuilletons télévisés.
Oui mais voilà, si, dans la vie, on ne sait jamais d'avance qu'un drame va arriver, là on était peut-être prévenu, mais il n'empêche que, quand il arrive, ce drame, aussi imprévu et brutal que dans la réalité, le bouquin change du tout au tout. On est bien loin des drames que j'évoquais, dans les feuilletons télévisés, qui me donnent envie de dire "oh le pauvre, comme il a l'air malheureux...". Là, l'écriture devient très forte, on vit le drame avec Malory, tout est juste, plausible, les comportements de Malory et de ses proches sont très bien vus, chacun réagissant avec sa personnalité, les questions que se pose Malory sont pertinentes. Est-ce que c'est le cerveau qui fabrique le retour des êtres aimés sous une forme humaine quand leur présence devient nécessaire, ou bien certains lieux, comme leur maison qu'elle avait aimé dès qu'elle l'avait vue, seraient propices à ce retour ? Quelle faute a-t-on pu commettre pour mériter ça ? Quelle est la puissance d'un Dieu qui permet que de tels drames surviennent ? Et d'ailleurs, ce Dieu existe-t-il vraiment ? L'apathie qui envahit progressivement Malory est très bien décrite, apathie qui l'amène jusqu'à perdre même l'envie d'en finir avec la vie. le paragraphe décrivant les propos que lui adresse sa belle-mère quand elle estime qu'il est temps de l'obliger à réagir, pourrait être enregistré pour être repris tel quel par qui que ce soit en face d'une personne déprimée et qui n'arrive pas à "refaire surface" après un drame.
Et puis, l'intérêt du livre retombe à partir du moment où il ne s'agit plus de drame, on revient au genre "tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil". On plonge même dans l'invraisemblable à partir du moment où l'auteur invente à Malory un moyen de s'en sortir. Elle veut nous faire croire que Malory s'en sort parce que, du jour au lendemain, elle trouve une idée de génie avec la création d'une affaire, qu'elle réalise sans rencontrer aucune difficulté, avec un succès toujours grandissant alors que le lieu est un coin perdu du Connecticut, bref, elle lui invente des conditions aussi idéales qu'irréelles. Et elle veut nous démontrer que Malory s'en sort, en ne se réalisant que par le travail ! Non, telle qu'elle nous la décrit, Malory ne s'en sort pas, elle ne parvient pas, selon l'expression consacrée, à "faire son deuil" puisqu'elle refuse d'envisager de pouvoir à nouveau aimer, elle refuse d'avoir d'autres enfants, les siens étaient trop parfaits, et on comprend à la dernière page pourquoi l'auteur nous la maintenait dans cet état, elle voulait finir son roman sur une belle image, tellement invraisemblable dans le contexte, qu'elle donne envie d'ajouter, comme à la fin des contes de fées "ils vécurent heureux et ils eurent beaucoup d'enfants..."
En conclusion : 300 pages à lire pour en trouver 50 d'intéressantes ! Tout se passe comme si l'auteur ne savait parler que de drame. Pourtant, même s'il est vraisemblable qu'il y a une part d'autobiographie, elle n'a tout de même pas vécu qu'un drame dans sa vie !
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